L’ADN d’éléphant, ça ne trompe pas : Nania, 3 ans, va retrouver sa mère

L’ADN d’éléphant, ça ne trompe pas : Nania, 3 ans, va retrouver sa mère
L’ADN d’éléphant, ça ne trompe pas : Nania, 3 ans, va retrouver sa mère

Africa-PressBurkina Faso. Une embellie de bonheur dans un monde de brutes ! D’habitude, quand on parle d’éléphants, c’est pour évoquer les méfaits du braconnage. Avec l’histoire de la petite Nania, il s’agit, au contraire, d’un merveilleux conte de fées qui pourrait s’intituler : « Là où il y a du gène, il y a de l’espoir. » Eh, oui ! L’espoir de retrouver sa mère et son clan.

Il était une fois, en septembre 2017, un éléphanteau de deux mois qui perd sa mère dans le parc national de Deux-Balé au Burkina Faso. Il a faim. Il a soif. Le voilà qui s’approche du village de Pama. Surprise des habitants ! Que vient-il faire là ? Les enfants lui donnent le nom de Nania qui signifie « Volonté » en dioula. Ne sachant pas comment le nourrir, les villageois le conduisent à l’unité de gestion de la forêt, située à Boromo. Une longue marche de dix kilomètres que Nania parcourt en chantonnant : « Un éléphant, ça trompe, ça trompe. Un éléphant, ça trompe énormément… »

16 litres de lait par jour

L’orpheline est installée dans un enclos de fortune. Les gardes se trouvent bien démunis. Une collecte permet d’acheter du lait. C’est que la petite goinfre a besoin de 16 litres de lait par jour. Plutôt que de l’envoyer dans un zoo, les gardes décident d’appeler à l’aide une organisation internationale installée dans le pays, réputée pour son travail en faveur des éléphants, la bonne fée IFAW (Fonds international pour la protection des animaux).

Nania, alors âgée de 2 mois, s’est égarée en septembre 2017 dans le parc national de Deux-Balé au Burkina Faso.
La directrice France & Afrique francophone, Céline Sissler-Bienvenue, accepte immédiatement de prendre en charge l’entretien et l’éducation de Nania. « Notre objectif est de lui fournir tout ce que sa mère aurait pu lui enseigner pour vivre dans un clan d’éléphants sauvages », explique-t-elle. Pour cela, quatre soigneurs se relaient jour et nuit auprès de l’éléphanteau, rémunérés par l’IFAW.

Des balades de plusieurs heures

On n’a pas idée, mais l’école de la vie sauvage vaut bien l’ENA. Pas moins d’une dizaine d’années d’apprentissage sont nécessaires. Namia a dû apprendre à se laver dans l’eau et la boue pour humidifier sa peau et se protéger du soleil et des insectes. « En ce moment, on lui apprend à reconnaître et à rechercher les bons fruits, mais aussi à prélever les feuilles d’acacia sans se faire piquer par les épines. Cela demande beaucoup de dextérité », poursuit Céline Sissler-Bienvenue. « Chaque jour, ses soigneurs l’emmènent effectuer des balades de plusieurs heures dans le parc pour le cartographier mentalement et savoir ainsi où trouver sa nourriture et les plans d’eau. »

Parallèlement à cette formation, Céline Sissler-Bienvenue se met en tête de retrouver la mère de Nania. Aujourd’hui, la génétique le permet. En effet, les bouses d’éléphants contiennent l’ADN de leurs producteurs. C’est ainsi que seize échantillons de fèces d’éléphant sont recueillis dans le parc de Deux-Balé et envoyés au centre de la biologie de conservation de l’université de Washington pour analyse génétique. En plus, bien sûr, des excréments de Nania. Une identification pouvait être espérée car, décimé par le braconnage, le parc national n’abrite plus que quelques dizaines de pachydermes.

Nania a été prise en charge par l’IFAW (Fonds international pour la protection des animaux).
« Elle ne barrit jamais »

Le verdict tombe quelques mois plus tard et c’est une heureuse surprise. Parmi les bouses collectées sur le terrain, plusieurs appartiennent à des membres de sa famille, très probablement sa mère, sa grand-mère et sa tante. « Même si on ne peut pas écarter totalement l’hypothèse d’une demi-sœur au lieu d’une mère, on veut croire au miracle », explique Céline Sissler-Bienvenue. Reste à localiser le clan matriarcal de Nania. Cela ne devrait pas être trop difficile, car la bouse de sa mère putative a été prélevée à deux cents mètres de son enclos.

Reste à savoir, si la mère reconnaîtra sa fille ? Céline ne sait pas quoi en penser : « Une telle expérience n’a jamais été tentée par le passé. C’est la toute première fois qu’un éléphanteau a été rééduqué à la vie sauvage, seul, sans autre congénère. Nous ne pouvons qu’espérer. » Pour l’instant, les rares fois où Nania a vu d’autres éléphants au cours de ses balades quotidiennes, elle a eu très peur de ces monstrueuses créatures. Et ce, d’autant plus qu’elle n’a pas eu l’occasion d’apprendre à parler l’éléphant. « Elle ne barrit jamais, » confirme Céline.

Le seul espoir, c’est que dans la savane et la forêt, les clans d’éléphants accueillent parfois des femelles étrangères. « Et si cela ne se produit pas pour Nania, au moins lui aurons-nous appris à se débrouiller seule dans la nature. »

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