Le Burkina Faso « entre le marteau et l’enclume » : Bouleversements politiques et lutte contre le terrorisme

Le Burkina Faso « entre le marteau et l'enclume » : Bouleversements politiques et lutte contre le terrorisme
Le Burkina Faso « entre le marteau et l'enclume » : Bouleversements politiques et lutte contre le terrorisme

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Burkina Faso. A la lumière de l’activité terroriste croissante dans le pays, et de sa chute dans le collimateur des plans des groupes terroristes de s’y installer et de s’y développer, il y a eu un état d’insécurité et d’instabilité politique au Burkina Faso au cours des derniers mois, et de là aux pays du golfe de Guinée, qui assombrissent la situation politique du pays. Comme c’est l’une des principales raisons de la mise en œuvre par le Capitaine Ibrahim Traoré d’un coup d’État militaire contre le président burkinabé de transition « Paul-Henri Sandaogo Damiba », fin septembre 2022, suite à la mauvaise performance de « Damiba » dans la confrontation des groupes terroristes, ainsi, la lutte contre le terrorisme figurait en tête de l’agenda de « Traoré » après qu’il ait assumé la présidence du pays.

Malgré cela, « Traoré » a suivi la même approche militaire burkinabé de lutte contre le terrorisme que « Damiba », et avant lui le président « Roch Marc Christian Kaboré » qui l’avait acceptée, une approche basée sur l’hybridation de la scène sécuritaire en sollicitant l’aide des civils et en les intégrant dans les plans antiterroristes, ce qui suscite la question autour des : caractéristiques de l’approche militaire burkinabé de la lutte contre le terrorisme et la nature de ses dangers ?

Il importe d’ailleurs de rappeler que le Burkina Faso, autant que les pays du Sahel africain, est menacé par des groupes extrémistes violents disparates, mobilisés par des motivations géographiques, ethniques, idéologiques et politiques distinctes.

Pour autant, les « pays du Sahel » discutent actuellement d’une nouvelle structure de lutte contre le terrorisme.

Perspectives des prévoyances défensives

Des éléments de l’armée du Burkina Faso

Dans ce contexte, on a relevé que les ministres de la défense des pays du Groupe G5 Sahel se sont réunis dans la capitale tchadienne, N’Djamena, le 11 janvier 2023, pour discuter d’une nouvelle structure pour le groupe régional, qui fait face à des défis de sécurité croissants à la lumière de la menace croissante du terrorisme et de la criminalité transfrontalière, qui est la première structure de ce type depuis le retrait du Mali du groupe.

La nouvelle structure du Groupe des États du Sahel fait l’objet de longues discussions depuis septembre dernier, lorsque la capitale mauritanienne, Nouakchott, avait accueilli une réunion d’experts militaires de la Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Burkina Faso, le Mali n’ayant pas participé, du fait qu’il s’était retiré du groupe en mai de l’année dernière.

La réunion de ces experts militaires à Nouakchott a élaboré la vision initiale de la nouvelle structure, avant qu’elle ne soit discutée par les chefs d’état-major des armées des pays du Sahel, lors d’une réunion extraordinaire qui fût tenue dans la capitale tchadienne, N’Djamena.

Dans un communiqué rendu public par l’armée mauritanienne, celle-ci a indiqué que la réunion de N’Djamena « a été consacrée à discuter de la nouvelle structure du Groupe des cinq au Sahel et de son adoption, et à la réorganisation de sa force conjointe, à la lumière du retrait de la République du Mali du groupe ».

La restructuration comprenait plusieurs décisions, dont la plus importante était le transfert du quartier général de la force militaire conjointe de la capitale malienne, Bamako, à la capitale nigérienne, Niamey.

Pour rappel, le Groupe des États du Sahel avait établi sa force militaire conjointe en 2017, dans l’objectif d’unir ses efforts dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, mais cette force militaire de 5.000 soldats a continué de faire face à des problèmes structurels dus au manque de financement, d’équipement et de formation, outre le refus des puissances internationales de placer la force militaire sous le Chapitre VII des Nations Unies, ce qui lui aurait assuré une protection juridique en plus d’un financement permanent.

