Africa-Press – Burkina Faso. La commune de Pouni, en partenariat avec la Cellule d’appui à la décentralisation et à la participation citoyenne (CADEPAC), a inauguré ce vendredi 10 octobre 2025 l’école écologique et durable de Villy-Moukouan. Cette infrastructure moderne, érigée au cœur du village, symbolise la volonté conjointe du Burkina Faso et de la coopération suisse de promouvoir une éducation de qualité à travers des infrastructures respectueuses de l’environnement.
Villy-Moukouan est un village de la commune de Pouni, dans la province du Sanguié, région du Nando, ex-Centre-Ouest. L’école a été conçue et réalisée par l’architecte burkinabè de renommée internationale Francis Kéré, connu pour ses constructions alliant durabilité, esthétique et adaptation au climat local. Composée de trois salles de classes, de bureaux et d’espaces verts, l’infrastructure se distingue par l’utilisation de matériaux locaux et une conception bioclimatique favorisant la ventilation naturelle. Le coût global de cette réalisation est d’environ 153 millions de francs CFA.
La construction de cette école entre dans le cadre de la troisième phase du Programme d’appui à la décentralisation et à la participation citoyenne (DEPAC 3), mis en œuvre pour la période de 2022 à 2026. Ce programme, financé par la direction du développement et de la coopération suisse, vise à renforcer la gouvernance locale et à améliorer l’accès équitable des populations à des services publics de qualité.
En effet, la direction du développement et de la coopération suisse a lancé avec le gouvernement du Burkina Faso, en 2015, le programme Décentralisation et participation citoyenne (DEPAC) pour une durée de douze ans. Le programme DEPAC a connu une première phase de 2015 à 2018 et une seconde phase de 2018 à 2022. Au vu des résultats atteints et des défis qui restent à relever, la direction du développement et de la coopération suisse a convenu du financement d’une troisième phase du programme pour la période 2022-2026.
Partenaire du Burkina Faso depuis 1977, la coopération suisse intervient dans plusieurs domaines, dont l’éducation et l’amélioration des services de base au niveau local. « Ce joyau inauguré ce jour est une source d’inspiration sur le type d’infrastructures éducatives innovantes adaptées à notre environnement. En contribuant à la construction de cette école, la coopération suisse invite tout le monde à penser autrement l’éducation. Cela par une approche holistique, intégrée, écologique et durable », a indiqué le représentant de la coopération suisse, Marcel Stoessel.
Pour le haut-commissaire de la province du Sanguié Germaine Ouoba, au-delà de l’infrastructure physique, cette école traduit la capacité d’innovation des acteurs locaux, leur volonté d’expérimenter des solutions durables et de valoriser les ressources locales.
« Cette initiative illustre parfaitement la dynamique de la maîtrise d’ouvrage publique locale totale (MOPL) promue par le ministère en charge de l’Administration et soutenue par le programme DEPAC, où les collectivités territoriales prennent le leadership du développement local, dans une logique de redevabilité, de participation citoyenne et de durabilité. Ces actions traduisent l’engagement de l’État à appuyer les collectivités territoriales dans l’expérimentation de solutions novatrices, adaptées à leur contexte et porteuses de résilience », a laissé entendre le haut-commissaire de la province du Sanguié.
Selon elle, la réalisation de cette école écologique et durable contribuera à l’atteinte des objectifs de « l’initiative présidentielle pour une éducation de qualité pour tous ». C’est un projet pilote, un modèle inspirant pour repenser la manière dont le pays conçoit et réalise ses infrastructures scolaires. « Elle ouvre des perspectives nouvelles pour la conception de nos infrastructures scolaires à travers une approche plus endogène, qui mobilise les savoir-faire locaux et les matériaux de proximité. Une démarche écologique, soucieuse de réduire l’empreinte environnementale. C’est enfin une dynamique participative, qui renforce l’appropriation communautaire et la cohésion sociale », a-t-elle notifié.
D’après Francis Kéré, maître d’ouvrage, le bâtiment est construit en sorte qu’il résiste aux inondations, au vent et au soleil. « Dans la réalisation de ce bâtiment, nous avons fait recours à ce que nous avons le plus. Nous avons la terre et la latérite. La terre est transformée en ce qu’on appelle bloc de terre comprimée. Il est utilisé pour construire un mur à l’intérieur et, dehors, nous avons utilisé la latérite taillée et coupée pour construire la façade. Donc, nous avons un mur qu’on appelle double mur. La latérite absorbe le soleil. La terre à l’intérieur régule le climat intérieur. Donc, nous avons des salles de classes confortables. Ce bâtiment va faire 20 ans, voire 30 ans sans maintenance. Sauf la ferraille qui sera changée parce que les enfants jouent parfois avec », a expliqué l’architecte. Il a invité les populations à bien entretenir cette infrastructure scolaire qui va servir pour plusieurs générations.
Pour le directeur de l’école, Amos Sawadogo, ce nouveau bâtiment est le bienvenu car il va permettre aux élèves d’apprendre dans de meilleures conditions. Aussi, en période de chaleur, ils seront à l’abri du réchauffement des classes qu’ils ont l’habitude de vivre en période de canicule.
Fils du village, Moussa Zongo dit être heureux d’avoir ce type de bâtiment scolaire dans son village. Il pense que cette infrastructure va beaucoup soulager les élèves mais aussi les enfants pendant la période de canicule. Selon lui, désormais, les élèves seront à l’abri. Il a terminé en demandant aux élèves de se mettre au sérieux pour étudier afin de rendre fiers leurs parents mais aussi les donateurs.
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