Assurance en Afrique : les 5 tendances qui vont compter dans les années à venir

Assurance en Afrique : les 5 tendances qui vont compter dans les années à venir
Assurance en Afrique : les 5 tendances qui vont compter dans les années à venir

Herald Aloo

Africa-Press – Burkina Faso. Intelligence artificielle, start-up, risques climatiques… Nombreux sont les reconfigurations en cours dans le secteur de l’assurance sur le continent, dont les acteurs cherchent à renforcer leur capacité de résistance. Tour d’horizon des nouvelles orientations.

De l’essor de la micro-assurance et de l’assurance contre les risques climatiques à l’adoption de l’intelligence artificielle, les compagnies d’assurance trouvent de nouveaux moyens de stimuler leur croissance et d’étendre leur couverture sur le continent.

Les assureurs africains sont confrontés à des conditions difficiles, des taux d’intérêt élevés à la volatilité des devises, en passant par la multiplication des catastrophes naturelles et l’augmentation des fraudes. Malgré le vaste potentiel du secteur, souvent mis en avant par les promoteurs de l’industrie, la pénétration de l’assurance sur le continent reste faible, estimée à seulement 7 %.

1. L’intelligence artificielle

Comme dans la plupart des secteurs, les assureurs déploient de plus en plus l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique, qui permettent de traiter avec précision et rapidité de vastes bases données afin d’obtenir des informations sur les préférences et les comportements des clients. Cela permet d’adapter les polices, de commercialiser les produits, d’évaluer les risques et d’accélérer le traitement des sinistres, contrairement à la souscription traditionnelle qui prend du temps et est sujette aux erreurs.

Toutefois, la lutte contre la fraude reste le principal objectif de l’adoption rapide de l’IA, car elle permet de vérifier les demandes d’indemnisation et de détecter les irrégularités. En réduisant les activités frauduleuses, l’une des plus grandes préoccupations du secteur, les assureurs peuvent protéger leur rentabilité et leurs investissements, et offrir des primes compétitives nécessaires pour stimuler la pénétration de l’assurance. Le cabinet de conseil KPMG estime que 58 % des dirigeants du secteur de l’assurance sont convaincus d’obtenir un retour sur investissement dans les trois à cinq ans grâce à la mise en œuvre d’outils d’IA.

Dans l’assurance automobile, par exemple, la télématique pilotée par l’IA est utilisée sur des capteurs et des appareils intelligents pour collecter des données sur les comportements de conduite des assurés, qui sont à leur tour utilisées pour déterminer les taux de prime.

Toutefois, la réglementation de l’écosystème de l’IA étant quasiment inexistante dans la plupart des pays africains, il existe des risques d’abus, notamment en ce qui concerne les violations de données et l’utilisation abusive d’informations personnelles. L’Égypte, le Rwanda, l’île Maurice et le Bénin sont quelques-uns des rares pays africains à disposer d’une politique en matière d’IA, tandis que d’autres, comme le Kenya, ont récemment élaboré une stratégie nationale en matière d’IA afin de promouvoir une utilisation « responsable » et « éthique ».

2. Les « insurtech »

L’essor des start-up spécialisées dans les technologies appliquées au domaine de l’assurance (insurtech) a révolutionné le secteur traditionnel de l’assurance en simplifiant les inscriptions, le paiement des primes et le traitement des demandes d’indemnisation.

Les assureurs traditionnels réagissent en s’associant à des sociétés d’insurtech pour tirer parti de cette croissance. Des géants de l’assurance comme Allianz (aujourd’hui SanlamAllianz) se sont rapprochés de sociétés d’insurtech comme OKO et Bolttech pour améliorer les canaux de distribution, lancer de nouveaux produits et améliorer l’engagement des clients. Le réassureur panafricain Zep-Re dispose d’un programme insurtech qui recherche des solutions innovantes et évolutives pour transformer le secteur.

« Lorsque nous nous penchons sur l’assurance, l’une des questions clés est de savoir comment embarquer davantage de personnes. Beaucoup d’entreprises ne veulent pas payer des primes élevées pour les médicaments de leurs employés », explique Ikechukwu Anoke, PDG et fondateur de Zuri, une start-up kenyane qui propose des forfaits d’assurance maladie et d’assurance prêt.

Alors que les investissements combinés dans les entreprises africaines d’insurtech ont chuté de 53 % en glissement annuel pour atteindre 30,4 millions de dollars en 2023, les transactions ont augmenté de 13 % pour atteindre 17 transactions au total, selon Fintech Global, ce qui souligne l’intérêt croissant pour le renforcement de la technologie. Le Nigeria, l’Afrique du Sud et le Kenya figurent parmi les principales destinations des investissements dans l’insurtech.

