Pour les Bourses africaines, l’union fait la force

Pour les Bourses africaines, l’union fait la force
Pour les Bourses africaines, l’union fait la force

Africa-Press – Burkina Faso. Les plus importantes places boursières du continent sont désormais interconnectées. Objectif : accélérer l’intégration économique et financière africaine.

C’est un fait, l’Afrique est le continent le moins intégré économiquement au monde, avec un taux d’intégration ne dépassant pas les 4 %. La donne est en train de changer ces dernières années, notamment depuis le lancement en 2021 de la zone de libre-échange africaine (Zleca), destinée à accroître le commerce intra-africain mais dont les effets ne pourront être effectifs que si s’améliore en parallèle la libre circulation des capitaux dans le secteur bancaire et sur les marchés. Les places de marché font partie intégrante de la dynamique en cours. Après sept ans de gestation, l’Association des Bourses africaines (ASEA), qui regroupe 25 Bourses du continent, est passée aux actes, en lançant à Abidjan, le 7 décembre, en marge de la 25e conférence annuelle de l’Association des Bourses des valeurs africaines, une plateforme d’interconnexion autour des sept plus grandes places boursières, dénommée, African Exchanges Linkage Project (AELP).

Avec cette initiative qui a vu le jour sous l’impulsion de l’Union africaine – et en partie financé par la Banque africaine de développement et le Korea-Africa Economic Cooperation Trust Fund –, c’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour les marchés de capitaux africains. En effet, alors qu’elle représente moins de 2 % de la capitalisation boursière mondiale, l’intégration des Bourses africaines constitue toujours un enjeu clé pour le financement des économies africaines.

En plus d’avoir pour objectif principal de favoriser la compétitivité des Bourses du continent, tout en améliorant la profondeur et la liquidité des marchés, la nouvelle plateforme doit stimuler le volume des investissements et le nombre d’investisseurs.

Dans cette nouvelle phase du projet lancé en 2015, les places concernées sont la Bourse de Johannesburg (JSE), celle du Nigeria (NSE), de l’Égypte (EGX), de Casablanca (CSE), de Nairobi (NSE), de Maurice, et la BRVM – qui regroupe 7 pays d’Afrique de l’Ouest. Au total 14 pays africains. Elles représentent 85 % de la capitalisation boursière et environ 60 % du PIB du continent. Prochainement, la Bourse du Botswana et le Ghana Stock Exchange seront également connectés. « Avec l’Aelp, nous entrons dans une nouvelle ère des marchés de capitaux africains où tous nos membres effectueront progressivement des transactions transfrontalières d’une Bourse africaine à une autre. Ce projet représente une grande opportunité pour les investisseurs et les émetteurs à travers le continent », a déclaré Edoh Kossi Amenounve, président de l’ASEA et directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), basée à Abidjan.

Pour sa part, Tarik Senhaji, Directeur général de la Bourse de Casablanca, a estimé que « la Bourse de Casablanca est particulièrement heureuse d’avoir participé à l’aboutissement de l’AELP. Ce projet, résultat d’une coopération Sud-Sud fructueuse, est d’une importance cruciale pour le développement de nos marchés financiers. Il permet de positionner les marchés boursiers africains sur la carte mondiale en leur donnant une taille critique, encourage le développement d’une industrie de l’investissement panafricaine et facilitera ainsi le financement des entreprises du continent en leur donnant accès à une plus grande base d’investisseurs ».

Il faut dire que la place de Casablanca, avec le soutien de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), fait partie des membres fondateurs de ce projet ayant apporté sa contribution effective à travers son expertise et son savoir-faire. C’est d’ailleurs sous sa présidence que l’opérationnalisation du projet a été initiée et son financement concrétisé en 2019.

Techniquement, la plateforme permet l’interconnexion entre une trentaine de courtiers agréés au sein des sept Bourses. L’AELP permettra aux sociétés d’intermédiation de ces pays d’avoir accès aux cours boursiers et à toutes les informations disponibles sur les sept plateformes. Ils auront aussi la capacité d’effectuer des transactions. Les informations seront accessibles dans trois des langues les plus utilisées sur le continent, à savoir l’anglais, le français et l’arabe. « L’harmonisation de l’infrastructure de négociation par le biais de l’AELP Link devrait faciliter les processus de négociation existants et potentiellement réduire le coût des transactions sur les marchés de capitaux africains », a expliqué Edoh Kossi Amenounve.

« C’est un plaisir pour nous de nous associer à ASEA dans le cadre de ce processus aboutissant à l’opérationnalisation de la plateforme de négociation du projet de liaison des échanges africains. L’AELP est un projet de transformation qui s’aligne sur les priorités du High 5 de la Banque africaine de développement, en particulier « Industrialiser l’Afrique » et « Intégrer l’Afrique ». Il va également de pair avec l’objectif de l’accord de libre-échange continental africain d’établir un marché libéralisé pour faciliter la circulation des capitaux, faciliter les investissements et approfondir l’intégration économique du continent », a déclaré le directeur du développement des marchés de capitaux de la Banque africaine de développement, Ahmed Attout.

Créée en 1993, l’association ​​travaille en étroite collaboration avec les Bourses membres pour libérer le potentiel du marché des capitaux africains et des économies africaines. Sur le continent les projets de ce type se multiplient sur l’ensemble du continent, en Afrique de l’Est, l’Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie ont uni leurs forces pour mettre en œuvre un projet financier financé par la Banque mondiale qui vise à connecter électroniquement les marchés boursiers régionaux afin de fonctionner comme un marché unique en vue de réduire le coût et le temps de négociation des actions des sociétés cotées en Bourse sur les marchés transfrontaliers.

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