Burkina : le coup d’État de Damiba risque-t-il de bloquer le plan de développement ?

Burkina : le coup d’État de Damiba risque-t-il de bloquer le plan de développement ?
Burkina : le coup d’État de Damiba risque-t-il de bloquer le plan de développement ?

Africa-Press – Burkina Faso. La démission forcée de Roch Marc Christian Kaboré et la prise de pouvoir par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba interviennent alors que le financement du nouveau Plan national de développement, prévu pour la période 2021-2025, était en négociation. Ouagadougou espérait obtenir au moins huit milliards d’euros de la part de ses partenaires internationaux.

Le coup d’État militaire des 23-24 janvier survenu au Burkina Faso est intervenu quelques semaines à peine après une réunion prévue au début de décembre 2021 à Bruxelles (Belgique) entre le gouvernement du désormais ex-président Roch Marc Christian Kaboré et les représentants des institutions multilatérales de développement (Banque mondiale, Programme des Nations unies pour le développement et l’Union européenne).

Lors de cette rencontre, finalement reportée sine die en raison de la crise sanitaire, le gouvernement burkinabè entendait présenter aux partenaires internationaux du pays le deuxième Plan national de développement économique et social (PNDES-II), couvrant la période 2021-2025.

D’un coût global de 19 000 milliards de F CFA (environ 29 milliards d’euros), ce nouveau plan doit en principe être financé à hauteur de 63 % sur les ressources propres du pays, soit un total d’environ 12 milliards de F CFA. Une part correspondant à 9 % du Plan (1 700 milliards de F CFA) a fait l’objet de « conventions déjà conclues avec les partenaires au développement ». Le reliquat, pas moins de 5 300 milliards de F CFA (28 % du coût global), est au cœur des négociations et de la campagne de marketing que menait le gouvernement désormais dissout auprès des bailleurs de fonds.

Le PNDES II vise à accentuer les investissements dans les secteurs productifs comme l’énergie, les mines et la transformation agricole pour, in fine, doper la croissance, qui serait projetée à plus de 7, 7 % par an sur la période 2021-2025.

Deuxième meilleure performance après la Côte d’Ivoire

Avec le PNDES II, le gouvernement burkinabè espérait renouer avec les « années glorieuses » enregistrées après la mise en place du Plan national de développement économique et social. Lancé en 2016 pour un coût d’environ 15 400 milliards de F CFA, ce « plan Marshall » à la sauce burkinabè a permis de remettre la croissance économique sur les rails en dépit d’un contexte sécuritaire délicat. Ainsi, le taux moyen de croissance du PIB s’est élevé à 6,3 % entre 2016 et 2019, contre 4 % entre 2014 et 2015, ce qui a fait du Burkina le deuxième pays le plus performant en la matière au sein de l’Uemoa, derrière la Côte d’Ivoire.

Malgré les attaques terroristes et la crise sanitaire qui continuent d’avoir un impact négatif sur l’économie, induisant des entorses budgétaires avec un déficit public qui, selon le Fonds monétaire international (FMI), s’est élevé à 5,3 % du PIB en 2020, le pays semble assez résistant.

À moyen terme, il demeurera crucial de régler la crise sécuritaire et de promouvoir une croissance forte et inclusive

Et c’est ce bon résultat – porté notamment par l’investissement dans les infrastructures routières, conçues pour désenclaver le pays, et dans les centrales solaires, qui ont permis de porter la puissance disponible à plus de 0,5 gigawatt, contre 0,32 gigawatt auparavant – que le ministre de l’Économie, Lassané Kaboré, mettait en avant auprès de la communauté des investisseurs pour promouvoir le nouveau référentiel de développement du pays.

Chocs liés aux dépenses

Malgré ces avancées – et bien avant le coup d’État de cette fin de janvier –, le FMI notait que les principaux risques pesant sur les perspectives du pays étaient l’incertitude autour de la durée de la pandémie et la crise sécuritaire. Sur les six dernières années, les violences liées aux groupes jihadistes ont fait plus de 2 000 morts, dont environ 500 parmi les forces de défense et de sécurité, et ont contraint plus de 1,4 million de personnes à fuir de chez elles.

« À moyen terme, insistait le Fonds, il demeurera crucial de régler la crise sécuritaire et de promouvoir une croissance forte et inclusive. Par conséquent, il conviendra de ramener le déficit budgétaire à l’objectif régional de 3 % du PIB de manière plus progressive [en 2024, soit un an plus tard que prévu au niveau régional]. » Un décalage devant permettre au pays de préserver une marge de manœuvre face aux effets sur la croissance et aux ajustements budgétaires provoqués par les chocs liés aux dépenses de sécurité et de lutte contre la pandémie.

Reste à savoir si les nouvelles autorités sauront répondre à ces défis tant sécuritaires qu’économiques. Pour le moment, plusieurs opérateurs miniers du pays – le Burkina est le quatrième producteur d’or du continent derrière l’Afrique du Sud, le Ghana et le Mali – ont annoncé maintenir leurs opérations et ne pas avoir été affectés par la « situation politique ». C’est le cas notamment de Endeavour Mining, qui exploite la mine d’or de Houndé, et de Trevali Mining, qui exploite la mine de zinc de Perkoa.

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