La recrudescence des attaques lancées par les groupes armés au Burkina Faso met le gouvernement dans l’embarras

La recrudescence des attaques lancées par les groupes armés au Burkina Faso met le gouvernement dans l’embarras
La recrudescence des attaques lancées par les groupes armés au Burkina Faso met le gouvernement dans l’embarras

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Burkina Faso. Il importe de noter que la situation des droits humains au Burkina Faso s’est sérieusement détériorée l’année dernière, et les attaques meurtrières perpétrées par des groupes armés à l’encontre de civils se sont intensifiées, les forces militaires et les milices progouvernementales ont commis, probablement, des exactions lors d’opérations de lutte contre le terrorisme, et l’instabilité politique s’est aggravée suite à deux coups d’État militaires.

Ceci résume quelque peu la situation au Burkina Faso durant les dernières années !

Désireuses donc de restaurer sa « souveraineté » dans la lutte contre les groupes armés qui y pullulent et qui contrôlent environ 40% du territoire du pays, les autorités burkinabé, dirigées par le Capitaine Ibrahim Traoré, tentent d’y faire face âprement pour limiter d’abord les exactions commises par ces groupes, s’il y en a réellement, en attendant de se restructurer « militairement » avec comme objectif de les éjecter hors de ses territoires.

A noter également que des groupes armés continuent de tuer des dizaines et des dizaines de civils, de piller et incendier des biens, et de forcer des milliers de personnes à fuir suite aux attaques menées à travers le pays depuis la fin de l’année 2022, selon un rapport rendu public dernièrement par Human Rights Watch. Les groupes armés ont aussi assiégé plusieurs villes dans les régions du Sahel et de l’Est du Burkina Faso, et bloqué l’acheminement de nourriture, d’autres produits de première nécessité et d’aides humanitaires à la population civile, provoquant la famine et les maladies parmi les habitants et les personnes déplacées.

En effet, les attaques répétées et impunies menées par des groupes armés contre des villages et des villes ont semé la peur au Burkina Faso, et entraîné également des représailles.

Il apparaît clair que ces dernières années, ces groupes ont utilisé le déplacement de populations comme stratégie pour asseoir leur pouvoir et leur autorité, et infliger des punitions collectives aux habitants des villages et des villes qui collaborent avec les autorités gouvernementales et les forces de sécurité.

Néanmoins, les autorités militaires ont pu s’appuyer fortement sur les milices locales pour contrer ces attaques, sachant que les habitants ne peuvent pas se déplacer librement et n’ont pas accès aux biens et services de base tels que la nourriture, l’eau, l’électricité et les soins de santé.

D’autant plus que les prix ont tellement augmenté et que les habitants ne sont plus en mesure d’acheter ce dont ils ont besoin en priorité, et pour rappel, en novembre 2022, des habitants en manque de vivres ont vandalisé un entrepôt de céréales géré par l’État.

Comment la situation a-t-elle affecté et le Burkina Faso et ses voisins ?

Une insurrection organisée par des groupes liés à Al-Qaïda et à Daech dans le Grand Sahara s’est déplacée du Mali voisin vers le Burkina Faso, il y a moins de quatre ans, contribuant ainsi aux tensions ethniques et religieuses, en particulier dans les régions du nord.

Parmi ces groupes on peut citer les trois principaux dans le nord et l’est du Burkina Faso :
• Ansar al-Islam,
• Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM)
• Daech dans le Grand Sahara.

Il est à noter que l’état de frustration extrême au Burkina Faso, causé par le manque d’emplois et la médiocrité des infrastructures, a fait de ce pays un terreau fertile pour le recrutement de nouveaux membres, et de nombreux petits groupes ont fait surface, mais tous ne sont pas liés à des groupes plus importants.

Par ailleurs, le manque de services a également créé un vide que les groupes armés ont pu exploiter, dont la présence conduit souvent à plus de violence et de chaos, et certains observateurs craignent toujours que des groupes armés ne se propagent plus vers le sud pour atteindre les ports afin de faire passer en contrebande des armes et des munitions, de la drogue et d’autres marchandises illégales pour financer leurs activités.

