Nouvelle Tentative de Coup D’ÉTat au Burkina Faso: Causes et Effets !

Nouvelle Tentative de Coup D’ÉTat au Burkina Faso: Causes et Effets !
Nouvelle Tentative de Coup D’ÉTat au Burkina Faso: Causes et Effets !

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Burkina Faso. La nouvelle tentative de coup d’État manquée, dont a été témoin le Burkina Faso au cours du mois de septembre 2024, serait le résultat de la lutte militaire en cours pour le pouvoir en Afrique en général, qui s’est imposée comme un moyen efficace d’accéder au fameux « siège présidentiel », et les gains politiques et économiques qui en découlent.

En effet, cette méthode de changement est souvent soutenue par la population, surtout si les régimes qui sont renversés sont des régimes autoritaires qui renversent les constitutions nationales et les manipulent pour leurs propres intérêts.

L’utilitarisme et la recherche d’intérêts personnels constituent donc le plus grand fléau parmi les élites politiques et militaires, et cela est clairement évident dans cette nouvelle révolution.

• Confirmation des autorités burkinabés

Cette tentative de coup d’État manquée au Burkina Faso réaffirme la réalité sécuritaire et politique de ce pays africain, et tire la sonnette d’alarme sur un scénario dangereux, car les autorités du Burkina Faso ont annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’État à laquelle a participé l’ancien président par intérim, Paul-Henri Sandaogo Damiba, ainsi que des militaires et des « terroristes ».

L’ancien président intérimaire Paul-Henri Damiba renversé par Ibrahim Traoré

Dans ce contexte, le ministre burkinabé de la Sécurité, Mahamadou Sana, a déclaré dans une déclaration télévisée que « Damiba » a participé à une tentative de coup d’État manquée, soulignant que l’attaque armée menée par des terroristes le 24 août contre le village rural de « Barsalogho », de la province du Sanmatenga, situé dans la région Centre-Nord au Burkina, entraînant la mort d’au moins 200 personnes, a été le début du coup d’État.

Une attaque meurtrière dont le groupe « Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin » (JNIM) en a revendiqué la responsabilité.

Le ministre a accusé les civils et militaires résidant à l’étranger de tenter de « déstabiliser le Burkina Faso avec l’aide de puissances étrangères », sans toutefois impliquer ouvertement les pays où ils résident, en ajoutant que: « Ces personnes ont versé de l’argent à des groupes terroristes pour attaquer le palais présidentiel, une base aérienne militaire et un aéroport, et pour mener des attaques près de la frontière de la Côte d’Ivoire voisine ».

• La France est-elle impliquée dans cette tentative ?

Selon ce qui a été avancé par Dr Abdel-Muhaymin Muhammad Al-Amin, président de l’Université internationale Al-Maghili au Niger, quant aux raisons de cette tentative, depuis que Traoré a pris le pouvoir dans le pays, « la tendance dans les pays de la zone dite des ‘Trois Frontières’, notamment le Mali, le Burkina Le Faso et le Niger, s’est éloignée de la France et des Etats-Unis d’Amérique pour s’orienter vers la Russie, la Chine, la Turquie et l’Iran.

La même source a poursuivi en disant que « certains au Burkina Faso, en particulier des politiciens chevronnés, qui ont des liens et des intérêts idéologiques avec la France et l’Occident, n’aiment pas cette tendance », ajoutant que « même si la France a quitté le pays, Paris ne se contentera pas non plus de cette tendance et doit bouger pour la modifier ».

Dr Muhammad Al-Amin a indiqué entre-autre: « Il y a un très grand changement dans cette tentative de coup d’État, et cela ressort du rapport qui a été soumis sur la tentative, qui reflète l’ampleur du développement des renseignements dans les trois pays du Triangle frontalier du Sahel, et l’étendue de la coopération entre eux afin de contrecarrer cette tentative et de nombreux plans terroristes ».

Mais il ne faut pas oublier que le dénominateur commun entre toutes les tentatives de coup d’État survenues au Burkina Faso, reste ce doigt accusateur indirectement pointé vers la France, l’ancienne puissance coloniale qui a perdu une grande partie de son influence dans cette région du monde.

• La récréation est terminée: Place au travail et à la sauvegarde de sécurité nationale

Pour le gouvernement Traoré, qui a annoncé l’échec de cette tentative de coup d’État, « la marge de manœuvre a pris fin », et « Cela suggère que ces pays (Mali – Niger – Burkina Faso) sont prêts et travaillent à plein régime pour poursuivre et contrecarrer tout ce qui affecte la sécurité nationale et cette nouvelle tendance ».

Néanmoins, ceci laisse à croire que les répercussions de cette tentative « résident dans le fait qu’il y a des groupes au sein de l’armée et certains hauts responsables politiques qui seront probablement mobilisés par les promesses de la France pour faire évoluer la situation dans le pays ».

Toutefois, « il y aurait un message fort selon lequel le gouvernement reste attentif à toute tentative, et y fera face avec le reste des pays de la Confédération des Etats du Sahel », qui a été créée pour faire front à de telles actions, sachant que les trois pays auraient déjà commencé à s’appuyer sur eux-mêmes en échangeant entre eux des informations et l’orientation positive de la confédération, et ils se rendent compte à tous les niveaux que le succès de cette confédération dépend de leurs peuples ».

