Mais où sont passés les œufs à Ouaga ?

Burkina Faso : Mais où sont passés les œufs à Ouaga ?
Burkina Faso : Mais où sont passés les œufs à Ouaga ?

Africa-PressBurkina Faso. À Ouagadougou, 2300 FCFA ne suffisent plus aux grossistes en échange d’une plaquette d’œufs. Désormais, chez plusieurs fermiers, il faudra débourser au moins 2600 FCFA pour repartir avec. Une situation qui pénalise les détaillants qui n’arrivent plus à se faire des bénéfices.

Difficile pour eux, en effet, d’augmenter le prix de l’œuf qui est fixé à 100 FCFA. Conséquence, la vente en détail ne marche pas comme avant et les œufs de poule se font de plus en plus rares dans la Capitale burkinabè.

Lundi 18 janvier 2021. Il est 16h lorsque nous enfourchons notre motocyclette. Direction, quartier Koulouba de Ouagadougou. Nous garons en face de chez Richard Oubda, boutiquier de commerce général au célèbre marché « Zaabr-Daaga » jouxtant l’Avenue Kwamé N’Krumah.

Depuis mi-décembre 2020, le gérant de la boutique « Chez Oubda » n’arrive plus à renouveler son stock d’œufs à cause d’une rupture qui ne dit pas son nom. Pendant notre passage dans son échoppe, il ne lui restait que six œufs à vendre.

Il y a trois semaines que son ravitailleur ne gare plus devant la boutique. Le commerçant frisant la quarantaine craint que le prix de l’œuf n’augmente si les choses ne changent pas.

« Les poules ne pondent-elles plus ? », se demandent plusieurs habitants des quartiers Karpala, Kalgodhin, 1200 logements, Koulouba, Dassasgho, Kamsonghin et Saint-Léon que nous avons parcourus.

Sur un total de 20 boutiques dans ces quartiers, seules trois ont encore quelques œufs à vendre. Et même là, il s’agit des dernières plaquettes qui restent, avouent leurs propriétaires. A la question de savoir ce qui pourrait expliquer cette situation, les avis divergent.

Cédric Ouédraogo, lui, est fermier à Koubri. Cette rareté des œufs s’explique, selon lui, par le fait que certaines fermes n’ont plus assez d’œufs. Il fait allusion au renouvellement des poules pondeuses. « Une partie de ces poules n’est pas encore en âge de procréer », affirme celui qui a une ferme composée de pintades et de poulets forte d’environ 2.500 têtes.

Ce qui amène les fermiers à trier leur clientèle en ne vendant qu’aux « gros clients » et aux clients fidèles, moyennant un prix en gros revu légèrement à la hausse, poursuit le jeune de 28 ans et patron de la ferme « Zoungrana ».

Cédric confie que l’effectif des poulets a baissé après les fêtes de fin d’année et qu’il a à peu près 60 plaquettes d’œufs en stock qui seront vendues aux clients choisis. Il vend la plaquette à ces derniers à 2.600 FCFA.

Sur l’avenue Houari Boumediene aux 1200-logements, nous croisons le chemin de Souleymane Ouédraogo, coursier au restaurant « Le panini » spécialisé dans la fabrication du « pain anglais », aliment dont l’œuf est l’un des constituants principaux.

« Souley », comme ses collaborateurs l’appellent affectueusement, revient de chez sa fournisseuse d’œufs avec une quantité de 20 plaquettes à l’arrière de sa motocyclette. Chaque plaquette lui a coûté 2600 FCFA. Souleymane Ouédraogo dit ne pas être sûr que ces plaquettes tiennent pour longtemps. Le restau est obligé de faire avec…

Mais le COVID-19 n’a-t-il rien à voir dans cette situation ? En France par exemple, pendant le confinement, les Français ont beaucoup cuisiné à base d’œufs, rapporte FranceTVinfo, à tel point que les rayons des supermarchés se vidaient plus vite que d’habitude.

Et face à la pénurie d’œufs qui se profilait à l’horizon, bon nombre de personnes ont installé des poulaillers dans leur jardin et acheté des poules. Une tendance qui se poursuit, même après le déconfinement dans l’Hexagone. Josué TIENDREBEOGO (Stagiaire)

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