Ces observateurs ont souligné que depuis le début de l’année 2023, ils ont constaté une augmentation du rythme des opérations terroristes et des attentats dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, en l’occurrence le Burkina Faso, ce qui a poussé la présidence burkinabé en avril 2023 à publier un décret exigeant une « déclaration de mobilisation » afin de faire face aux attaques et attentats commis par ces groupes armés, et d’intensifier les opérations de sécurité pour reprendre des territoires situés sous le contrôle des groupes, en particulier les organisations les plus connues comme « Al-Qaïda » et « Daech », en plus du groupe « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) » dans ce pays africain qui s’est classé parmi les premiers des pays du continent les plus touchés par les violences des groupes armés, selon la dernière édition de l’indice mondial du terrorisme 2023, qui a été préparé par l’Institute of Economics and Peace, basé à Sydney, en Australie.

Le Burkina Faso est le deuxième pays au monde le plus touché par le terrorisme – Global Terrorism Index 2023

Il convient donc de noter également que le Burkina Faso s’est classé au deuxième rang mondial, après l’Afghanistan, dans ledit indice mondial, puisqu’il avait enregistré 310 attentats, entraînant la mort de 1.135 personnes, soit une augmentation de 50% par rapport à 2021, et 496 autres ont été blessés en 2022. Les attentats du groupe «Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin» ont causé 48 % du nombre total de morts au Burkina Faso en 2022, et les décès causés par ce fléau au Burkina Faso représentent 17 % du total des décès causés par le même fléau dans le monde.

Rétrospective sur l’escalade des attaques les plus marquantes au Burkina Faso

Parmi les attentats les plus importants qui ont visé ce pays d’Afrique de l’Ouest au cours de l’année 2023, on relève ce qui suit :

1- Deux attaques distinctes en janvier 2023

Tout a débuté le 29 janvier dernier, lorsque l’état-major annonçait dans un communiqué que des membres de l’armée, notamment ceux stationnés dans une région proche de la frontière avec le Niger au nord du pays, ont été ciblés par un attentat ayant fait 12 morts parmi les militaires et un civil, puis un autre attentat a eu lieu le lendemain 30 janvier, ayant fait dix victimes parmi les forces de la police militaire et deux membres d’une force auxiliaire soutenant l’armée près du village de Lengikoro dans le nord du pays. Des sources bien informées ont rapporté que des partisans des organisations « Al-Qaïda » et « Daech » seraient à l’origine de ces attaques, avec l’appui du groupe « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM) » affilié à Al-Qaïda, qui exploite ces zones frontalières pour mener toutes ses attaques.

2- Attaque la plus meurtrière de février 2023

Le 20 février dernier, des groupes armés ont tendu une embuscade contre l’armée, au nord du Burkina Faso, tuant au moins 51 soldats. Cette attaque a été qualifiée de « la plus meurtrière » depuis l’arrivée du président Ibrahim Traoré qui est arrivé au pouvoir fin septembre 2022, et au même moment, des hommes armés ont attaqué les forces armées dans le nord du Burkina Faso également, près de la frontière avec le Mali, ce qui a entraîné la mort de 15 Burkinabés. Certaines sources ont révélé que le nombre est plus élevé qu’annoncé, et que 19 soldats ont été tués, en plus de dizaines de personnes portées disparues. L’armée a également révélé dans un communiqué avoir riposté à cette attaque et tué des dizaines parmi les assaillants.


3- Attaque commise en mars 2023

Le 2 mars, un groupe armé a attaqué un village de la région de Ouahigouya, chef-lieu de la région nord du Burkina Faso, tuant entre 12 et 14 civils et en blessant d’autres, selon ce qu’ont annoncé des sources sécuritaires, ce qui a poussé les autorités burkinabé à imposer un couvre-feu à la suite de l’attaque, dans toute la région nord du Burkina Faso, pour une durée comprise entre un et trois mois.

4- Les attentats les plus meurtriers d’avril 2023

En avril dernier, c’est tout autre chose, car un grand nombre d’attentats ont été lancés par des éléments des organisations terroristes « Al-Qaïda » et « Daech » au Burkina Faso, en particulier dans le nord où ces éléments sont actifs, alors qu’un groupe de combattants a lancé une attaque contre une unité de l’armée en position dans la région de l’Est du pays, le 28 avril dernier, tuant 33 soldats et en blessant 12 autres, mais les forces armées ont réussi à répondre à cette attaque et ont tué pas moins de 40 des membres de ces groupes.