• Une situation sécuritaire qui demeure quand même critique


Il importe de noter que la situation au Burkina Faso reste témoin d’un état de troubles, d’instabilité et de tentatives répétées de changement du système constitutionnel. Une situation qui est due au renversement de l’ancien président (Damiba), qui n’a pas réussi à combattre les groupes terroristes qui ont réussi à contrôler de vastes zones du pays.

Même aujourd’hui, les terroristes contrôlent toujours certaines zones rurales, assiégeant des dizaines de villes et villages.

C’est d’ailleurs ce qui aurait conduit l’institution militaire au coup d’État. « Lorsque l’ancien chef de la junte militaire, Paul-Henri Sandaogo Damiba, n’a pas réussi à mettre fin aux groupes terroristes, le Capitaine Ibrahim Traoré s’est retourné contre lui dans des circonstances complexes et dans un délai n’excédant pas un an ».

Traoré a considéré que « toute tentative de coup d’État dans le pays est le résultat de la réalité sécuritaire dont il souffre, notamment l’expansion des groupes terroristes », ajoutant que « cette situation sécuritaire pousse les factions de l’Institution militaire à tenir Traoré pour responsable du résultat, et ils pourraient chercher, d’une manière ou d’une autre, à le renverser et à changer le régime, en se basant sur l’échec du gouvernement à faire face à ces groupes armés ».

• Traoré toujours engagé à éliminer les menaces contre la souveraineté de son pays

Le Burkina Faso est l’un des pays du Triangle frontalier du Sahel qui est considéré comme étant le plus vulnérable aux attaques terroristes dans la région.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, Traoré s’est engagé à éliminer le terrorisme, et n’a pas eu froid aux yeux pour ensuite accuser les États-Unis et les pays européens de menacer la souveraineté du Burkina Faso, ordonnant l’année dernière le départ des forces spéciales françaises stationnées dans le pays.

Traoré a annoncé à plusieurs reprises avoir déjoué les tentatives de coup d’État dans le pays au cours des mois qui ont suivi son accession au pouvoir, et a appelé la population à soutenir l’armée et à demander des comptes à ceux qui collaborent avec les terroristes, alors que le pays est confronté à des problèmes de sécurité et des défis humanitaires majeurs.

• Le mot de la fin

Les crises politiques en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel sont exacerbées par une série continue de coups d’État et de tentatives de déstabilisation, ce qui soulève de profondes questions quant à savoir si ces mesures visent à renforcer la stabilité des régimes ou s’ils font partie d’un règlement de comptes politique interne et externe..

La planification de ces tentatives impliquait des personnalités résidant dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria, dont l’ancien président Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a été démis de ses fonctions en septembre 2022.

Selon les autorités, le complot incluait « le soutien des services de renseignement occidentaux et le recours à des groupes terroristes » pour mener des opérations violentes visant les civils et les infrastructures gouvernementales.

On note également qu’au Bénin, le 26 septembre 2024, une tentative de coup d’État similaire qui était prévue pour le 27 du même mois a été révélée, avec l’arrestation du commandant de la Garde républicaine chargé de protéger le président Patrice Talon, ainsi que de l’ancien ministre des Sports, Oswald Homéky et de l’homme d’affaires Olivier Boko, un opérateur économique fortuné au Bénin, âgé de 60 ans, actif dans les marchés publics et l’agroalimentaire.

Les autorités indiquent que les personnes impliquées envisageaient de renverser le gouvernement avec le soutien de partis internes et externes, compliquant encore davantage le paysage politique du pays. Malgré des mesures de sécurité strictes, tout comme le Burkina Faso, le Bénin reste vulnérable à de telles menaces, notamment à la lumière de ses relations historiques avec la France et de son équilibre délicat avec les puissances régionales et internationales.

Nous pouvons en déduire que l’escalade des tentatives de coup d’État au Burkina Faso et au Bénin exerce une pression accrue sur les gouvernements de la région, qui se retrouvent confrontés à des menaces multidimensionnelles, dont certaines proviennent de tensions internes et d’autres d’interventions extérieures cherchant à atteindre des objectifs géopolitiques.

Dans ce contexte, la question se pose de savoir: Dans quelle mesure ces régimes sont capables de relever ces défis. Ces tentatives servent-elles l’intérêt de la stabilité régionale, ou s’agit-il de tactiques visant à régler des comptes politiques entre les élites dirigeantes et l’opposition ?

À la lumière de ces événements, on peut se demander s’il existe de réels efforts pour inclure le Bénin dans l’Alliance régionale des États du Sahel pour faire face à ces menaces, ou ces déclarations des régimes au pouvoir au Burkina Faso et au Bénin ne sont-elles que des stratégies visant à liquider l’opposition et à contrôler la scène politique ? Les interventions extérieures visent-elles à renforcer la stabilité ou sont-elles un moyen de réaliser leurs propres intérêts au détriment de la sécurité des pays africains ?

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