Les unités de la force militaire opéraient dans des « secteurs militaires » répartis sur les frontières communes entre les cinq pays, mais des experts ont souligné que le retrait du Mali avait contraint les chefs des armées des pays sahéliens à abandonner l’idée de « secteurs militaires », parce que les zones militaires frontalières entre les pays du groupe régional ne sont plus « reliées entre elles » :

• La Mauritanie est devenue seule à l’ouest et n’est pas reliée au reste des pays du groupe,

• Quant au Tchad il est resté tel qu’il était, loin à l’est, bordé uniquement par le Niger.

Néanmoins, afin de surmonter ce dilemme stratégique créé par le retrait de l’État du Mali, les chefs des armées des pays du Sahel ont décidé de mettre en place des bataillons mobiles et légers de combat, avec des tâches tactiques rapides, mais les nouveaux bataillons de combat devraient d’abord se concentrer sur les points chauds du Niger, où se trouve le nouveau quartier général de la force militaire conjointe.

L’armée mauritanienne a déclaré également dans un communiqué de presse : « Ces nouvelles mesures et procédures visent à donner un nouvel élan au groupe G5 Sahel et à sa force conjointe, lui permettant de faire face aux défis sécuritaires et de lutter contre le terrorisme et le crime organisé », cependant, force est de constater que le groupe régional se trouve dans une situation difficile et sans précédent depuis sa création il y a près de neuf ans (en 2014).

La tension politique a encore compliqué la situation dans la région du Sahel, surtout que le retrait de l’État du Mali est intervenu après deux coups d’État militaires (l’un ayant eu lieu en août 2020 et l’autre le 24 mai 2021), et la domination de jeunes officiers au pouvoir dans la capitale, Bamako, pour décider de revoir leurs relations avec le l’Ouest, notamment la France, et se tourner désormais vers la Russie dans une nouvelle stratégie pour faire face à la menace terroriste.

C’est ainsi qu’au Burkina Faso, un coup d’État militaire a eu lieu (en septembre 2022), lequel a plongé le pays dans une période de doute toujours en cours, et bien que le pays ne se soit pas retiré du groupe des pays du Sahel, il n’est plus aussi enthousiaste, et les jeunes officiers qui le dirigent ne cachent pas leur admiration pour leurs pairs du Mali voisin.

Hybridation de la scène sécuritaire

En octobre 2022, le ministère de la Défense burkinabé a pris quant à lui la décision de recruter 50.000 volontaires âgés de 18 à 27 ans, pour rejoindre les « Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) », et ce pour la deuxième fois au cours de l’année écoulée, après avoir déjà recruté environ 3.000 personnes au mois d’avril de la même année, compte tenu de la tendance du gouvernement burkinabé à mobiliser la population dans le cadre de ce qu’il appelle « l’action unificatrice dans la lutte contre le terrorisme », après que le dossier de la lutte contre le terrorisme ait été en tête de l’agenda du nouveau président de transition, le Capitaine Ibrahim Traoré, afin de récupérer environ 40% des terres du pays sous l’emprise et le contrôle de groupes terroristes.

Traoré vise à accroître la participation des forces militaires avec les acteurs nationaux, y compris les partis et la société civile, coïncidant avec l’appel lancé par Traoré aux citoyens à participer à l’effort de guerre en faisant des contributions en nature ou en espèces.

Cette étape s’inscrit donc dans la continuité des plans d’utilisation des civils pour soutenir les forces de sécurité dans la lutte contre le terrorisme depuis 2020, sous le règne du président renversé Roch Marc Christian Kaboré, durant lequel les civils intervenaient principalement à Kaya (nord & centre), Wahigoya (au nord) et Fada N’Gourma (à l’est). Cela indique que la stratégie antiterroriste du président Traoré s’appuie sur le concept et la tactique de défense populaire, dans le cadre de ce qu’on peut appeler l’hybridation de la scène sécuritaire, d’une manière qui rappelle la mise en place des « Comités de défense de la Révolution » sous la houlette de Thomas Sankara en 1983.

