Afrique-France : « Reconnaître que notre histoire commune n’est pas terminée »

Afrique-France : « Reconnaître que notre histoire commune n’est pas terminée »
Afrique-France : « Reconnaître que notre histoire commune n’est pas terminée »

Africa-Press – Burkina Faso. Comment réinventer les liens entre l’Afrique, la France et l’Europe au moment où le monde entre dans une nouvelle ère de questionnement de la démocratie, d’autoritarisme assumé, de populisme en expansion, de repli sur soi et de confiance ébranlée par des insécurités de toutes sortes ? Voilà un vaste programme qui conduit à s’immerger dans une relation complexe à tous points de vue, dans le temps, dans l’espace et dans l’imaginaire. Achille Mbembe et Rémy Rioux s’y sont attelés. Grand spécialiste des situations postcoloniales, co-initiateur depuis 2017, avec Felwine Sarr, des Ateliers de la pensée de Dakar, Achille Mbembe enseigne à l’université du Witwatersrand en Afrique du Sud. À la demande du président Emmanuel Macron, il a rédigé un rapport sur « les nouvelles relations Afrique-France : relever ensemble les défis de demain ». Rémy Rioux, directeur général de l’Agence française de développement (AFD), fort d’une trentaine d’années de hautes responsabilités au sein de l’appareil étatique français à la suite d’un parcours d’excellence républicaine (Normale sup, Sciences Po, Ehess, ENA), est auteur en 2019 de Réconciliations, dont l’une des idées phares est déjà, au-delà de « décoloniser le colonisateur », de se réconcilier avec soi et avec autrui. Ensemble, ils ont réfléchi et livré leurs idées Pour un monde en commun.

Le Point Afrique :

Pour un monde en commun ne faut-il pas d’abord mettre en place une histoire et une mémoire en commun ? Comment s’y prendre ?

Achille Mbembe :

Le fait est que nous avons un passé en commun, en tout cas la France et l’Afrique. Tout comme l’Afrique et les autres parties du monde, l’Europe en général, mais aussi les États-Unis et d’autres parties de notre planète. Ce passé, on ne peut pas l’effacer. Il existe objectivement. Cela dit, avoir un passé en commun ne veut pas nécessairement dire qu’on aura un futur ensemble. Ce passé, il faut savoir l’interpréter, sinon il est stérile, et ce futur, il faut savoir l’inventer. Ces deux tâches d’interprétation et d’invention sont au cœur de notre réflexion dans ce livre. L’interprétation suppose que l’on puisse partager un certain nombre de clés. Pour moi, comme je le pense pour Rémy Rioux, l’une de ces clés consiste à reconnaître que notre histoire commune n’est pas terminée. Et qu’au-delà de la simple lutte des intérêts, elle recèle d’énormes gisements de sens, à condition évidemment que nous sachions les identifier, ce qui exige un changement de regard. L’autre clé consiste à reconnaître que notre passé et surtout notre histoire future ne fera sens que dans la perspective du soin que nous accorderons au vivant dans son ensemble, et du souci que nous manifesterons à son égard.

Rémy Rioux :

Nous avons souhaité ce dialogue après plusieurs années de discussions non publiques, entre Achille et moi, pour comparer et combiner nos réflexions à partir de positions qui sont évidemment très différentes. Achille, depuis un point de vue académique, et moi, du côté des institutions et de l’action, et avec tous deux le désir d’une réinvention.

Nous avons un trait commun Achille et moi. Nous sommes tous deux historiens de formation et nous avons donc ce souci du temps long et du temps court. Nous sommes sensibles aux moments, à leurs profondeurs et à leurs promesses. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de prendre position dans un livre à ce moment très précis. Nous avons le sentiment qu’il se joue quelque chose maintenant sur la question du renouvellement de nos liens avec l’Afrique.

