Découverte du Nayala : La province regorge d’énormes richesses culturelles et touristiques

Découverte du Nayala : La province regorge d'énormes richesses culturelles et touristiques
Découverte du Nayala : La province regorge d'énormes richesses culturelles et touristiques

Africa-PressBurkina Faso. La province du Nayala regorge diverses potentialités culturelles et touristiques. C’est du moins l’avis du directeur provincial de la Culture, des Arts et du Tourisme. Au cours d’un entretien, Hamidou Sidibé nous raconte les merveilles de la zone.

: Quel est le potentiel artistique de la province ?

Hamidou Sidibé : Le Nayala a un potentiel artistique très vaste qui n’est pas suffisamment exploité à notre avis. En matière d’art, vous avez des peintres. Ils produisent des œuvres d’arts. Nous avons également beaucoup de sculpteurs dans les villages autour de Toma. Nous sommes aussi dans une grande zone de masques. J’ose dire que nous avons les masques les plus beaux du pays. Ils sont produits ici sur place. En matière d’art, nous n’avons pas beaucoup à envier aux autres.

Quels sont les sites touristiques majeurs de la province ?

Nous avons beaucoup de sites touristiques. Lorsque nous nous sommes installés, on a pu répertorier 21 sites potentiels. Ce sont des sites originaux. Nous avons le puits des teinturiers de Kougny. C’est un puits plusieurs fois centenaire, un vrai site touristique, très original. On y produit de la teinture et à base de cette teinture, on a un Faso Dan Fani original qui est connu comme étant le pagne de Kougny et qui va au-delà de nos frontières. On a les grottes de Gossina entourées de toute une mythologie, très intéressante. Il y a le tunnel d’extraction de fer de Sèbèrè où l’on produisait du fer de manière artisanale. C’est très ancien. Ces sites ont été valorisés sur le plan national, dont celui de Sèbèrè à quelques kilomètres de Toma.

D’autres sites !

On a le campement de Leri qui est très moderne. Difficilement accessible aujourd’hui à cause de la situation sécuritaire. Nous avons à Toma ici le caveau du premier catéchiste du Burkina. Nous avons la cathédrale de Toma qui est l’une des plus anciennes, pas seulement du pays, mais de la sous-région. Nous avons le centre Maria. Ce sont des œuvres catholiques très anciennes. Nous avons aussi le rond-point à l’effigie du premier chef de Canton de Toma, Issa Paré.

Comment se fait la gestion des sites touristiques ?

Pour la gestion, les sites de Toma appartiennent pour la plupart à l’église catholique. C’est un bien privé. Les sites comme le tunnel d’extraction de fer de Sèbèrè sont des institutions familiales. C’est pareil pour le puits des teinturiers de Kougny qui appartient à des familles. Elles n’ont pas forcement la notion d’organisation, de gestion des sites touristiques. Nous avons échangé, il en ressort qu’ils ont besoin de beaucoup de renforcement de capacité afin de rendre ces sites attractifs et productifs.

Quelle sont les difficultés rencontrées au niveau touristique ?

Pour aller vers un site, il faut qu’il y ait une piste pour y accéder. La plupart des sites sont enclavés. Ils sont difficiles d’accès. Il y a un besoin criard de route pour accéder aux sites qui sont en profondeur. Il faut aussi organiser le personnel, former les propriétaires de ces sites à la gestion, à la conservation et à la promotion de ces sites.

Vous avez sans doute aussi des manifestations culturelles…

Nous avons en plus de ces sites touristiques répertoriés, de grandes manifestations culturelles. Certaines sont presque millénaires. Il y a donc urgence à les contenir et à les promouvoir. Nous avons le Mossobadoro qui est une manifestation culturelle du pays Dafin, de Zaba. Beaucoup l’ont découvert récemment à la télé. C’est une fête ancestrale qui magnifie la femme. Il y a ce qu’on appelle le Zonkoro qui est une fête populaire qui se passe à Gassan. Ça se passait aussi à Dii. Il semble que Dii a arrêté depuis quelques années. Pour que ça ne disparaisse pas, il y a urgence à revaloriser ces fêtes culturelles.

