Bio-Tchané, Nignan, Tani Ilboudo… Les artisans de la fortune du burkinabè Apollinaire Compaoré

Bio-Tchané, Nignan, Tani Ilboudo… Les artisans de la fortune du burkinabè Apollinaire Compaoré
Bio-Tchané, Nignan, Tani Ilboudo… Les artisans de la fortune du burkinabè Apollinaire Compaoré

Nadoun Coulibaly

Africa-Press – Burkina Faso. Finance, télécoms, distribution… L’entrepreneur burkinabè, ancien associé du tycoon ivoirien Bernard Koné Dossongui et du Béninois Séverin Adjovi au sein de Telecel Faso, a bâti le groupe Planor Afrique. Ce holding pèse plusieurs centaines de milliards de francs CFA.

Propriétaire, entre autres, de Telecel Faso, numéro trois de la téléphonie mobile au Burkina, et du groupe Union des assurances du Burkina (UAB) par le biais de sa filiale Alpha West Africa, Apollinaire Compaoré possède une myriade d’entreprises. Parmi elles, Burkina Moto et la Société burkinabè d’équipement (SBE), un établissement de crédit spécialisé dans la vente au comptant et à crédit de biens d’équipements.

Pour assurer une meilleure synergie entre ces multiples activités, Compaoré – qui était, par ailleurs, jusqu’à octobre 2023 le patron des patrons burkinabè – s’entoure d’une poignée de fidèles qui dirigent la stratégie du groupe Planor Afrique. Une organisation qui lui a permis de se développer dans la finance, avec Wendkuni Bank International (WBI) et, maintenant, avec Faso Crédit, spécialisé dans la microfinance.

Les VIP

Entrepreneur autodidacte, connu pour son flair, Apollinaire Compaoré est réputé proche d’Abdoulaye Bio-Tchané, ancien président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et ancien ministre béninois des Finances, aujourd’hui titulaire du portefeuille du Développement et de la Coordination de l’action gouvernementale. Il est également proche de plusieurs chefs d’État de la région. Roch Marc Christian Kaboré alors président du Burkina Faso, avait appuyé la demande de licence bancaire de Wendkuni Bank International auprès de la Commission bancaire, le gendarme du secteur bancaire, sis à Abidjan.


Jean-Damascène Nignan, l’assureur

Après avoir dirigé la filiale béninoise du marocain Saham Assurance et, de 2008 à 2015, la branche IARDT de l’Union des Assurances du Bénin (UAB, groupe Planor Afrique), qu’il a redressée et dont il a apuré les impayés (9 milliards de F CFA, soit 14 millions d’euros), Jean-Damascène Nignan, 51 ans, est rappelé par Compaoré en 2018. Il lance l’opération « reconquête du marché de l’assurance-vie » et procède à plusieurs ajustements du capital de l’entreprise. Il est à l’origine du plan stratégique (2019-2022) qui a permis à l’assureur de doubler son chiffre d’affaires, lequel s’élève à 23,7 milliards de F CFA (+74%). De même, le résultat, qui était de plusieurs centaines de millions, atteint près de 2 milliards de F CFA.

Les « soldats » Compaoré

Apollinaire Compaoré implique peu à peu ses enfants dans le business familial. L’aînée, Nadège Compaoré, est aux commandes d’Alpha Mining, la filiale industrielle, qui détient un permis d’exploitation aurifère près de Bobo-Dioulasso, dans l’ouest du Burkina Faso. Ses frères, Boris et Jonathan Compaoré, assurent la relève à Telecel.

Après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur en télécoms et fait un passage chez Orange, Boris Compaoré intègre Telecel Faso en tant que directeur général adjoint aux côtés de Dimitri Ouédraogo. Brillant et discret, ce dernier a été l’un des piliers du dispositif Compaoré au Burkina Faso à partir de 2010, et ce pendant une dizaine d’années. Après son départ, Boris Compaoré a pris les rênes de Telecel, et son frère cadet, Jonathan, est devenu directeur de la stratégie.

Enfin, la filiale malienne, Alpha Télécommunication, est pilotée par Joseph Gouba, ancien directeur technique du groupe Planor. Il a succédé au Sénégalais Souleymane Diallo, qui a entamé la commercialisation de la troisième licence de téléphonie mobile au Mali.

Emmanuel Kabré, la tour de contrôle

Ancien cadre de la filiale locale de la Société Générale, Emmanuel Kabré a remplacé, au sein de Planor, Adama Sanfo, ex-secrétaire général du groupe et artisan de la conception de Wendkuni Bank. À 60 ans, il chapeaute et supervise les activités de l’ensemble des filiales et s’occupe des dossiers qu’Apollinaire Compaoré lui confie directement. Kabré siège également aux conseils d’administration et aux conseils de gestion.

Marie-Jeanne Christine Tani Ilboudo, la banquière

Ancienne directrice générale de la filiale burkinabè de la Banque de l’Union (BDU) et ex-cadre d’Ecobank, Marie-Jeanne Christine Tani Ilboudo est l’éminence grise d’Apollinaire Compaoré dans le secteur bancaire. Avec elle, WBI est entré dans la catégorie des banques moyennes. Depuis sa création, en 2018, son bilan est compris entre 100 et 300 milliards de F CFA.

Aux côtés du patron de Planor Afrique, elle prépare l’ouverture de succursales de sa filiale bancaire à Abidjan et à Lomé, afin de permettre à l’établissement financier d’accéder à de nouveaux marchés de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

Kam Olé, l’expert en télécoms

Ancien dirigeant de Sifa (Société industrielle du Faso), une société d’État spécialiste des deux roues et liquidée en 2009, Kam Olé, aujourd’hui expatrié aux États-Unis, continue de représenter Apollinaire Compaoré au conseil d’administration de Telecel Faso et comme administrateur chez MTN Côte d’Ivoire avec Jonathan Compaoré. L’entrepreneur détient plus de 26% du capital de l’opérateur.

Pierre-Claver Damiba, l’œil du banquier

Premier président de la BOAD et ancien représentant du PNUD, Pierre-Claver Damiba est l’un des hommes de confiance d’Apollinaire Compaoré. Il a accompagné le développement de ses activités durant plusieurs décennies.

Pour que son expansion soit « bordée » sur le plan juridique, Apollinaire Compaoré recourt aux services de cabinets d’avocats locaux, notamment à ceux du cabinet de l’avocat burkinabè Frédéric Lompo depuis plus de vingt ans. Me Sory Ouattara et Me Paulin Salembéré le conseillent quotidiennement sur différents dossiers d’investissements. Enfin, Compaoré n’hésite pas à s’attacher les services d’avocats internationaux, comme ceux d’Yves Grosman, du barreau de Paris, à qui il a confié le contentieux de son implication présumée dans une affaire de financement du terrorisme au Sahel.

Source: JeuneAfrique

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