Comment le Burkina Faso pourrait-il s’extraire des tentacules des groupes terroristes ?

Comment le Burkina Faso pourrait-il s’extraire des tentacules des groupes terroristes ?
Comment le Burkina Faso pourrait-il s’extraire des tentacules des groupes terroristes ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Burkina Faso. Depuis 2015, le Burkina Faso a été témoin d’attentats terroristes qui ont causé la mort à des milliers de personnes et déplacé plus de deux millions de citoyens, et dès le début de l’année 2022, le nord du Burkina Faso a été témoin de plus de 400 incidents violents, ce qui représente 16% de tous les incidents de ce type dans la région du Sahel occidental en Afrique.

Les groupes terroristes, qui exploitent les troubles, les fréquents coups d’État militaires et les conflits ethniques pour se propager, se concentrent dans les zones frontalières, notamment le sud-ouest du Burkina Faso (riche en or à la frontière avec la Côte d’Ivoire), et le nord du pays (à la frontière avec le Mali), et les utilisent comme point d’acheminement d’armes et de marchandises et toutes sortes d’activités de contrebande.

Ils sont également concentrés dans la région du Liptako Gourma (la région des trois frontières du Mali, du Niger et du Burkina Faso), où ils s’adonnent au trafic transfrontalier d’armes, de marchandises, de drogues, de militants et d’immigrants illégaux, qui constituent d’importantes sources de financement pour les groupes terroristes.

D’ailleurs, selon des estimations officielles, plus de 40% du territoire burkinabé échappe au contrôle de l’État, selon le Centre africain d’études stratégiques.

Une situation chaotique a grandes conséquences désastreuses

Malgré tout ce temps écoulé, l’exposition du pays aux attentats s’est accrue, et selon les experts, l’une des principales sources du terrorisme est de « jouer sur les contradictions locales » pour semer le chaos.

Un chercheur politique du Burkina Faso et un chercheur du Togo voisin ont dressé les traits généraux de la carte des conflits et contradictions internes, ethniques, religieuses et économiques, sur lesquels les groupes terroristes jouent et qu’ils exploitent pour inciter les habitants à les rejoindre et à mener des opérations contre leurs opposants sous couvert religieux.

On constate donc que le pays souffre d’attentats terroristes depuis 2007, et ceux-ci se sont multipliés après 2016 avec la faiblesse du contrôle des autorités locales sur les vastes frontières avec 6 pays, suivi d’une succession de coups d’État militaires et d’instabilité, sachant que Burkina Faso est une nation enclavée qui partage ses frontières avec le Mali, le Togo, le Bénin, le Ghana, le Niger et la Côte d’Ivoire.

L’acteur principal du terrorisme intérieur est le groupe « Ansar al-Islam », proche du « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans » (GSIM), fidèle à Al-Qaïda, et qui contrôle désormais 40 % du territoire du pays, selon les estimations des États-Unis, et menace entre-autres les pays voisins.

Par ailleurs, récemment, une branche de Daech dans le Grand Sahara a été active dans les pays du Sahel, notamment au Burkina Faso et au Mali.

Ces deux organisations (Al-Qaïda et Daech) quadrillent l’ensemble du territoire, du nord au sud et d’est en ouest. Elles contrôlent les zones rurales et sont actives près des grandes villes comme la capitale, Ouagadougou.

Flash sur les contradictions locales

Compte tenu de la situation sécuritaire, la violence terroriste aurait atteint une ampleur sans précédent et se propage dans toutes les régions du pays, à l’exception de la capitale, Ouagadougou.