Je me suis rendu fin mars au Rwanda, un pays avec lequel nous avons re-tissé des liens forts à la faveur du quinquennat du président Macron. Avec la restitution des œuvres d’Abomey et le Sommet de Montpellier, la réconciliation avec le Rwanda est sans doute l’élément le plus visible, le plus fort de ce projet de réinvention. La demande est très forte du côté des autorités rwandaises de recréer des liens positifs, dans l’intelligence évidemment du passé, après la reconnaissance par la voix du président de la République en mai dernier de la responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis. Au Niger aussi où je me suis rendu cette semaine, à l’Université Abdou Moumouni en particulier, j’ai senti ce même désir de redéfinir les termes de notre relation. Et l’Agence Française de Développement, que je dirige, est un capteur et un acteur de ce moment.

#Niger Rencontre entre @RiouxRemy et les étudiants de @UAMNiamey sur les défis communs à l’Afrique et l’Europe et les nouvelles formes d’actions collectives pour agir en faveur d’un #MondeEnCommun.

Merci aux étudiantes et aux étudiants ! #DeveloppementDurable #DuCotéDesAutres pic.twitter.com/xhk59uhLY3

« Cette question autour de l’histoire et de la mémoire s’explique par le fait qu’il nous semble extrêmement important de partager la connaissance de cette histoire, de cette mémoire au niveau des élèves. Quelque chose se joue donc au niveau de l’éducation et de l’enseignement qui pourrait permettre aux nouvelles générations de prendre conscience de cette histoire, de cette mémoire commune… » Qu’est-ce

que cela vous inspire ?

R. R. :

C’était une proposition du rapport d’Achille Mbembé présenté lors du Nouveau Sommet Afrique-France de Montpellier du 8 octobre. Et plusieurs fois dans notre ouvrage, nous appelons à une reprise des études et de la recherche entre l’Europe et l’Afrique. Beaucoup d’initiatives sont d’ailleurs prises en ce moment même. Nous y avons récemment contribué en appuyant une toute nouvelle revue scientifique baptisée “Global Africa”, lancée à Saint Louis du Sénégal. Elle est publiée en français, en anglais, en swahili aussi. Pour en faire un tremplin, où Les publications de jeunes chercheurs africains et européens pourront y trouver leur place. Ces recherches nouvelles vont ensuite se diffuser, percoler dans les programmes scolaires. Au Niger par exemple, j’ai visité mardi une école à Birni N’Gaouré et j’ai constaté dans les manuels des enfants des chapitres sur l’histoire coloniale, sur l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest ou encore sur les politiques de développement de la sous-région. Nous ne partons donc pas de rien même si beaucoup reste à faire dans les années à venir pour que ce travail de vérité et d’histoire puisse aller le plus loin possible.

A. M. :

Un bon nombre d’expériences sont d’ores et déjà en cours même si elles ne sont pas souvent connues. Je pense par exemple a tout ce que fait la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage. D’autres pourraient être envisagées, et j’en parle dans le rapport remis au Président Emmanuel Macron dans le cadre du Nouveau Sommet Afrique-France. D’autres propositions ont été émises par Felwine Sarr et Bénédicte Savoy dans leur rapport sur la restitution des œuvres d’art, et par Benjamin Stora sur celui sur l’Algérie. Cela dit, le chantier est énorme. Nous avons besoin de nouveaux investissements dans la recherche sur l’Afrique. Le plus grand défi, à mes yeux, est celui du réarmement intellectuel. Tout le reste, la démocratie, l’entrepreneuriat, les progrès du numérique, le développement dépendra de ce réinvestissement dans l’intelligence. Les nouvelles connaissances, il faut les produire. J’aimerais par exemple voir un nombre important d’étudiants africains travailler ou se spécialiser sur la France ou sur l’Europe.

