Benjamin Roger
Africa-Press – Burkina Faso. Depuis la tentative de coup d’État qui l’a visé fin septembre, le président de transition burkinabè cherche à sécuriser son régime. Pour y parvenir, il s’est tourné vers ses alliés russes, qui lui ont déjà envoyé de premiers hommes. Révélations.
Son transpondeur a été coupé pour le rendre intraçable mais il est bien là, stationné sur le tarmac de l’aéroport de Ouagadougou. Ce vendredi 10 novembre, vers 17 heures (locale), un IL-76 de l’armée de l’air russe s’est posé dans la capitale burkinabè. En sortent une vingtaine de militaires russes, qui passent par le salon ministériel. Direction le Lancaster, un hôtel huppé du quartier de Ouaga 2000.
« Ils se méfient de tout le monde »
Trois jours plus tôt, le général Kassoum Coulibaly, le ministre burkinabè de la Défense, était reçu à Moscou par son homologue Sergueï Choïgou. Parmi les points évoqués par les deux hommes, des livraisons de matériel au Burkina Faso, en particulier de munitions – l’armée burkinabè faisant face à un problème global d’approvisionnement dans ce secteur, conséquence du recrutement massif de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), ses supplétifs civils qu’elle arme.
Mais, surtout, les deux hommes évoquent un autre sujet, plus sensible : l’envoi d’éléments russes pour protéger le capitaine Ibrahim Traoré. Une option privilégiée par le président de transition et son premier cercle depuis l’arrestation, en septembre dernier, de plusieurs officiers accusés d’avoir fomenté un coup d’État.
« Depuis cette affaire, ils sont très soucieux de leur sécurité et sont convaincus qu’il faut renforcer leur dispositif », affirme une source régionale haut placée. « Il y a une petite équipe qui s’est montée au palais pour sécuriser le président, dirigée par son frère et conseiller spécial, Inoussa Traoré, ajoute une source sécuritaire. Ils se méfient de tout le monde. »
Bientôt une centaine d’hommes ?
Selon nos informations, quelques ressortissants russes fréquentent déjà la présidence ces derniers jours. Sans armes visibles, ils se font discrets, aperçus dans des couloirs ou à l’extérieur en train de fumer une cigarette. Sont-ils là pour préparer l’arrivée de collègues plus nombreux ? Certains le pensent. D’après une source militaire, des instructions ont été données pour construire des baraquements à Loumbila, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Ouagadougou, pouvant accueillir une centaine d’entre eux.
Reste à savoir qui sont ces militaires ou paramilitaires russes, et dans quel cadre ils pourraient être déployés à Ouagadougou. Avant la rébellion, et la mort, d’Evgueni Prigojine, ce type de mission sur le continent revenait habituellement aux mercenaires de la société militaire privée Wagner, contre rémunération. Depuis la disparition de Prigojine, le 23 août, dans un accident d’avion en Russie, Vladimir Poutine et son état-major ont repris en main son groupe et ses hommes, désormais encadrés par le renseignement militaire russe, le fameux GRU.
Source: JeuneAfrique
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