En Afrique, le français Proparco est (enfin) prêt à prendre un peu plus de risques

En Afrique, le français Proparco est (enfin) prêt à prendre un peu plus de risques
En Afrique, le français Proparco est (enfin) prêt à prendre un peu plus de risques

Africa-Press – Burkina Faso. Nommée directrice générale en mars 2022 en remplacement de Grégory Clemente, Françoise Lombard n’avait pas pour mission de révolutionner Proparco, la filiale de l’Agence française de développement (AFD) dévolue au secteur privé. Mais sa promotion traduit néanmoins la volonté d’impulser un changement de cap.

Pendant sept ans, son prédécesseur a cravaché pour faire gonfler les effectifs, passés de 150 à plus de 400 collaborateurs, dont 100 sur le terrain. Il a surtout plus que doublé les engagements annuels de Proparco, qui ont atteint 2,3 milliards d’euros en 2022 – dont environ la moitié est consacrée au continent.

3,5 milliards d’euros
Cette proche de Rémy Rioux, auparavant directrice financière de l’AFD, passée comme son patron par la direction du Trésor, est d’ailleurs arrivée seule et n’a pas bouleversé l’organigramme. Mais, en accord avec celui qui a entamé un troisième mandat à la tête du groupe de la banque de développement française, elle veut davantage prendre en compte l’évolution du contexte international, marqué par la pandémie de Covid, la guerre en Ukraine et les changements climatiques. Cette approche stratégique sera présentée officiellement le 27 mars.

Premier constat, la course à la croissance est arrêtée et, selon nos informations, les grands équilibres financiers seront stabilisés, au moins jusqu’en 2025. Il s’agit avant tout d’affiner la manière dont Proparco travaille avec ses clients, en étant plus attentifs à leurs spécificités.

Si les objectifs en faveur du climat et de la réduction des inégalités sont affirmés pour l’ensemble des zones d’intervention, Proparco va sur le continent privilégier les projets capables de renforcer la résilience des économies. Il s’agit de cibler les grands projets d’infrastructures (comme le barrage de Nachtigal au Cameroun), l’appui à la création de capacités locales de transformation et aux nouveaux modèles, comme l’économie circulaire. Françoise Lombard veut privilégier des engagements sur le long terme au travers d’un accompagnement qui ne doit pas être exclusivement financier.

Dans cette perspective, ses équipes élaborent la deuxième phase du programme Choose Africa, qui avait permis d’engager 3,5 milliards d’euros entre 2018 et 2022 au profit des TPE et PME, dont 800 millions de manière contracyclique pendant la pandémie.

Pays fragiles
Une attention particulière sera accordée aux pays fragiles, où Proparco entend entre autres aider à développer les systèmes financiers locaux et le secteur de l’agro-industrie, dans le but de contribuer à une meilleure sécurité alimentaire. C’est par exemple le sens du soutien (25 millions de dollars, signé en 2020) apporté au semencier zimbabwéen Seed co, dont le groupe français Limagrain est par ailleurs actionnaire, à travers sa filiale Vilmorin. Ces investissements profiteront notamment de fonds européens et français, comme l’initiative présidentielle FARM, dotée de 36 millions d’euros.

Les start-up bénéficieront, elles, du développement d’une activité de capital-risque démarrée fin 2022 avec un budget annuel de 30 millions d’euros, qui complète l’action de Digital Africa (10 millions par an) prévue pour accompagner les toutes premières phases de développement de ces jeunes pousses. Les investissements seront réalisés en direct ou par des gestionnaires comme Partech. Pour effectuer son passage à l’échelle, Proparco mise à nouveau sur des fonds européens, dont l’octroi sera finalisé cette année ou en 2024.

Afin d’inciter davantage d’investisseurs privés à s’engager en Afrique, Françoise Lombard a aussi la volonté de partager une part de leurs risques. Pas question néanmoins d’obérer l’équilibre financier de Proparco, l’objectif global de rentabilité reste le même. Elle s’est également engagée à mieux articuler son action avec celle de sa maison mère, ainsi qu’avec Expertise France, qui a rejoint le groupe AFD l’an dernier.

Dans la foulée de l’annonce de sa stratégie, la patronne s’envolera le 28 mars pour le Tchad, où elle rencontrera des acteurs des secteurs des énergies renouvelables et de l’agroalimentaire, en plus des responsables locaux de la Société générale. Le lendemain, elle rejoindra le Cameroun, qui est le premier pays d’intervention de Proparco en Afrique centrale. Sur place, Françoise Lombard célèbrera les 20 ans du bureau régional, s’entretiendra avec Célestin Tawamba, le patron du Gicam, qui est aussi le fondateur du groupe Cadyst, premier producteur de pâtes et de farine du pays, avec lequel un partenariat est à l’étude.

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