Burkina/Promotion de la culture et des arts : Et si les photographes s’impliquaient !

Burkina/Promotion de la culture et des arts : Et si les photographes s’impliquaient !
Burkina/Promotion de la culture et des arts : Et si les photographes s’impliquaient !

Africa-Press – Burkina Faso. Les lampions se sont éteints sur la 20e édition de la Semaine nationale de la Culture, le 6 mai 2023, sur une note positive, même si quelques problèmes d’ordre organisationnel ont été relevés ça et là. Cette SNC marquée du sceau de la résilience est un énième indice de la fréquentabilité du Burkina, malgré l’insécurité et la vie chère. Cette image du Burkina debout malgré les “orages intérieurs”, doit aussi être l’affaire des photographes burkinabè. Au-delà de l’événementiel, les chasseurs de l’instant peuvent/doivent s’investir à mieux vendre le Burkina en un clic. Pourquoi ne pas leur dédier une lucarne à la SNC ?

La photographie est un art à mi-chemin entre le troisième art (peinture et dessin) et le septième art qu’est le cinéma. La photographie parle, elle crée des émotions. Elle a le pouvoir d’ennoblir le démuni, de plonger le ponte dans une profonde méditation et de nous renvoyer en pleine figure nos actes et omissions. La photographie est un langage accessible à tous ceux qui sont capables d’ouvrir leur esprit, leur cœur, leurs bras, leur sourire à l’instant. Dans le contexte difficile du Burkina Faso, la guerre contre le terrorisme ne doit pas qu’être militaire. Elle doit aussi se faire à travers l’image.

Petite mise au point. Il ne s’agit pas de faire la guerre à travers des montages grossiers que même un enfant pourrait démonter d’un simple coup d’œil. La guerre doit plutôt se faire à travers des images de Burkinabè dans leur quotidien. L’environnement dans lequel se trouvent les Burkinabè est important, car il donne des informations sur ce qui les rend humain. Leur cadre de vie, leur lieu de travail – le champ, l’atelier de mécanique ou de tissage, le bureau – tout a du sens. C’est cela la photographie humaniste, un courant privilégiant la personne humaine, sa dignité, sa relation avec son milieu. “L’objet de la photo, l’homme et sa courte vie, si frêle, si menacée », résume Cartier Bresson.

Photographier les Burkinabè dans leur quotidien, leur environnement, revient à se rapprocher d’eux, non avec un air prétentieux et condescendant, mais plutôt avec de la sensibilité, de la patience et de l’humanisme. Il s’agit de ne plus prendre des photos de façon mécanique, mais de côtoyer le sujet, discuter avec lui/elle, d’apprendre à mieux le/la connaître afin de trouver le bon moment, le bon profil pour capturer l’instant sans artifice. Les gens aiment se voir en image.

La photographie peut donc nous aider dans le contexte actuel à nous enseigner, à nous montrer sous d’autres coutures, à réapprendre à nous aimer, à ne pas avoir peur de l’autre par ignorance ou méconnaissance, à nous rendre fiers, bref, à nourrir l’humanité en chacun de nous. C’est ce rejet, ce manque d’humanisme qui est un peu la cause de toutes les difficultés que nous traversons.

L’Etat burkinabè à travers le ministère de la Culture et des arts pourrait offrir une lucarne aux photographes burkinabè ou accompagner les initiatives privées qui promeuvent la photographie. Il ne s’agira pas de présenter des œuvres en compétition, mais d’exposer les œuvres photographiques sur nos cultures, leurs personnages, instruments et environnements lors de grands événements comme la Semaine nationale de la Culture. Bien que figée, la photographie est aussi captivante qu’un tableau de peinture ou une sculpture en bois ou en bronze. Les photographes de l’événementiel devraient apprendre à cultiver un autre regard que celui des strass et paillettes.

Les œuvres photographiques peuvent à l’occasion d’une tournée dans les grandes villes du pays, êtres exposées dans des écoles et universités avec des échanges entre les photographes, élèves et étudiants à la clé. C’est aussi à cela que doit servir la SNC. Après les récompenses, que deviennent les lauréats des différentes catégories du Grand Prix national des arts et des lettres ? Beaucoup se cherchent entre deux éditions et ne bénéficient pas assez d’espace de promotion alors que le ministre pourrait organiser des caravanes au profit par exemples des meilleures troupes en danse traditionnelle et chorégraphique et en arts plastiques.

Que les choses soient claires. La photographie n’arrêtera pas la guerre pas plus qu’elle ne nous ramènera ceux qui ont choisi de jeter la pierre sur la mère patrie. Mais elle aura le mérite de nous montrer que même si nous sommes différents par la taille, le teint, l’âge, le sexe, la religion, la classe sociale, eh, bien nous naissons d’une femme, marchons sur la même terre et avons la même couleur de sang dans nos veines. Bref, que nous sommes Burkinabè. C’est vital.

Fredo Bassolé

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