Africa-Press – Burkina Faso. Lamoussa Daouda Sorgho, Expert Sénior Agréé en Économie Numérique, décrypte les défis de la transition digitale au Burkina Faso. Pour lui, le pays doit revoir son modèle d’infrastructure en misant sur le stockage et l’hébergement locaux. Il exhorte les décideurs à construire une vision numérique unifiée en établissant une gouvernance numérique pivot et en définissant des politiques sectorielles structurantes. Il appelle également les DSI à devenir des leaders stratégiques. Entretien !
Lamoussa Daouda Sorgho: Il faut dire qu’aujourd’hui, le parcours professionnel a été un élément qui m’a induit dans cet environnement. J’ai eu à conduire des responsabilités dans des entreprises, et ce sont des entreprises qui sont du domaine de la finance.
Donc, j’ai fait quelques certifications, notamment au Nigeria. Ceci, avec les différents projets sur lesquels j’ai eu l’opportunité d’intervenir, il faut dire que c’est un chemin qui s’est pratiquement imposé à moi en termes de profil de carrière.
Lamoussa Daouda Sorgho: Je ne dirais pas forcément des freins, mais disons des questions majeures qui pourraient, de mon point de vue, faciliter l’essor et encore faciliter plus nos besoins de tous les jours en tant qu’usagers des services.
L’Infrastructure: L’infrastructure, aujourd’hui, devrait aller au-delà de l’accès. Il y a la question du stockage, qui est une problématique majeure. Il y a la question du traitement, qui est une problématique majeure.
Il y a la question de l’hébergement, qui est une problématique majeure. L’objectif est de s’arranger pour que l’information puisse être disponible à proximité, pour résoudre la question de la qualité et de l’accessibilité.
La Confiance: Nous bénéficions aujourd’hui d’une appétence réelle des usagers. Maintenant, on est passé à un autre niveau, où les services sont vendus et les transactions sont faites sur le support du digital. Nous devons travailler à cultiver la confiance en approfondissant ce qu’il faut techniquement et en termes de communication.
Le Marketing de Services Publics: Nombreux sont ceux qui se déplacent de chez eux, font peut-être quinze kilomètres, dix kilomètres, venir faire le rang, alors qu’ils ont les unités dans leurs téléphones, mais ils ignorent que ces services existent. Il faut donc travailler à faire ce qu’on appelle du marketing de services publics.
La Politique et la Stratégie: C’est un problème qui adresse des questions d’importance et qui permet d’ordonner, de coordonner et d’optimiser l’effort. Quand il n’y a pas de politique sectorielle qui soit assez imposée d’autorité, on se retrouve dans une cacophonie.
Lamoussa Daouda Sorgho: C’est ce que nous pourrions appeler des stratégies. C’est un problème qui adresse des questions d’importance et qui permet d’ordonner, de coordonner et d’optimiser l’effort qu’on a. Autant de l’administration publique, autant des opérateurs privés, autant des entreprises qui gravitent autour du digital, de tirer le meilleur du digital dans les meilleures conditions.
Par exemple, j’ai intervenu comme expert pour la définition de la vision de la transition digitale dans le domaine du digital. Ce sont des questions d’importance.
Quand il n’y a pas de politique sectorielle qui émane d’une vision, qui permet de bâtir des stratégies sectorielles par exemple le secteur de l’agriculture, le secteur de la santé, le secteur de l’enseignement, qui veut prendre de la vision, qui est pilotée d’autorité par le département, je pense que ça va participer à nous projeter encore plus loin.
Lamoussa Daouda Sorgho: Je parlais tantôt de comment on adresse la question de l’infrastructure. La plupart des acteurs qui interviennent pour réduire cette discontinuité des données, ce sont les opérateurs privés. C’est des hommes d’affaires qui sont orientés par le gain qu’ils peuvent avoir. Quand vous investissez peut-être 8 milliards, vous n’êtes pas sûr de recouvrir vos retours sur investissement, c’est difficile.