A noter qu’une autre attaque a eu lieu quelques jours avant, soit le 24 avril, ciblant des groupes liés à « Al-Qaïda » qui portaient les uniformes des forces armées burkinabé et qui ont attaqué le village de Karma dans la région du « Yatenga » dans les zones frontalières, au nord du pays, causant la mort à 60 civils.

Le 16 avril, des hommes armés ont attaqué le poste militaire de « Kongoussi » dans le nord du pays, tuant deux soldats, et l’armée a répliqué en liquidant 20 des assaillants. Enfin, un jour avant, des inconnus ont attaqué l’armée et les forces de défense volontaires dans la ville de « Ouahigouya », également dans le nord du pays, tuant 40 personnes et en blessant 33 autres.

Voyons donc du « bon œil » les causes de cette recrudescence

Ce qui précède soulève une question sur les raisons de l’augmentation des attaques lancées par des éléments des groupes affiliés à Ansar al-Islam, à Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), ou à Daech dans le Grand Sahara et Al-Qaïda au Burkina Faso jusqu’à maintenant, d’où en ressort ceci :
• Les faibles capacités sécuritaires de l’armée burkinabé,
• L’exacerbation des problèmes sociaux au Burkina Faso,
• Le contrôle par les groupes armés de la plupart des régions internes,
• La saisie de la richesse économique,
• La faiblesse des institutions démocratiques,
• La crise du changement climatique.

Au vu de cela, on peut donc affirmer que les attaques lancées par les groupes armés ne s’arrêteront pas de sitôt au Burkina Faso, tant que le régime en place ne mettra pas fin à ces groupes, dont l’activité augmente d’année en année, pour les éradiquer.

En conséquence, le pays africain a la charge de restructurer l’ensemble de ses forces armées, ainsi que ses services de sécurité, et de leur fournir les moyens de soutien nécessaires, afin de pouvoir repousser ce fléau dévastateur et meurtrier qui se propage dans l’ensemble des pays du Sahel et du Sahara, et de renforcer ses relations avec les différents pays voisins, afin de pouvoir arrêter ces actes de violences extrêmes, ou même de s’en prémunir.

Mais il faut se mettre à l’évidence que la violence s’est intensifiée dans le pays au cours des derniers mois et les autorités ont du mal à rétablir la situation en leur faveur, et ce, malgré l’intensification des opérations de sécurité, car depuis 2015, le pays, qui a connu deux coups d’État militaires en 2022, vit dans une spirale de violence intense ayant déjà apparue au Mali et au Niger il y a des années, et qui s’est propagée au-delà de leurs frontières.

Vision du Président burkinabé Ibrahim Traoré

Une fois devenu président, le capitaine Ibrahim Traoré avait promis à son peuple de venir à bout de la menace terroriste qui est la cause principale du nombre de victimes, soit entre 10.000 et 12.000 morts en sept ans.

Selon lui, « la lutte est âpre » et « le combat parsemé d’embûches », a-t-il reconnu, lors d’un message publié sur la page Facebook de la présidence, dans la nuit de lundi à mardi (21 – 22 février 2023). Depuis, les opérations terrestres et aériennes de l’armée se poursuivent, et selon la Direction de la Communication et des Relations Publiques des Armées (DCRPA), cent soixante membres des groupes armés ont déjà été « neutralisés ». Des extraits de vidéos de drone montrant des frappes ont par la suite été diffusés par l’état-major, tandis que la DCRPA a appelé l’ensemble des Forces de défense et de sécurité (FDS) à rester mobilisées, soulignant avoir engrangé des « victoires importantes à cette époque de l’année ».

Il faut aussi reconnaître que l’un des principaux sujets de débat est de savoir si les facteurs économiques ont bien un rôle à jouer dans la détermination de l’ampleur du terrorisme en tant que tel. Et là, nous constatons que le chômage des jeunes peut expliquer les incidences du terrorisme et des violences politiques dans les pays de l’UEMOA, dont fait partie le Burkina Faso.

Notre principale conclusion est que le chômage des jeunes ne fait qu’augmenter le terrorisme et le nombre de victimes dans le pays.

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