De ce point de vue, nous avons besoin de rééquilibrer les choses. Je sais que des initiatives sont en préparation, par exemple, du côté de l’École Normale Supérieure avec le nouveau directeur Fréderic Worms, du côté du CNRS avec sa nouvelle stratégie sur l’Afrique, et du coté de bien d’autres institutions qui ont très bien compris, comme nous le disons dans la première partie de notre livre, que l’Afrique est le laboratoire où se joue une partie de l’avenir de la planète. Mais ces efforts ne mèneront nulle part s’ils ne sont pas co-construits. Il est donc absolument nécessaire de sortir d’une approche en termes d’assistanat, de défense des intérêts français ou d’expansion de l’influence française. Il faut désormais réfléchir en termes de politique du bien commun. Rémy Rioux a parlé de la nouvelle revue “Global Africa”. Elle est un exemple de la nouvelle manière de faire qu’appellent les temps. Il faut procéder au même type d’expérimentation dans le domaine des arts, des récits, de la musique, du sport évidemment, mais également dans toutes les formes nouvelles de culture que favorisent les nouvelles technologies. Dans la dissémination des connaissances, l’école est un élément important du dispositif dans la construction de ce récit, mais elle n’est pas le seul.

R. R. :

Il se passe quelque chose dans nombre de pays, de villes et d’universités. Il y a un réseau d’une bonne volonté tout à fait palpable. Le rapport d’Achille Mbembe d’octobre dernier, a participé à cadrer les choses. Ce qu’il faut maintenant, c’est mobiliser les forces, les financements pour qu’un plus grand nombre d’acteurs prenne conscience de ce qui est en train de se passer. Il faut créer les structures nouvelles de notre relation, pour aller plus loin.

A. M. :

En fait, la plupart des recommandations faites lors du Nouveau Sommet Afrique-France gravitent autour de cette hypothèse centrale qu’est le réarmement intellectuel et le réinvestissement dans l’intelligence. C’est le cas du Fonds de soutien à l’innovation pour la démocratie. C’est aussi le cas de la Maison des mondes africains, du Campus Nomade que nous appelons de tous nos vœux, et qui devrait favoriser une meilleure circulation des savoirs, des connaissances et des chercheurs et étudiants à l’intérieur de l’Afrique et entre la France et l’Europe et celle-ci. Cet impératif de « défrontiérisation » est une condition sine qua non pour la construction d’un monde en commun. Je pense aussi à la mise en place d’un grand Collegium franco-africain. Ce serait un lieu spécialisé où se rencontreraient de façon régulière des chercheurs français et africains travaillant, en particulier, à l’interface des sciences humaines, des sciences sociales, des sciences de la nature, de l’environnement et de la santé, et de la critique de la technologie.

Au regard de la situation internationale délicate, sur quels points pensez-vous qu’il faille porter une attention particulière pour maintenir l’équilibre souhaité dans la construction de ce monde en commun ?
R. R. :

Il y a trois parties dans notre livre. Nous venons d’évoquer la première partie qui porte sur l’Afrique-monde et la deuxième, autour de la thématique du dépassement de l’héritage colonial. La question qui vient après tient à la définition de la démarche qui donnera à nos relations une nouvelle forme, plus vaste, plus respectueuse, plus ambitieuse, et plus utile aussi. Ce point est crucial dans un monde de plus en plus fragmenté où la tentation de repli sur soi est si forte, dans un monde en état de guerre, à nouveau en Europe avec l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Cette brutalité concerne aussi l’Afrique, avec de fortes ramifications dans les pays du Sahel par exemple.

Notre vision, avec Achille Mbembe, n’est pas un angélisme ou une absence de constat de la dégradation de la situation internationale. Mais nous avons la conviction que quelque chose peut naître entre l’Afrique et l’Europe, et que notre dialogue recèle un potentiel d’innovation, de construction, un mélange inédit du très moderne et du très ancien, et pour peu que nous sachions renouveler nos liens.

C’est l’une des questions qui est posée en France à nos concitoyens, appelés dans les urnes pour redéfinir notre projet collectif. Voulons-nous poursuivre le renouvellement de la relation entre l’Afrique et la France, ou bien choisissons-nous une autre voie ? Notre ouvrage est une prise de position très claire dans ce débat.

