Forêt communale de Fada N’Gourma : 18 exploitants outillés sur le potentiel économique des produits forestiers non-ligneux

Forêt communale de Fada N’Gourma : 18 exploitants outillés sur le potentiel économique des produits forestiers non-ligneux
Forêt communale de Fada N’Gourma : 18 exploitants outillés sur le potentiel économique des produits forestiers non-ligneux

Africa-PressBurkina Faso. L’ONG allemande Konrad Adenauer a organisé, les 29 et 30 avril 2021 à Fada N’Gourma, un atelier de formation au profit de 18 exploitants des ressources naturelles de la forêt communale de Fada N’Gourma sur le potentiel économique des produits forestiers non-ligneux. La cérémonie a été placée sous les auspices du haut-commissaire de la province du Gourma, Adama Jean-Yves Béré.

En milieu rural, une grande partie de l’alimentation est assurée par les produits forestiers non-ligneux (PFNL) : karité, baobab, tamarinier, lianes, rônier, miel, cuir et peaux ; plantes médicinales comme le caïlcédrat, l’eucalyptus, l’acacia, etc. Ces produits remplacent les cultures céréalières durant les périodes de crise. Mais leur potentiel économique est très souvent méconnu des populations.

Dans le cadre de son projet « Un seul monde sans faim – les droits des femmes à l’accès à la terre en Afrique de l’Ouest » mis en œuvre au Bénin, au Togo et au Burkina Faso (dans les provinces du Gourma, de la Tapoa et du Séno), la Fondation Konrad Adenauer a accompagné la commune de Fada N’Gourma dans l’élaboration d’une charte foncière en octobre 2018. Cette charte réglemente l’utilisation des ressources naturelles de la forêt du secteur 9 de Fada N’Gourma, d’une superficie de 325 hectares. Bien gérée, cette forêt peut être source de revenus à travers l’exploitation des produits forestiers non-ligneux.

Pour la deuxième phase de ce projet, la Fondation Konrad Adenauer met l’accent sur les questions économiques de la sécurisation foncière. D’où l’organisation d’un atelier de formation au profit de 18 exploitants de la forêt communale sur le potentiel économique des PFNL.

Potentialités de la province

Dans sa communication inaugurale, le haut-commissaire de la province du Gourma, Adama Jean-Yves Béré, a salué cette initiative de la Fondation Konrad Adenauer qui permet de préserver la forêt pour les générations futures à travers des prélèvements rationnels dans ladite forêt. Il a présenté les potentialités de la région de l’Est en général et de la province en particulier, en dépit de l’insécurité qui gangrène le développement. Ces potentialités sont fauniques, touristiques (le baobab sacré, la cour royale, le marché de bétail, etc.) et forestières.

Une végétation encore jeune

Parlant de la forêt communale de Fada N’Gourma et de ses potentialités en espèces ligneuses, le directeur provincial en charge de l’environnement, Ouédraogo Harouna, dira que la végétation est encore jeune et qu’il y a une forte régénération en vogue. « Les espèces les plus représentées à plus de 70% sont les Combretaceae qui sont plus des bois de feu que des arbres fruitiers. Il y a moins d’espèces pourvoyeuses de produits forestiers non-ligneux comme le baobab, le karité, le néré, le tamarin. Les pieds sont encore jeunes, on peut les entretenir mais on peut faire des activités de reforestation afin d’améliorer leur potentiel », a indiqué l’inspecteur des eaux et forêts.

Il a également indiqué que la situation sanitaire des arbres de la forêt est globalement très bonne. « Mais, précise-t-il, il y a près de 115 hectares de terres qui sont dégradées ». Et de suggérer : « Il faudra entreprendre des actions de récupération de ces terres, que ce soit manuel ou mécanique ».

27 000 plants mis en terre en trois ans

L’expert en développement rural, Germain Marie Ignace Tira, lui, s’est entretenu avec les participants sur les stratégies à mettre en œuvre pour une meilleure gestion des ressources de la forêt et les pratiques innovantes pour que les PFNL soient développés à leur juste valeur. Selon lui, il n’y a pas de stratégie unique en matière de gestion de ressources forestières.

Il a fait remarquer qu’en trois ans, 27 000 plants de PFNL ont été mis en terre au niveau de la forêt. Et si jusque là les populations ne s’y intéressaient pas, c’était dû au fait qu’elles n’étaient pas impliquées. « Quand tu te sens responsable d’un arbre, l’arbre grandira », a indiqué le formateur, convaincu qu’à l’issue de cette formation, les populations s’approprieront le projet car sans entretien de ces PFNL, aucun bénéfice n’est possible.

Le crownfunding comme système de financement innovant

Le clou de l’atelier a consisté, pour Shilo Alphonse Liré, à livrer les stratégies de financements innovants appropriées pour la valorisation des PFNL. Cette communication a permis aux participants de prendre en compte les aspects importants dans la formulation de leurs coûts de projet et à passer en revue les financements classiques des projets par les fonds de l’Etat, les programmes nationaux et les institutions de micro-finance.

Pour ce qui est du nouveau système de financement approprié et adapté à la promotion des produits forestiers non-ligneux, le formateur a proposé le crownfunding ou le crownlending. Il s’agit d’un appel à participation au niveau des populations, à travers une plateforme, pour soutenir une entreprise ou des particuliers. Cela peut se faire en prêts (crownlending) ou en dons (crownfunding).

Le vrai développement par les acteurs à la base

Selon le coordonnateur de la Fondation Konrad Adenauer, Dr Dramani Ouédraogo, un travail sera mené à l’issue de cette formation, afin d’amener les exploitants à maîtriser les mécanismes des différentes sources de financement disponibles. En attendant, Dr Ouédraogo a confié que la fondation, en collaboration avec la commune de Fada N’Gourma, a déjà soumissionné à un appel à projets de l’Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) à Dakar, au Sénégal.

« On ne pas avoir de développement si les acteurs eux-mêmes ne s’impliquent pas. L’aide peut venir d’ailleurs mais elle ne va jamais suffire pour que nous puissions sortir de notre situation. C’est pourquoi nous n’avons cessé de répéter aux exploitants que la véritable source de financement reste eux-mêmes », a conclu Dr Dramani Ouédraogo.

Herman Frédéric Bassolé

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