Innovation, réglementation, digitalisation : la finance africaine à la croisée des chemins

Innovation, réglementation, digitalisation : la finance africaine à la croisée des chemins
Innovation, réglementation, digitalisation : la finance africaine à la croisée des chemins

Africa-Press – Burkina Faso. Si fintech et banques s’opposent sur la nécessité de faire évoluer les règles du secteur financier, les deux types d’acteurs parient sur les nouvelles technologies.

Au sein de la finance africaine, deux visions s’opposent. C’est ce qui ressort du dernier baromètre portant sur le secteur réalisé par l’Africa Financial Summit – AFIS*, début décembre 2024, en collaboration avec le cabinet Deloitte. Interrogés en marge de l’Afis, qui s’est tenu les 9 et 10 décembre à Casablanca, les professionnels de la finance africaine dressent un état des lieux du secteur nuancé, entre optimisme, résilience face aux risques et conscience des défis à relever.

Pour autant, un double point semble faire consensus. D’une part, l’industrie financière a perdu de son lustre, 67 % des sondés estimant que l’attractivité du secteur stagne ou régresse. D’autre part, l’inflation est considérée par plus de la moitié des sondés comme la principale préoccupation, devant l’instabilité politique et la cybersécurité.

Sur les autres enjeux, comme la gouvernance, l’innovation et la réglementation, les visions divergent entre deux catégories d’acteurs, ce qui dessine deux mondes au sein de l’écosystème financier africain. D’un côté, il y a les fintech, plus optimistes que le reste du secteur et appelant à faire évoluer la réglementation. Ainsi, 67 % d’entre elles s’estiment insatisfaites des exigences réglementaires en vigueur sur le continent.

71 % des sondés travaillent sur un projet d’IA

De l’autre, on compte les banques et autres opérateurs traditionnels du secteur, tenants d’une lecture plus prudente et conservatrice. De fait, 78 % des banques interrogées jugent la réglementation satisfaisante, ces dernières, tout comme les marchés financiers, estimant que les gendarmes locaux doivent renforcer l’encadrement de la finance digitale.

Cette différence d’approche se confirme sur le recours à la technologie. Par exemple, 67 % des fintechs considèrent le cloud computing comme une priorité absolue, contre seulement 47 % des banques. En revanche, sur l’intelligence artificielle, les deux mondes semblent au même point, à savoir au début de l’aventure: seuls 2 % des sondés ont déjà déployé un projet d’IA quand 71 % déclarent être en train de le faire ou d’y réfléchir.

Enfin, le baromètre apporte deux derniers enseignements. Le premier tient à la trop faible progression de l’inclusion financière. Pourtant considérée comme une priorité par l’ensemble de la profession, elle demeure freinée par un double écueil: le faible niveau d’éducation financière des populations et le manque de solutions digitales.

La seconde leçon concerne la pertinence des initiatives d’intégration financière. Sur ce point, le bilan est en demi-teinte: si le Système de paiement et de réglement panafricain (PAPSS) est perçu comme un véritable « game changer », avec un niveau d’opérationnalité de 20 %, c’est beaucoup moins le cas de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), avec un niveau d’opérationnalité de seulement 8 %.

*L’AFIS est organisé par Jeune Afrique Media Group, en partenariat avec la Société financière internationale (IFC).

Source: JeuneAfrique

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