Sur le plan musical et de la danse, on entend très peu parler de la province !

A Yé nous avons un jeune fonctionnaire qui fait de la très bonne musique. Il vient de mettre son premier opus sur le marché. Il y a aussi des traditionalistes qui sont entrain de valoriser la musique traditionnelle, ici à Toma. Il y a une association qui valorise les pas de danses féminines traditionnelles. Chaque année, ils ont un festival qui fait la promotion de ces danses qui avaient pratiquement disparues. Ils ont ressorti cela et sont en train de les valoriser. Ils ne sont pas suffisamment médiatisés.

La lutte, c’est un sport et elle est aussi une expression culturelle !

La lutte est à mi-parcours entre le sport et la culture. De ce fait, nous nous sentons intéressés. Il y a beaucoup de championnats anonymes en dehors des officiels. Le pays San regorge de championnats. Toutes les occasions donnent lieu à de la lutte : les funérailles, les baptêmes, les fêtes. C’est vraiment encré dans la culture San. La plupart du temps, nous sommes associés à toutes ces activités.

Revenons aux manifestations culturelles. Quels sont les activités phares de la province ?

Il y a un site particulier qui me vient en tête. C’est l’arène de lutte de Biba. C’est vraiment atypique. J’ai eu l’occasion d’approcher le chef qui, semblerait-il, réside à l’extérieur mais chaque année, à l’occasion des championnats de Biba, il revient. Il y a le Soû qui est une fête des masques observée à Gossina. On trouve qu’il y a urgence à conserver et à promouvoir cette fête parce qu’il y a beaucoup d’activités autour de cette manifestation liées à la culture, liées à l’identité San et qui recèlent des valeurs aujourd’hui universelles telles que le pardon, la cohésion, le vivre ensemble. Dans ce village de Gossina, on a découvert un masque qu’ils appellent « masque mosquée ». Il porte les effigies d’une mosquée. Vous voyez le trait d’union entre les musulmans et les animistes. Ce sont des éléments qu’il faut conserver et valoriser à tout prix. Il y a beaucoup d’autres manifestations culturelles.

On ne peut parler du Nayala sans parler d’arène

Nous étions ensemble l’année passée lors d’un championnat de Biba. C’était une arène aride. Il n’y a pas un seul grain de sable là-dessus. Il est caillouteux et moi pendant qu’on était dans la foule, je cherchais l’arène et finalement j’ai demandé au chef où cela se trouvait. Il me dit que c’est sur cet espace caillouteux et qu’il n’y aura pas d’accident. Il dit que c’était ainsi depuis plus de cent ans. Le chef a dit que lui-même a tellement tourné dans le monde, mais il n’en a jamais vu de pareil. L’arène de Biba est atypique. C’est un trésor, un joyau touristique et culturel qu’il faut pérenniser.

Comment résoudre les problèmes soulevés plus haut ?

A l’endroit du Conseil municipal, c’est d’attacher davantage de sérieux à la gestion du tourisme et de la culture dans le Nayala. Le Nayala est l’une des provinces les plus culturellement et touristiquement riches du Burkina. Il suffit d’un coup de pouce, pas forcement de l’argent, de l’argent, mais pas seulement, pour réorganiser tout et rendre le Nayala très attractif.

Le Conseil municipal a un grand rôle à jouer là-dessus. C’est un rôle de sensibilisation, un rôle de formation, un rôle de financement. J’en appelle au maire et à son Conseil pour qu’ils portent plus d’attention à ce secteur parce qu’on voit qu’à travers le monde, il y a des pays qui vivent plus de culture que d’autre chose. Ce n’est pas impossible ici non plus.

 

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