13% des Africains attribuent la responsabilité de l’action climatique aux pays riches

13% des Africains attribuent la responsabilité de l'action climatique aux pays riches
13% des Africains attribuent la responsabilité de l'action climatique aux pays riches

Walid Kéfi

Africa-Press – Burkina Faso. Alors que les vingt économies les plus avancées de la planète représentent près de 80% des émissions mondiales de carbone, 75% des Africains pensent que les gouvernements et les citoyens locaux devraient être à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique.

Peu d’Africains attribuent la responsabilité de la lutte contre le changement climatique et de l’atténuation de ses effets aux pays riches et aux entreprises industrielles, qui sont pourtant les principaux émetteurs historiques de gaz à effet de serre (GES), révèle une étude publiée le 4 avril 2025 dans la revue scientifique Comunications Earth & Environment.

Intitulée « Most Africans place primary responsibility for climate action on their own government », l’étude se base sur des enquêtes réalisées par le réseau panafricain de recherche Afrobarometer auprès de 26 735 personnes adultes ayant entendu parler du changement climatique dans 39 pays africains. Il en ressort que 45% des répondants déclarent croire que leur propre gouvernement est le premier responsable de l’action climatique, alors que 30% attribuent la responsabilité principale aux « citoyens africains ordinaires ».

13% des personnes interrogées pensent que les pays riches doivent être le fer de lance de l’action pour le climat. Des études récentes ont pourtant montré que le groupe des vingt économies les plus développées de la planète (G20) représente 77% des émissions mondiales de GES. Historiquement, les pays les plus développés ont davantage contribué aux émissions. Entre 1850 et 2022, les Etats-Unis étaient responsables de 20% des émissions de CO2 à l’échelle mondiale contre 12% chacune pour l’Union européenne et la Chine.

Par ailleurs, 8% des personnes sondées estiment que les entreprises industrielles devraient jouer un rôle important dans la réalisation des objectifs climatiques internationaux, bien qu’elles soient de grandes émettrices de GES.

Le rapport montre également que les citoyens interrogés dans les pays d’Afrique de l’Ouest sont les plus nombreux à estimer que leur gouvernement est responsable de la lutte contre le changement climatique, avec des taux supérieurs à 50% au Nigeria, au Liberia, au Niger, en Gambie, en Guinée, en Mauritanie, en Sierra Leone, au Mali et au Sénégal. A titre d’exemple, 76% des personnes interrogées au Nigeria estiment que leur gouvernement devrait être à l’avant-garde de la lutte contre le dérèglement climatique et de l’atténuation de ses effets néfastes.

Quatre petits Etats insulaires (Cap-Vert, Maurice, Seychelles et Sao Tomé-et-Principe) figurent parmi les dix premiers pays dans lesquels les citoyens attribuent la responsabilité principale de l’action climatique aux émetteurs historiques. Cela peut refléter une prise de conscience du fait que ces populations sont confrontées à un risque croissant d’élévation du niveau de la mer.

Plus généralement, le niveau d’instruction élevé, la faible prévalence de la pauvreté et l’accès aux médias, y compris les réseaux sociaux, sont associés à une attribution accrue de la responsabilité de l’action climatique aux émetteurs historiques.

Ces perceptions relatives à la responsabilité de l’action climatique par les personnes sondées sont d’autant plus étonnantes que l’Afrique est un continent qui subit de plein fouet les effets du changement climatique, malgré sa très faible contribution aux émissions de gaz à effet de serre. Bien qu’abritant 17% environ de la population mondiale, l’Afrique ne représente que moins de 4% des émissions mondiales de carbone.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les pays africains perdent déjà 2 à 5% de leur PIB en raison des « risques liés au climat », notamment les sécheresses, les inondations, les cyclones, les vagues de chaleur, la désertification et les pénuries d’eau. Ces pertes considérables, qui risquent de s’accroître durant les prochaines décennies, menacent la stabilité du continent, entravent sa croissance et son développement tout en réorientant des ressources rares vers la lutte contre les catastrophes climatiques.

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