Dans ce contexte, il est vrai que le président Traoré a hérité d’une situation sécuritaire difficile et que le gouvernement a intensifié ses opérations militaires, mais il semble qu’il n’ait pas trouvé le moyen de l’améliorer depuis son arrivée au pouvoir, et la situation sécuritaire a continué à se dégrader, d’après certains observateurs des affaires africaines qui indiquent que cela est principalement dû à des problèmes internes :
• Tensions sous-jacentes entre les communautés locales dans les zones frontalières et conflits entre tribus et clans au sujet des ressources.
• Manque de coordination entre les forces de sécurité.
• Méfiance croissante des communautés transfrontalières (pasteurs) à l’égard des autorités gouvernementales.
• Conflits entre éleveurs et agriculteurs.
• Facilité de franchir les frontières.
• Les groupes extrémistes attirent les jeunes avec de l’argent pour les rejoindre, profitant du fait qu’il y a 5 millions de personnes à la recherche d’un emploi dans un pays de 21 millions d’habitants, ce qui signifie que 25 % de la population ne travaille pas.
• Division et conflit religieux entre musulmans et chrétiens.

Le Burkinabé sous la gouvernance d’Ibrahim Traoré

Dès son arrivée au pouvoir, le 30 septembre 2022, soit prés de 14 mois, Ibrahim Traoré a déclaré que la lutte contre le terrorisme était une priorité nationale et a pris des mesures pour renforcer les capacités des forces armées et de la police, ainsi que les relations avec les pays voisins, pour atteindre cet objectif.

• Quand Traoré annonce : « Nous allons intensifier notre guerre contre le terrorisme » !

A noter que plus de 10.000 civils, soldats et policiers ont été tués dans les attaques terroristes, selon les statistiques des ONG.

Le président de transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, a annoncé il y a quelques jours « l’entrée dans une nouvelle phase d’intensification de la guerre contre le terrorisme dans le nord et l’est du pays », avertissant que des cellules terroristes dormantes se sont « réveillées » pour nuire à la sécurité de ce pays africain pauvre et fragile.

Traoré a déclaré que lorsqu’il est arrivé au pouvoir au Burkina Faso, l’armée souffrait « d’une pénurie de soldats, d’un manque d’équipement et d’un manque majeur de formation et d’encadrement », soulignant qu’il avait mené un vaste processus de réforme pour restructurer l’armée. , afin de pouvoir faire face à la menace terroriste et reprendre le contrôle de vastes zones du pays qui sont sous le contrôle de groupes terroristes.

Il a annoncé qu’après sa réforme « l’armée entrera dans une nouvelle phase d’intensification des opérations militaires contre les groupes terroristes armés », notant que cette phase débutera d’ici quelques semaines, avant de lancer un APPEL aux terroristes pour « remettre les armes ».

Traoré a qualifié les citoyens de son pays impliqués dans les rangs des groupes terroristes de « laquais de l’impérialisme local », annonçant qu’il leur donnerait une chance de rendre les armes. Il a déclaré : « C’est le bon moment pour ceux qui ont commis l’erreur, ceux qui ont déclaré la guerre à leur pays, à rendre les armes, parce qu’il viendra un moment où cette option ne sera plus disponible ».

Le président de transition Traoré a expliqué qu’une fois que les équipements, les armes et les unités de combat arriveront au front, « il sera trop tard pour remettre les armes ».

• Quand Traoré déclare également que : « Dans dix ans je souhaiterai que mon pays soit un eldorado ».

C’est la vision que se fait le Capitaine Ibrahim Traoré, pour le Burkina Faso : « Dans dix ans je souhaiterai que mon pays soit un véritable eldorado ». C’est en effet son vœu le plus cher à le voir exaucé, surtout que les Burkinabè soient en paix, en sécurité, libres et puissent manger à leur faim.

Pour ce faire, le capitaine Ibrahim Traoré nourrit l’espoir que le pays des hommes intègres puisse très vite se développer, ce qui fera du Burkina Faso, une nation touristique et attractive pour toute l’Afrique de l’Ouest et le monde entier.

« Le Burkina, c’est le cœur de l’Afrique de l’Ouest. Il faut que le cœur se porte toujours bien pour que les autres membres puissent également se porter à merveille », a-t-il déclaré.

Néanmoins, Ibrahim Traoré souligne que la guerre contre le terrorisme exige de la patience : « Cette guerre a un prix, et nous devons nous préparer à le payer », appelant la population à faire « davantage de sacrifices ».