3. La micro-assurance

Le coût élevé des primes, largement dicté par la perception du risque et le coût du capital, reste le principal obstacle à la pénétration de l’assurance en Afrique. Bien qu’ils en soient encore à leurs balbutiements, les produits de micro-assurance jouent un rôle important dans la promotion de l’inclusion financière et gagnent du terrain pour résoudre les problèmes d’accessibilité financière, en offrant un filet de sécurité à un plus grand nombre de personnes à faible revenu qui, autrement, ne seraient pas assurées. Au Kenya, par exemple, le nombre de souscripteurs de micro-assurance a presque doublé depuis 2015, tandis qu’au Nigeria, la sensibilisation à ce type de polices gagne du terrain.

Outre les initiatives et les réglementations gouvernementales, les options de paiement flexibles, comme le règlement des primes en plusieurs fois, favorisent l’adoption des régimes de micro-assurance et stimulent leur croissance. Cependant, plusieurs pays, dont le Malawi, la Zambie et la RDC, sont encore confrontés à des lacunes en matière de développement commercial et de réglementation qui entravent le potentiel de croissance de cette solution.

Le marché mondial de la micro-assurance était évalué à 74,2 milliards de dollars en 2023 et devrait croître de plus de 6,5 % par an entre 2024 et 2032, année où il devrait atteindre 133,7 milliards de dollars. Le manque de confiance et les prix trop élevés restent toutefois des obstacles majeurs.

4. L’assurance islamique

Les compagnies d’assurance rejoignent progressivement les banques en proposant des produits de souscription conformes à la charia, connus sous le nom de takaful [l’assurance takaful est un concept d’assurance conforme à la foi islamique basé sur la solidarité, la responsabilité mutuelle et la coopération, ndlr], alors que les institutions s’efforcent de soutenir l’inclusion financière et d’élargir la portée du marché.

En proposant des produits takaful, qui impliquent principalement le partage des bénéfices et la mise en commun de fonds pour couvrir les risques au lieu de payer des primes d’assurance, les compagnies d’assurance conventionnelles s’adressent à la communauté musulmane dans son ensemble. Cependant, les compagnies d’assurance islamiques sont relativement peu nombreuses, en particulier dans les pays à dominante chrétienne, les problèmes liés à la réglementation et à la complexité de la structuration étant les principaux goulets d’étranglement.

Le Nigeria, où la population musulmane et non musulmane est presque égale, fait partie des quelques pays où le secteur du takaful s’est développé de manière significative, passant d’une seule compagnie en 2005 à une dizaine aujourd’hui. Au Kenya, Takaful Insurance of Africa est le seul assureur islamique à part entière, mais ses actionnaires sont des compagnies d’assurance conventionnelles, dont le groupe CIC, qui l’aident à proposer des assurances santé, vie et générales. En Ouganda, le concept est relativement nouveau, tandis qu’en Tanzanie, CRDB Bank et First United Takaful sont les pionniers du produit depuis le début de l’année 2024.

Selon Allied Market Research, le marché mondial de l’assurance takaful atteindra 97,17 milliards de dollars d’ici 2030, contre 24,85 milliards de dollars en 2020, soit un taux de croissance annuel de 14,6 %.

5. L’assurance agricole

L’Afrique étant durement touchée par le changement climatique, l’assurance agricole est devenue un besoin pressant pour protéger les assurés contre les pertes potentielles liées à la sécheresse et aux inondations qui menacent la sécurité alimentaire mondiale. Les défis climatiques, associés à l’apparition de ravageurs et de maladies, ont exercé une pression financière considérable sur les petits exploitants agricoles qui représentent une part importante de la production agricole du continent.

Par conséquent, les assureurs et les institutions de développement ajustent leurs politiques pour atténuer ces risques en proposant des produits de souscription subventionnés destinés à toutes les parties prenantes, y compris les agriculteurs et les acteurs de la chaîne de valeur tels que les prêteurs et les fournisseurs d’intrants agricoles.

ZepRe, par exemple, a lancé en 2023 un projet DRIVE de 360,5 millions de dollars, avec le soutien de la Banque mondiale, pour protéger les éleveurs contre les risques de sécheresse à Djibouti, en Éthiopie, au Kenya et en Somalie. La Banque africaine de développement (BAD) a également mis en place la Facilité africaine d’assurance contre les risques climatiques pour l’adaptation (The Africa Climate Risk Insurance Facility for Adaptation ou Acrifa), qui vise à mobiliser 1 milliard de dollars de capitaux concessionnels à haut risque et de subventions pour stimuler la souscription de risques liés au climat par l’intermédiaire d’assureurs primaires et de réassureurs régionaux dans toute l’Afrique.

Ces initiatives de protection s’inscrivent dans le droit fil des objectifs de développement durable et de l’action en faveur du climat. Malgré des avantages évidents, le recours à l’assurance agricole reste faible. Plusieurs facteurs y contribuent, notamment l’accès limité aux données, le manque de sensibilisation et de capitaux suffisants pour maintenir des primes peu élevées.

Source: JeuneAfrique

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