Il importe de rappeler, entre-autres, que le 18 novembre 2022, le ministère de la Défense burkinabé a achevé le processus de recrutement, au cours duquel il a reçu plus de 90.000 candidatures, et a également indiqué que les sélectionnés suivront une formation militaire d’une durée de 14 jours, et que les autorités militaires entendent distribuer 35.000 volontaires dans leurs quartiers d’habitation, et le reste accompagnera les forces de sécurité et de défense dans le pays, suivi du lancement d’une campagne de recrutement de 3.000 militaires et 1.400 gendarmes en novembre 2022 pour renforcer les forces de sécurité et de défense, sachant que le commandement des opérations de l’échelle nationale a été réorganisé, pour être soumis à l’autorité du commandant des forces armées, en plus de prendre des mesures pour réorganiser les forces armées, assurer l’expansion de la zone couverte par le théâtre des opérations et faire face au projet expansionniste des groupes terroristes qui ont assiégé des villes du nord telles que Djibo, ce qui a empêché l’acheminement de l’aide humanitaire, et ainsi augmenter le nombre de régions militaires de trois à six régions pour couvrir une zone du sahel, les Boucles-du-Mohoun (nord-est) et les régions de l’Est, qui sont classées comme les régions les plus dangereuses : deux régions de l’armée de l’air, six régions de gendarmerie et six régions de bataillons d’intervention rapide, qui ont été créées.

De plus, il semble que le gouvernement du Burkina Faso rejoindra bientôt – s’il ne l’a pas déjà fait- les rangs maliens en nouant un partenariat avec les unités russes du groupe privé Wagner, pour user de son rôle dans la lutte contre le terrorisme, qui révèle une nouvelle approche de la stratégie burkinabè de lutte contre le terrorisme, qui peut être déduite des deux indicateurs ci-après :

• le premier d’entre eux est le lancement par Washington d’un avertissement au gouvernement burkinabé sur les dangers d’une alliance avec Moscou, après que le groupe Wagner ait clairement soutenu le coup d’État mené par « Traoré »,

• le deuxième c’est que le 14 décembre 2022, le président de la République du Ghana, Nana Akufo-Addo, a confirmé la présence de mercenaires russes de Wagner au Burkina Faso, selon un accord signé entre le groupe et le gouvernement burkinabé, dans des déclarations décrites par « Traoré » comme étant « une affaire très dangereuse », sans confirmer définitivement et officiellement la véracité de cette information.

Quelles motivations derrière l’approche de “mobilisation générale pour combattre le terrorisme” ?

Mobilisation de militaires et civils

Certes, aucun du Burkina Faso, du Mali et du Niger n’a réussi à vaincre la violence terroriste dans la région, à un moment où les pays occidentaux sont confus quant aux troubles politiques qui ont conduit à des coups d’État dans la région, se référant principalement au Burkina Faso et au Mali.

Et pour cause, le Burkina Faso vit effectivement dans une situation « très critique », selon le « Groupe international de crise », car les groupes armés contrôlent environ 40% de son territoire, y compris de vastes zones rurales au nord comme à l’est.

D’ailleurs, pendant des mois, les membres des groupes armés ont assiégé la grande ville du nord de Djibo pendant des mois, tandis que le conflit a tué des milliers de personnes et déplacé près de deux millions d’individus.

C’est ainsi que la situation a provoqué un échange d’accusations au sein de l’armée, qui s’est soldé par deux coups d’État l’an dernier.

On peut donc affirmer qu’il y a plusieurs motifs derrière les plans du gouvernement burkinabé pour intégrer les civils dans les plans et stratégies de lutte contre le terrorisme, que l’on peut décrire comme suit :

• Croissance continue des activités terroristes au Burkina Faso

Depuis 2015, le Burkina Faso souffre de l’expansion des activités terroristes, et grâce à cela, le pays a enregistré une augmentation du nombre d’actes terroristes et de nombreux groupes terroristes y étaient actifs, représentés par le groupe جماعة نصرة الإسلام والمسلمين affilié à Al-Qaïda, ainsi que les deux branches de Daech dans la région du Sahel, à savoir en Afrique de l’Ouest et dans le désert du Sahara, en particulier dans la zone frontalière du Liptako Gourma, connue sous le nom de « Triangle de la mort ».

