Hilton, Marriott, Accor… Pourquoi nombre d’hôtels africains n’ont pas ouvert en 2023

Hilton, Marriott, Accor… Pourquoi nombre d’hôtels africains n’ont pas ouvert en 2023
Hilton, Marriott, Accor… Pourquoi nombre d’hôtels africains n’ont pas ouvert en 2023

Africa-Press – Burkina Faso. Sur les 136 inaugurations d’établissements hôteliers planifiées l’an dernier, seules 29 ont effectivement eu lieu. En cause, l’inflation et les dépréciations monétaires, mais pas seulement.

« Retrouver ou dépasser les niveaux de 2019 »: dans quasiment toutes les industries, l’objectif de ces années post-pandémie est le même, érigeant a posteriori cette année-là comme un millésime exceptionnel. Dans l’hôtellerie, l’ambition semble encore une gageure, tant le nombre d’établissements ouverts – 29 en 2023 – reste loin des 68 enregistrés en 2019, selon le W Hospitality Group, qui recense chaque année depuis seize ans le portefeuille de projets des chaînes hôtelières sur le continent.

« Accor a ouvert près de 300 chambres dans le monde l’année dernière, Hilton, près de 400, et Marriott International, près de 560, ce sont des croissances remarquables. Mais sur le total des ouvertures de Hilton, deux seulement ont eu lieu en Afrique, contre quatre pour Marriott International et six pour Accor », détaille le dernier rapport du groupe, paru ce 26 mars.

Seules 21 % des ouvertures prévues ont eu lieu

Les trois géants, qui portent pourtant, avec Radisson et InterContinental, 66 % des projets par le nombre d’hôtels et 71 % du portefeuille si l’on raisonne en nombre de chambres, voient donc leurs réalisations avancer modestement en Afrique.

Car 2023 « aurait dû être l’année de la reprise », estime Trevor Ward, directeur général de W Hospitality Group, contacté par Jeune Afrique. Mais la réalité analysée dans le rapport qu’il cosigne est jugée « décevante ». Il faut dire que 136 nouveaux hôtels auraient dû ouvrir leurs portes entre janvier et décembre, selon les annonces faites en début d’année par les promoteurs. Le taux de réalisation, de 21 %, est le pire enregistré par W Hospitality Group au cours des dix dernières années.

À l’exception du Maroc, les plus grandes destinations hôtelières du continent, à savoir l’Égypte, le Nigeria et l’Éthiopie, rencontrent des difficultés économiques et monétaires qui, dans le cas de l’Éthiopie, s’ajoutent à un conflit interne. « Les coûts de construction ont globalement augmenté en même temps que l’inflation générale et les taux d’intérêt, tandis que des facteurs géopolitiques réduisaient la disponibilité des financements et que la dépréciation de monnaie aggravait la situation dans certains pays », poursuit le rapport.

Pas d’effet « coup d’État »

En revanche, « les troubles politiques dans la “ceinture de coups d’État” n’ont pas eu d’impact sur les signatures dans le reste de la région, constate W Hospitality Group. Certes, il n’y a actuellement aucun projet en cours de développement au Mali, et le Niger comme le Burkina n’en comptent qu’un chacun. Ces deux projets ont d’ailleurs un seul et même promoteur, Azalaï, de l’homme d’affaires malien Mossadeck Bally. « Investir au Mali ou au Burkina Faso représente un risque que les groupes internationaux, notamment américains, ne sont pas prêts à prendre, et les financiers ne sont de toute façon pas prêts à les suivre », commente Trevor Ward.

Investir au Mali ou au Burkina Faso représente un risque que les groupes internationaux ne sont pas prêts à prendre.

Dans le cadre de son activité de consultant, ce dernier se rappelle avoir cherché récemment, en vain, un repreneur pour un établissement de Bamako.

Mossadeck Bally, lui, a pu compter sur le soutien de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et de Coris Bank pour financer son projet au Burkina Faso, dont « les travaux sont quasiment terminés et qui rouvrira ses portes en juin prochain », explique-t-il à Jeune Afrique. Mais l’homme d’affaires – et patron des patrons maliens – indique ne pas avoir commencé le montage financier concernant son établissement de Niamey, pour lequel les travaux ne sont pas attendus avant la mi-2025.

Mais la minceur du portefeuille de projets dans ces pays n’est pas due aux soubresauts politiques de ces derniers mois. À la différence du Nigeria, du Ghana ou même de la Côte d’Ivoire, ils « n’ont jamais été des moteurs du développement hôtelier en Afrique de l’Ouest », relève le rapport.

Au Gabon, le seul projet enregistré est celui de l’américain Wyndham Hotels and Resorts pour l’aéroport de Libreville. Celui d’Accor dans la baie des Rois, annoncé par le promoteur Kasada et le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) quelques semaines avant le renversement d’Ali Bongo Ondimba, « ne figure pas, à ce jour, parmi les projets qui peuvent être recensés par le rapport », précisent les intéressés – W Hospitality comptabilise les contrats signés et non les protocoles d’accords.

De plus en plus de resorts en Afrique de l’Ouest

L’année 2024 se présente-t-elle sous de meilleurs auspices ? Si 139 ouvertures sont annoncées, 40 % sont en réalité des reports de lancements initialement prévus en 2023. Mais Trevor Ward voit dans le fruit de ses recherches plusieurs raisons d’être optimiste. En premier lieu, la multiplication des projets de resorts – de pur loisir – en Afrique de l’Ouest.

« Jusqu’à récemment, on pouvait dire que le nord et l’est du continent accueillaient un tourisme de loisir et l’ouest un tourisme d’affaires, l’Afrique du Sud combinant les deux. Ce n’est plus le cas, et il faut s’en réjouir », estime le consultant, alors que les projets relevant du resort sont passés de 24 % à 30 % du pipeline entre 2023 et 2024. En outre, la villégiature représente près de la moitié des chambres ouvertes en 2023, remarquent les auteurs du document.

Le tourisme intra-africain s’épanouit

Deuxième constat, celui d’un développement du tourisme domestique sur le continent, « même si tout dépend de la taille du marché intérieur, le Bénin sera toujours plus dépendant que le Nigeria de la clientèle internationale », indique Trevor Ward.

Ce dernier relève enfin le récent assouplissement de l’Angola en matière de visa. « Cela a été une vraie surprise, car c’était le visa le plus difficile à obtenir, et soudain il n’était plus nécessaire pour les ressortissants de la plupart des pays. C’est un progrès considérable, et cela va faciliter les projets hôteliers, notamment dans le domaine du loisir », se félicite-t-il, espérant que le virage angolais fera des émules.

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