A. M. :

Au fond, tous ces défis tournent autour de la question du vivant, de l’habitabilité de la Terre, du futur de la raison et de la démocratie. C’est tout cela qui est en jeu. Nous sommes en effet à un moment où le modèle de la démocratie libérale est violemment contesté par des forces qui prônent l’uniformisation culturelle et des conceptions exclusives, voire ethniques de la citoyenneté. La bêtise identitaire a le vent en poupe à peu près partout. Cela est vrai autant en Afrique, qu’en Europe, aux États-Unis, en Inde et dans beaucoup d’endroits. Un vrai repli autoritaire et un désir d’Apartheid accompagnent dans beaucoup de pays ce moment de brutalisme néolibéral. Nous observons partout une détresse sociale énorme. La question est de savoir comment répondre à cette détresse humaine. Cela peut-il être fait par des mécanismes de représentation ou de médiation réinventés ? Comment y parvenir dans un contexte où l’émergence des nouvelles technologies ainsi que la poussée du populisme et de l’extrémisme remettent en question la possibilité même de gouverner ? En Afrique en tout cas, les réponses à ces questions passent par de nouvelles manières d’animation de l’intelligence collective et une conception élargie à la fois du vivant et de l’en-commun.

Une candidate populiste comme Marine Le Pen paraît loin de cette construction d’un monde en commun. Pourquoi ?
R. R. :

Permettez-moi d’abord de signaler ma surprise de voir l’Agence française de développement (AFD), que je dirige, mise en accusation directement dans la campagne électorale française. Le 13 avril dernier, lors de sa conférence de presse sur sa future politique internationale et dans divers échos de presse, Madame Le Pen a évoqué un projet de « refonte » de l’AFD.

Je ne vois pas ce qui nous est précisément reproché sauf peut-être, finalement, le fait d’être une institution de la République au service d’une politique internationale de la France qui cherche précisément à combiner, à articuler l’Europe et l’Afrique, la France et le monde, l’international et le national, comme c’est notre projet depuis que j’en ai pris la responsabilité aux lendemains de la COP21 et conformément au souhait de la représentation nationale et du président Macron.

Je salue le travail formidable de tous mes collègues de l’AFD qui œuvrent, partout dans le monde, à tisser des liens dans tant de domaines d’intérêt commun. Je l’ai encore constaté, ces dernières semaines, en me rendant en Nouvelle Calédonie, en Indonésie, en Ouganda, au Sud Kivu, au Rwanda puis au Niger. Avec l’ambition de partager en France et en Europe, les innovations, les enseignements, tout ce que nous avons compris dans la centaine de pays où nous intervenons.

L’autre ligne politique, aujourd’hui proposée, vise à l’inverse à éloigner, à séparer et à opposer systématiquement le national et l’international. Cela ne peut pas être le choix des acteurs qui sont engagés dans la coopération internationale

A. M. :

Madame Le Pen et son mouvement politique ne sont pas en faveur d’un monde en commun. Ils militent ouvertement pour un rabougrissement de la France et pour une régression universelle. Il suffit de lire le programme du Rassemblement National, de le lire mot à mot. Et elle le dit elle-même de façon très explicite. A titre d’exemple, les États africains qui s’opposeraient à la réadmission de leurs expulsés de France se verraient refuser toute demande de visa, se verraient refuser tout transfert d’argent, tout versement d’aide au développement. S’agissant de l’Afrique, Madame Le Pen est pour une politique, je dirais, de la terre brûlée. Derrière les euphémismes de la remigration ou de la préférence nationale, se cache un projet tout à fait dangereux de mon point de vue. Son accession au pouvoir en France augurerait, à mon avis, une période sans précédent de brutalité contre tous ceux qui ne sont pas des siens, érigeant la discrimination en nouveau principe constitutionnel. Il s’en suivrait une accélération du sentiment anti-français en Afrique.