Par ailleurs, le pays a connu la plus forte augmentation annuelle du nombre de décès dans le monde, depuis 2019, résultant d’activités terroristes, qui ciblent souvent directement les civils. Au cours de la période entre (2020 et 2021), le pays a été soumis à plus de 1.100 attaques terroristes, dépassant le nombre d’attaques auxquelles le Mali et le Niger ont été soumis ensemble au cours de la même période, ce qui a entraîné une crise humanitaire, qui comprenait le déplacement forcé de près de 1,5 million de personnes à l’intérieur du pays, jusqu’en février 2022.

En outre, outre l’environnement burkinabé propice à la croissance de l’activité terroriste et au recrutement de membres de toutes les ethnies locales, y compris les Peuls, les Gourmanchés et les Musa, à la fois en raison de la faiblesse du déploiement sécuritaire et militaire dans les régions du nord et dans l’est du pays, où les forêts sont un refuge idéal et sûr pour les groupes terroristes, en plus de la baisse du taux de services et du déclin du rôle du gouvernement central dans les zones frontalières, l’une des incitations à la croissance de l’activité terroriste dans ces zones, c’est la richesse de ces zones en mines d’or, qui est une importante source de financement pour ces groupes, ce qui explique le contrôle de Daech dans le désert du Sahara sur ces mines et le braconnage dans les réserves naturelles de la région.

• Défis sécuritaires et conflits entre factions au sein de l’institution militaire

On relève que le recours par l’armée burkinabé au mécanisme de mobilisation générale de la population pour lutter contre le terrorisme révèle dans son contenu un ensemble de défis auxquels sont confrontées l’armée et les forces de sécurité burkinabé, qui l’ont empêchée de couvrir entièrement la région et d’empêcher la croissance de l’activité terroriste, ce qui l’a incitée à recruter des volontaires pour inclure de nouveaux combattants dans les forces de sécurité.

-/-Le premier est que les forces de sécurité burkinabé ne sont pas suffisamment équipées, en plus de leur manque de capacité opérationnelle suffisante pour exercer leurs fonctions, en adéquation avec les besoins du pays et de la population. Une évaluation menée par plusieurs organismes en 2018 a montré que les forces de sécurité sont absentes de 36% des régions, et que le ratio personnel de sécurité/citoyens est bien en deçà de la norme internationale. L’évaluation a également montré qu’il y a au total 350 régions administratives dans le pays, dont 156 régions n’ont pas d’unité de sécurité intérieure, et que 24 % des régions administratives ont au moins un poste de police et une unité de gendarmerie, et 31 % disposent d’une unité de gendarmerie ou d’un poste de police.

-/-Le deuxième défi, c’est qu’au milieu du manque de capacité opérationnelle suffisante des forces de sécurité, l’unité d’élite « Garde présidentielle » a été dissoute en 2015, ce qui représentait environ 10 % de la structure militaire totale et une grande marge de le budget de la défense, la formation et l’équipement. La force a également joué un rôle crucial dans le renseignement, qui est une responsabilité cruciale qu’aucune autre force nationale n’assume, ce qui laisse un déficit de ressources institutionnelles et humaines, en plus de l’absence de plans clairs du pays pour organiser et restructurer la répartition régionale de ses forces de sécurité.

-/-Quant au troisième défi, il est représenté dans la lutte des factions au sein de l’institution militaire entre les officiers de l’armée diplômés de l’Académie militaire de Kadiokou (l’institution militaire la plus ancienne et la plus influente) qui a été fondée par les Français en 1951.

Chaque institution militaire a des plans, des tactiques et des stratégies de guerre qui peuvent différer de son homologue, ce qui a laissé un espace de conflit entre les deux ailes de l’institution militaire, ce qui s’est reflété dans les plans et les stratégies de l’armée pour lutter contre le terrorisme, d’une manière qui a contribué à entraver les efforts de sécurité visant à limiter les activités terroristes.

Ainsi, l’arrivée au pouvoir de Traoré est un coup d’État contre les traditions militaires dans un pays où l’influence de l’armée est grandissante, et un bouleversement de l’équilibre au sein de l’institution militaire.

