Africa-Press – Burkina Faso. La Banque africaine de développement participe à la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 9) qui se tient du 20 au 22 août 2025 à Yokohama, au Japon.
La conférence de cette année se déroule à un moment critique pour l’Afrique qui s’efforce de réduire son déficit d’investissement et de renforcer sa résilience face aux chocs économiques et climatiques. La Banque africaine de développement demeure le moteur essentiel de la transformation du continent en tirant parti de son leadership pour mobiliser le soutien international, en particulier celui du Japon.
Coorganisée par les Nations unies, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale et la Commission de l’Union africaine, la TICAD se tient depuis plus de trois décennies, la première édition de la conférence datant de 1993. Ce forum s’est transformé en un véritable catalyseur du développement de l’Afrique, principalement grâce à des programmes de subventions et d’assistance technique.
Parmi les délégués du Groupe de la Banque africaine de développement qui seront présents cette année au Japon, figurent Kevin Kariuki, vice-président chargé de l’Électricité, de l’Énergie, du Climat et de la Croissance verte ; Solomon Quaynor, vice-président chargé du Secteur privé, de l’Infrastructure et de l’Industrialisation ; Nnenna Nwabufo, vice-présidente chargée du Développement régional, de l’Intégration et de la Prestation de services ; Kevin Urama, économiste en chef et vice-président chargé de la Gouvernance économique et de la Gestion des connaissances. Plusieurs directeurs de l’institution participeront également à la conférence.
Au fil du temps, la collaboration entre la Banque africaine de développement et le Japon a évolué, et la TICAD est devenue une plateforme dynamique de financement du développement, d’échange de connaissances et d’engagement du secteur privé. Grâce à des programmes tels que l’initiative « Assistance renforcée au secteur privé » en Afrique (en anglais, « Enhanced Private Sector Assistance »), le soutien apporté par le Japon à la Banque s’est traduit par des cofinancements de plusieurs milliards de dollars en faveur des entreprises et des infrastructures africaines, ainsi que par des contributions importantes à la reconstitution de ses fonds.
En outre, des partenariats stratégiques avec des institutions telles que l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), la Banque japonaise pour la coopération internationale (JBIC) et l’Agence japonaise de crédit à l’exportation (Nippon Export and Investment Insurance, NEXI) continuent d’aider le Groupe de la Banque africaine de développement à faire progresser ses cinq objectifs de développement, les « High 5 ». Ils ont en effet permis d’appuyer des projets transformateurs dans les domaines de l’énergie, des transports, de la santé et de la résilience climatique sur le continent.
Assistance renforcée au secteur privé en Afrique (EPSA)
L’initiative « Assistance renforcée au secteur privé » en Afrique (EPSA pour son sigle en anglais) est un cadre qui sert à mobiliser des ressources et un partenariat pour le développement visant à accompagner la mise en œuvre de la Stratégie de développement du secteur privé de la Banque.
S’appuyant sur des expériences fructueuses en matière de développement en Asie et dans le reste du monde, l’EPSA, conçue en 2005 en partenariat avec le gouvernement japonais, repose sur quatre piliers majeurs:
1) Le Mécanisme de cofinancement accéléré pour l’Afrique (ACFA).
2) Des prêts non souverains (NSL).
3) Le Fonds d’assistance au secteur privé africain (FAPA).
4) Un financement des investissements du secteur privé.
Une reconduction de l’accord EPSA 6 devrait être signée durant la TICAD 9.
Consciente du rôle primordial du secteur privé dans le développement de l’Afrique, la Banque africaine de développement organisera des événements parallèles pour encourager les investissements japonais dans des domaines clés tels que l’hydrogène vert, les transports, la Mission 300 (énergie), la santé, l’agriculture et l’éducation.
L’Africa Investment Forum (AIF), organisé en partenariat par la Banque africaine de développement et huit autres institutions, y sera également promu comme le marché de l’investissement innovant afin d’attirer plus de capitaux pour financer des projets sur le continent.
Lors des « Market Days » de l’AIF qui se sont tenus en décembre 2024 au Maroc, un évènement spécifique a permis de sensibiliser les investisseurs japonais à l’Afrique en tant que destination d’investissement. Un salon particulier, appelé « Innovation agricole et croissance verte: transformer le paysage de l’investissement en Afrique », a été aménagé pour le Japon à cette occasion. Il a accueilli une centaine de participants, dont des représentants d’entreprises japonaises, de start-up et d’autres institutions publiques.
Accès à une énergie résiliente pour l’Afrique
Mardi, un jour avant l’ouverture officielle de la TICAD 9, un événement organisé par la JICA et d’autres partenaires a mis en lumière l’un des défis majeurs du continent: le déficit énergétique.
Plus de 200 représentants de différents gouvernements, ministères et partenaires du développement ont assisté à ce rendez-vous intitulé « Tirer parti de l’innovation, de la cocréation et des connaissances pour une énergie accessible et résiliente en Afrique », qui était diffusé également en ligne.
Sans énergie, il n’est pas possible de mettre en place les infrastructures indispensables au développement. Selon Wale Shonibare, directeur du Département des solutions financières, des politiques et des réglementations énergétiques de la Banque africaine de développement, qui a modéré la session, le manque d’investissement continu dans les infrastructures énergétiques est l’un des principaux obstacles auxquels le continent est confronté.
Pour contextualiser la discussion, M. Shonibare a rappelé que 600 millions d’Africains n’avaient toujours pas accès à une énergie fiable, soit 83 % de la population mondiale privée d’électricité, ce qui signifie que deux Africains sur trois vivent sans accès continu à l’électricité. En outre, 900 millions d’Africains n’ont pas accès à des solutions de cuisson propre. Cinq pays – le Nigéria, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, l’Ouganda et la Tanzanie – concentrent à eux seuls près de la moitié de cette population privée d’accès.
M. Shonibare a ensuite souligné l’importance de la TICAD en tant que plateforme permettant d’apporter des solutions innovantes, notamment grâce aux partenariats et investissements qu’elle encourage. « Nous pressentons l’énorme potentiel des pools énergétiques régionaux en Afrique (…) La séance d’aujourd’hui est donc très opportune et doit servir de catalyseur», a-t-il ajouté.
Pendant la TICAD 9, la Banque africaine de développement organisera plusieurs sessions couvrant une série de thèmes liés au développement, en particulier deux rencontres majeures, coorganisées avec le ministère japonais des Finances.
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