Donc, c’est en adressant, dans une certaine perspective, ces questions d’infrastructure, ces questions que les dynamiques pourront faciliter à résorber ces zones de discontinuité des données. C’est une réalité, mais les dynamiques actuelles travaillent à résorber cette discontinuité des données.
Lamoussa Daouda Sorgho: La gouvernance, elle est centrale. S’il n’y a pas une certaine coordination, une certaine autorité qui impose, et qui fait en sorte qu’il y ait une synchronicité, une cohérence, une synergie, ça va poser problème. La gouvernance, c’est comment discipliner les usagers et nous rassurer à travers des textes, à travers des lois, à travers des règlements.
C’est très important. La gouvernance, si nous la questionnons bien et que nous la négocions bien, ça va participer vraiment à mettre les usagers à l’aise. Il est important de créer de la synchronicité, de la synergie et de la cohérence. Et ça, ce sont les politiques sectorielles qui permettent et d’autorité.
Lamoussa Daouda Sorgho: S’il n’y a pas une connexion entre les questions sectorielles et ce que les managers tous les jours appliquent comme règles de travail, comme objectifs de travail, il va sans dire qu’on va avoir des difficultés. Les directeurs doivent s’approprier l’état de l’art en matière de technologie digitale, mais s’approprier surtout les objectifs, la vision et le plan d’orientation stratégique de leur entreprise et travailler à projeter ça sur le digital.
Le parcours professionnel de beaucoup d’entre nous, du côté des informaticiens, ne nous donne pas assez de marge en termes de questions de management. On est vus comme des boîtes noires. Notre rôle, ce n’est plus: qu’est-ce que tu peux apporter à la société, à l’entreprise en termes de valeur ajoutée à travers l’expertise que tu as accumulée.
Il n’y a pas d’alignement. On ne parle pas le même langage, on ne parle pas des tendances d’autres entreprises, le budget, la stratégie, les objectifs, non. Le DSI a une responsabilité majeure: il faut qu’ils soient en train de performer sur des questions qui soulèvent de vous votre présence dans l’entreprise.
Lamoussa Daouda Sorgho: L’Intelligence Artificielle impacte déjà l’économie du pays. Nous-mêmes, en tant qu’étudiants, on nous enseignait cette technologie, ça fait plus de 20 ans. C’est peut-être maintenant que c’est rendu plus accessible aux usagers. Du matin jusqu’à l’heure où vous parlez, vous et moi, on a eu au moins 10 contacts avec l’écran.
Il est important pour nous d’être dans une logique de conception et de stratégie, d’interroger profondément au niveau individuel, au niveau des entreprises, au niveau sectoriel, pour voir qu’est-ce que l’on peut tirer de cette technologie.
Je voulais saluer une initiative que j’ai vraiment agréablement accueillie, le département en charge du digital, qui a signé un accord sur l’intégration de l’intelligence artificielle pour traduire des informations à l’amplification artificielle. C’est quand on met le doigt sur des problématiques de tous les jours, qu’on arrive à la solution.
Lamoussa Daouda Sorgho: Aux décideurs, il faut qu’on soit dans une logique de conception et de stratégie, d’interroger profondément au niveau individuel, au niveau des entreprises, au niveau sectoriel, pour voir qu’est-ce que l’on peut tirer de cette technologie (IA). Notre rôle, ça sera d’en faire de la conception, de la stratégie et du pilotage. Il faut que tout le monde se sente interpellé.
À la Jeunesse, faites attention, parce que le jour où il n’y a pas de réseau, tu ne pourras même pas faire ta table de multiplication. Il faut que l’on se prenne sur cette question de façon cognitive.
Je remercie l’Agence pour la promotion de l’expertise nationale (APEN) qui a été l’instigatrice de cet entretien, une démarche qui va dans le sens de promouvoir les experts nationaux à travers la presse. Je remercie aussi qui a bien voulu m’accorder ce temps d’entretien que j’espère avoir à la hauteur de leurs attentes.
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