-/-Tandis que le quatrième défi est la discrimination au sein de l’armée nationale, car il y a trop de soldats bien payés, par rapport aux soldats de rang inférieur, ce qui donne naissance à ce qu’on appelle parfois une « armée spirituelle ». Comme il n’y a qu’environ 18% des forces armées engagées sur les champs de bataille, ce qui a contribué à alimenter les tensions entre les forces et les soldats, surtout au milieu des attentats terroristes auxquels ils sont confrontés, qui ont entraîné la mort d’environ 500 soldats au cours des six dernières années, ce qui a renforcé leur sentiment de frustration, en plus des conditions de vie difficiles dont ils souffrent.

• Absorption de la colère populaire et protection des zones des mines

L’un des motifs du gouvernement burkinabé derrière cette approche militaire, renforcée par l’approche de mobilisation générale pour lutter contre le terrorisme, est de protéger les zones riches en ressources. Le nord du pays compte d’importantes découvertes et gisements d’or, 3 mines industrielles et des dizaines d’exploitations minières artisanales enregistrées, et les terroristes cherchent à les contrôler.

Une étude menée par l’Observatoire économique et social du Burkina Faso a indiqué que les terroristes auraient collecté environ 100 millions d’euros, ce qui équivaut à 121 millions de dollars depuis 2016, à la suite de leurs attaques contre des mines et des zones d’extraction d’or artisanales et primitives.

Impact potentiel des troubles politiques sur la propagation de l’extrémisme violent

Le Burkina Faso occupe une position hautement stratégique, vu qu’il est situé à la jonction entre le Sahel ouest-africain et les pays du Sahel. La situation doit être surveillée de près dans les mois à venir car les développements politiques dans le pays, pourraient profondément affecter les pays voisins. De plus, les événements récents montrent que l’ajout de troupes supplémentaires n’est pas nécessairement la bonne réponse, bien qu’il soit probablement nécessaire de restructurer et de réformer le secteur de la sécurité et de fournir une formation et des ressources adéquates aux forces de sécurité.

Il est indéniable que l’armée du Burkina Faso soit mal équipée pour relever le défi complexe de l’extrémisme violent dans le pays. Pourtant, confier les rênes à l’armée pour simplement consacrer plus de ressources aux seules réponses axées sur la sécurité, risque de ne pas améliorer la sûreté et la sécurité des citoyens burkinabés ordinaires. Au lieu de cela, un effort concerté doit être fait pour s’attaquer de manière globale aux innombrables facteurs qui ont donné lieu à la prolifération des groupes terroristes dans le pays. Ce sont en eux-mêmes des défis complexes :

• insécurité alimentaire,

• extrême pauvreté,

• tensions interethniques

• et corruption, pour n’en citer que quelques-uns.

Au lieu de se concentrer principalement sur l’envoi de ressources militaires et de forces de sécurité en réponse à l’évolution de la situation, la communauté internationale peut jouer un rôle influent à long terme en continuant à faire pression pour des réformes plus larges et plus complètes qui s’attaqueront à la confluence de l’aide humanitaire, du développement, et les problèmes de sécurité auxquels est confronté le Burkina Faso.

Lacunes des réponses axées sur la sécurité aux crises complexes

Les événements récents au Burkina Faso ont remis clairement en question l’efficacité des approches actuelles, mais plus largement, ils soulignent le danger de donner la priorité à la lutte contre le terrorisme plutôt que de s’attaquer aux facteurs complexes qui ont permis à l’extrémisme violent de prospérer dans tout le pays.

Contrairement au récit qui prévalait autrefois, la propagation de l’extrémisme violent au Burkina Faso n’est pas simplement le résultat d’une menace extérieure débordant du Mali voisin. Les organisations terroristes ont en effet trouvé un terrain fertile dans les régions reculées du pays, où elles se sont appuyées sur des facteurs sociopolitiques locaux profondément enracinés. Les groupes extrémistes violents ont notamment instrumentalisé des tensions de longue date sur l’accès à la terre et aux ressources naturelles, des hiérarchies sociales rigides et des clivages sociaux, des griefs contre les autorités locales perçues comme corrompues et des relations distantes avec les États centraux.

Dans ce contexte, non seulement les interventions militaires se sont révélées insuffisantes, mais même contre-productives. Les forces de sécurité et de défense ont été accusées à plusieurs reprises de graves violations des droits de l’homme, ce qui a à son tour accru les griefs contre l’État central et a probablement contribué à une partie du soutien reçu par les groupes terroristes dans la région.

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