Il a ajouté : « Plusieurs mesures seront prises qui affecteront les employés du secteur public et privé, et affecteront également les institutions privées sur une partie de leurs bénéfices. Nous en déterminerons la marge nécessaire, car cela nous permettra d’augmenter de 35% la récompense aux volontaires pour la guerre ».

• Quand Traoré met l’accent sur le fait que : « Le terrorisme est une industrie occidentale ».

Il a déclaré qu’il s’agit d’un « danger apporté par les puissances impérialistes occidentales pour assurer leur hégémonie sur nos pays », tout en soulignant que : « Ce terrorisme qui a été imposé qui pèse sur nous, et qui nous prive de vivre en paix, n’est qu’une des manifestations violentes du colonialisme ».

S’adressant aux citoyens du Burkina Faso, le président de Transition a tenu à réveiller les consciences des Burkinabé : « Ces colonialistes, en plus de piller les ressources de nos pays et de démolir nos valeurs locales avec des idées étrangères qu’ils ont implantées dans nos cerveaux, nous envoient maintenant une foule de criminels pour tuer des hommes, des femmes et des enfants. Nous pensons que c’est le summum de l’impérialisme et du néocolonialisme ».

Selon les experts, ces groupes armés empêchent la population assiégée d’accéder à la nourriture, à l’eau potable et aux soins médicaux, et les forcent même à fuir, sans oublier de mentionner que ces groupes enlèvent également des femmes et des filles et mènent entre-autres des attaques meurtrières contre des civils.

Pour rappel, selon l’organisation non gouvernementale ‘ACLID’ qui compte les victimes des conflits, « Les violences des groupes terroristes armés qui sévissent au Burkina Faso ont entraîné la mort de plus de 17.000 personnes depuis 2015, dont des civils et des militaires, et dont 6.000 depuis début 2023.

• Quand Traoré affirme que : « Le Burkina Faso a décidé, en toute conscience et volonté, de prendre son destin en main et de mener la guerre ».

Ce que le président du Burkina Faso a voulu mettre dans la tête de son peuple, c’est que des cellules terroristes endormies se sont réveillées, imputant cela à l’augmentation de l’ampleur et du nombre des attaques terroristes survenues au Burkina Faso ces dernières semaines, tout en soulignant qu’il poursuivait la confrontation militaire pour éliminer le terrorisme.

C’est la raison pour laquelle une invitation fût adressée aux fils et filles du Burkina Faso, et à toutes les composantes de ce peuple qui a compris que la seule façon d’obtenir la victoire est de : Mener sa propre guerre.



Le mot de la fin

Pour conclure, on peut certifier que la situation au Burkina Faso ne s’améliorera pas de sitôt, car il reste beaucoup à faire à la Junte militaire au pouvoir de transition, et tout reposerait incontestablement sur la réforme et la restructuration fondamentales de l’armée burkinabé, ainsi que de la volonté politique et de celle de la population en général.

Certes, Ibrahim Traoré est nanti d’une grande « bonne volonté », mais celà n’est pas suffisant, car, même si tout est en son honneur, vu que ce jeune président africain, âgé de 36 ans révolus, a su se faire remarquer sur la scène internationale, même s’il dirige un pays considéré comme l’un des plus pauvres au monde.

En Afrique, Traoré apparaît également comme le plus clair en termes de positions, de visions et de doctrine intellectuelle et politique parmi ses homologues, les dirigeants des conseils militaires arrivés au pouvoir dans les pays du Sahel grâce à des coups d’État, et jusqu’à présent, il a suscité l’enthousiasme de son peuple et a redonné l’espoir aux burkinabé de libérer leur pays du terrorisme et de la subordination humiliante aux puissances étrangères.

Cela promet un retour au projet de libération nationale que Sankara menait avant son assassinat. L’élève peut réaliser ce que l’enseignant n’a pas réussi à réaliser, à condition qu’un nouveau coup d’État ne le renverse pas.

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