Nadoun Coulibaly
Africa-Press – Burkina Faso. La reprise de la filiale mauritanienne du groupe français Société générale par Coris Holding, que pilote le banquier burkinabè Idrissa Nassa, se fait toujours attendre. Explications.
Alors que la prise de contrôle de Société générale au Tchad connaît des avancées significatives avec l’obtention du feu vert du gendarme bancaire régional, Idrissa Nassa et Coris Holding calent en Mauritanie. « Le Tchad, c’est bon, nous avons obtenu l’agrément unique de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale [Cemac] en octobre et devons finaliser le deal d’ici à la fin de
Rififi politico-économique
Interrogé sur l’acquisition de la filiale mauritanienne, notre interlocuteur affirme que les négociations sont toujours en cours. « Nous n’avons pas renoncé, mais nous sommes encore en discussion avec le régulateur », résume-t-il.
Selon nos informations, des banquiers mauritaniens, inquiets de la force de frappe de Coris, font pression sur leur gouvernement pour ne pas autoriser l’arrivée du groupe bancaire dans le pays, dont le secteur bancaire est dominé par des établissements familiaux, comptant 17 enseignes dont 7 banques islamiques et 3 banques à capitaux majoritairement étrangers.
Ce rififi politico-économique n’arrange pas les choses et ralentit jusqu’ici l’opération, qui porte sur la cession de 95,5 % des parts détenues par le géant français au groupe burkinabè.
Par le passé déjà, Coris Holding a connu une expérience délicate dans le pays. Alors qu’il avait acquis 35 % de la Banque internationale pour l’Afrique Niger (BIA-Niger) auprès de BNP Paribas en 2011, Coris Holding avait cédé ses parts à l’État nigérien l’année suivante face à l’opposition de certains employés et de plusieurs actionnaires privés nigériens, étant dans l’incapacité de mener la politique de nettoyage des comptes et de restructuration envisagée lors de la reprise. Un fiasco qui avait obligé le patron du groupe burkinabè à étendre son groupe en site vierge (greenfield) permettant d’asseoir, par la suite, une synergie de banques.
Financement des PME
Moins de quinze ans après sa création, Coris Bank International (CBI) a su se développer en dehors de son principal marché, le Burkina Faso, où il détient 20 % de parts de marché devant Bank of Africa (17 %) ou encore Ecobank (16,5 %).
Fondé par l’homme d’affaires burkinabè Idrissa Nassa en 2008 sur les cendres de la Financière du Burkina, un établissement de crédit alors en crise, le groupe Coris s’est déployé en Afrique de l’Ouest, au Bénin, en Côte d’Ivoire, en Guinée-Bissau, au Mali, au Niger, au Sénégal, au Togo et en Guinée-Conakry, grâce à sa stratégie bâtie sur le financement des petites et moyennes entreprises (PME) et à sa connaissance des acteurs économiques locaux.
Désormais présent dans neuf pays, il a fait une entrée en Afrique centrale avec l’acquisition de la filiale tchadienne de SocGen. En 2021, Coris Bank a été classé troisième groupe bancaire de la sous-région par la commission bancaire de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa).
Source: JeuneAfrique
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