Que diriez-vous aux Africains qui s’interrogent et ne sont pas convaincus par ce monde en commun dont nous avons parlé pendant cet entretien ?
R. R. :

Dans l’international, il y a le national. La crise du Covid-19, la crise climatique, ces grands défis auxquels nous faisons tous face ont montré avec beaucoup de clarté la voie à suivre. Il faut bien sûr commencer par protéger et vacciner ses concitoyens, ses proches. Mais nous avons aussi compris très vite que la somme des protections de nos différents territoires et communautés était insuffisante, si nous ne nous protégions pas tous. Nous avons absolument besoin d’une capacité internationale d’action, une capacité collective dans chaque région, pourquoi pas entre l’Europe et l’Afrique aussi, et plus largement dans un cadre multilatéral réinventé. C’est ce que nous avons appelé dans la troisième partie du livre “Une diplomatie du vivant”. Nous y appelons à la redéfinition d’une diplomatie capable d’articuler le national et l’international, de s’étendre à l’ensemble du vivant – pas seulement à la protection des humains mais de la la biodiversité toute entière. Cette diplomatie du vivant mobiliserait des forces, non pas pour les rééquilibrer, puisque que nous sommes déjà dans un monde fortement déséquilibré, mais pour les rassembler et pour aller ensemble de l’avant et prendre les décisions collectives difficiles et complexes que requiert la transformation profonde de nos sociétés dans les crises qui les traversent.

Libre à tous les Africains, à tous les Européens et à tous les Français de s’engager sur ce chemin ou pas, au terme d’un débat démocratique informé de ces enjeux. Nous sentons, avec Achille, qu’il existe aujourd’hui une très forte aspiration à unrenouveau des formes démocratiques, pour les rendre à nouveau adéquates à l’évolution de nos sociétés et aux périls qui les guettent. Et la question de la participation de la jeunesse à nos délibérations et à nos prises de décision démocratiques est sans doute la plus pressante. Nos formes démocratiques sont toutes en question aujourd’hui et ce livre s’adresse à tous ceux qui aspirent à les réinventer.

Pour bâtir ce monde en commun, on a besoin de la jeunesse. Comment créer plus de liens entre les jeunesses africaines, françaises et européennes ? Il y a en effet comme un gap particulièrement visible actuellement en France à l’occasion de la présidentielle où les jeunes Africains ou des diasporas sont encore perçus sous le prisme de la migration ou des revendications mémorielles.
R. R. :

Nous le voyons dans les urnes et dans les enquêtes d’opinion aujourd’hui. La jeunesse, comme les diasporas du reste, expriment avec beaucoup de force leurs attentes et leurs aspirations pour un monde en commun. La lutte contre le changement climatique en est la manifestation la plus claire, mais ce combat est plus large encore. Il faut absolument trouver les instruments et les moyens de répondre à cette demande qui est de nature très politique, au sens le plus noble du terme.

Il faut approfondir encore le dialogue et favoriser les échanges, pour trouver les solutions pour le développement durable. Achille Mbembe a parfaitement raison d’encourager les jeunes chercheurs européens et africains à travailler ensemble pour rendre possibles nos transformations. Et si nous faisions de même, avec ambition, entre nos jeunes ingénieurs, nos jeunes médecins, nos jeunes enseignants, que nous devons former en nombre beaucoup plus élevé ?

Nous avons en Afrique, en Europe comme dans le monde entier, une crise globale de professions de l’humain, de professions du soin, de professions de l’éducation. Je suis sûr que nous sommes capables de créer plus de mouvement entre jeunes professionnels, en tous sensIl faut pour cela penser à une autre échelle, entre l’Europe et l’Afrique ou même au plan global, et que des institutions mettent en place les instruments d’un tel projet.

A. M. :

Pour revenir à cette question de la jeunesse, il y a un certain nombre d’attentes et notamment une attente de futur. Il y a un désir de futur. C’est une question qu’il faut prendre au sérieux. Beaucoup ont le sentiment que leur futur est gagé, que leur vie elle-même est gagée et qu’ils n’ont pas d’avenir. Afin de rouvrir des perspectives d’avenir pour tous, il ne suffira pas de louer les vertus des incubateurs, des startups ou de l’entrepreneuriat. Il faudra aussi répondre à la puissante demande de sens qui travaille les nouvelles générations confrontées à la double menace du brutalisme économique et de combustion du monde.

« Pour un monde commun. Regards croisés entre l’Afrique et ­l’Europe » (Actes Sud, 2022).

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