Africa-Press – Burkina Faso. Les services satellitaires sont de plus en plus sollicités en Afrique, avec Starlink en tête. Lancé en janvier 2023, ce fournisseur est actuellement présent dans une quinzaine de pays africains, dont le Nigeria, le Kenya, le Bénin et le Rwanda.
Le groupe télécoms Vodacom ne considère pas Starlink et les autres fournisseurs satellitaires comme des concurrents, mais comme des partenaires potentiels, a affirmé Dejan Kastelic (photo), directeur technique de l’opérateur sud-africain, dans un entretien publié le mercredi 2 avril par Developing Telecoms. Selon Vodacom, ces collaborations permettraient d’améliorer la connectivité dans les marchés émergents, où le déploiement d’infrastructures terrestres reste complexe.
Cette position tranche avec les inquiétudes exprimées par certains acteurs télécoms face à l’arrivée de Starlink en Afrique. En janvier 2025, Moov Africa Tchad a mis en garde contre les défis posés par le fournisseur d’accès Internet par satellite américain pour les acteurs locaux. Quelques mois plus tôt, en août 2024, Safaricom avait recommandé au régulateur kényan d’exiger des collaborations entre opérateurs satellitaires et fournisseurs mobiles nationaux, plutôt que des opérations indépendantes. Au Cameroun, les autorités restent prudentes, craignant que Starlink ne fragilise Camtel, l’opérateur public.
MTN, tout comme Vodacom, s’intéresse aux solutions satellitaires. Dès 2023, l’opérateur a engagé des discussions avec Lynk Global, AST SpaceMobile, Starlink, Eutelsat OneWeb et Omnispace. Il mise sur deux stratégies: l’une permettant un accès direct aux téléphones portables des utilisateurs et l’autre assurant une connectivité fixe et dorsale pour les entreprises et les infrastructures télécoms. En mars 2024, MTN a signé un accord avec Omnispace et testé un appel vocal par satellite avec Lynk Global en mars 2025. D’autres acteurs adoptent une approche similaire: Airtel Africa a signé un partenariat avec OneWeb en novembre 2022, tandis qu’Orange a conclu un accord avec Eutelsat en mars 2025.
Ces initiatives cherchent à accélérer la couverture réseau en Afrique, où seulement 44 % de la population utilisait les services de téléphonie mobile en 2023, contre 27 % pour l’Internet mobile, selon l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie (GSMA). Cette dernière souligne le rôle clé de la technologie satellitaire.
« La connectivité aérienne jouera un rôle important dans la réalisation de la connectivité universelle en Afrique subsaharienne. La région abrite certaines des géographies les plus difficiles pour les réseaux terrestres, comprenant des forêts tropicales, des déserts et des chaînes de montagnes. Même dans les zones rurales et peu peuplées, le coût et la complexité du déploiement des réseaux mobiles ou fixes conventionnels constituent des arguments en faveur des solutions de connectivité alternatives », a déclaré l’organisation dans son rapport « L’économie du mobile en Afrique subsaharienne 2024 ».
Si l’intégration des services satellitaires ouvre des perspectives pour connecter les zones reculées, elle soulève aussi des défis économiques, techniques et réglementaires. Les opérateurs devront trouver un équilibre entre cette approche et leurs investissements en fibre et en réseaux mobiles afin d’optimiser leur impact tout en maîtrisant les risques. Par ailleurs, certains partenariats pourraient échouer si les fournisseurs satellitaires jugent qu’ils limitent leur accès direct aux clients.
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