Africa-Press – Burkina Faso. Cette année également, le Cercle d’études, de recherches et de formation islamiques (CERFI) a tenu le pari de ses conférences régionales, qu’il a placées sous le thème: « La justice sociale, gage de paix et de cohésion sociale ». À Ouagadougou et pour le compte de la région du Centre, le thème, dont l’enjeu est mis en relief par le contexte actuel du Burkina, a été développé par l’imam Tiégo Tiemtoré.
Selon le conférencier, l’islam insiste sur l’exigence d’une justice sociale, par la justice et l’équité dans tous les rapports du musulman avec les autres, tous ceux qui sont autour de lui. « Chaque musulman est encouragé à agir de manière juste et à respecter les droits d’autrui, même les créatures animales. On va même jusqu’à dire que, lorsque tu fais trop souffrir l’animal, ça devient haram pour toi (ne pas faire souffrir les animaux). Alors, si on est amené à respecter l’animal, qu’en est-il de l’être humain? Donc, il y a le respect dû à l’être humain, à ses droits. L’islam nous exhorte également à vouloir le bien pour autrui et à avoir de l’empathie dans la relation humaine. Le cœur du musulman est un cœur universel, qui ne souhaite que du bien aux gens, qui n’a aucune intention de mal faire, de penser mal des autres », affiche l’imam Tiemtoré, appuyant que l’islam apprend à vivre en harmonie avec les autres créatures, à les respecter et à ne pas leur porter préjudice.
Pour exprimer cette cohésion sociale et ce vivre-ensemble, explique-t-il, l’on doit avoir des clés: dialoguer, s’ouvrir, se rencontrer, travailler ensemble dans la diversité ; parce que Dieu est un Dieu de la différence et de la diversité. « Dieu est un Dieu de la diversité. Dieu dit qu’on nous a tous créés à partir d’Adam et Ève, qu’on a fait de nous des nations, des tribus, des ethnies et même des sous-groupes dialectiques. Mais le meilleur d’entre nous, ce n’est pas l’Arabe, ce n’est pas le Noir… ; c’est celui qui a un bon comportement. Donc, la diversité est une richesse, même dans un pays. Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de nous une seule communauté. Mais, il nous a fait des itinéraires différents et nous demande de nous concurrencer dans le bien », ravive Tiégo Tiemtoré, pour qui, cette conscience conduit à vivre en parfaite harmonie avec toutes les sensibilités religieuses et ethniques.
Agir de manière juste et respecter les droits d’autrui, même les créatures animales
C’est pourquoi, insiste-t-il, le musulman doit se départir des jugements sur son prochain. « Sur terre, nous ne sommes pas des juges ; on ne vous demande pas de juger quelqu’un, mais d’agir: croyance, bonne action, c’est ce qu’on vous demande. Où est la place de juger quelqu’un? Où est la place de proclamer quelqu’un homme de l’enfer, homme de paradis, alors qu’on est tous, ensemble, sur terre? Donc, le Coran nous exhorte à savoir que, c’est par la volonté divine qu’il y a le juif, le chrétien, le musulman… Il y a même sur terre, des gens qui ne croient pas en Dieu ; affaire d’église, de mosquée, ce n’est pas leur problème. Mais, ces gens-là, vous en faites quoi? On leur rase la tête chaque matin? On vit avec eux. Donc, il y a un droit d’être ; tous ceux que Dieu a créés, ont le droit d’être là, ce n’est pas toi qui décides. Même si ton voisin est le plus grand féticheur, ce n’est pas ton problème ; il a le droit d’être sur la terre de Dieu. Ce qu’on attend de toi, musulman, c’est un devoir de présence, pour le guider vers le bien, lui interdire de faire le mal (par vos attitudes, vos actes, vos conseils, même par les prières ; priez pour vos voisins, vos amis, pour vos collègues…, si vous estimez qu’ils sont sur un mauvais chemin). C’est cela le cœur du musulman ; aider à faire du bien, à aller vers le droit chemin. Mais ce n’est pas injurier celui que tu crois être sur le mauvais chemin, pas injurier les dieux des autres. Il faut s’interdire d’être juge des autres, à la place du vrai juge qu’est Dieu. Il y a un seul juge: Dieu. Et le jour du jugement n’est pas encore arrivé. Et c’est pour cela que l’islam a insisté sur le respect dû à tout le monde (au bon voisinage, aux religions, à tous ceux qui sont avec nous) », expose le communicant, qui recommande donc à chacun de toujours avoir à l’esprit que, tous sont des créatures de Dieu.
De son développement, on peut également retenir que, pour le musulman, l’essentiel n’est pas de faire de grosses prières… mais de « ne jamais dormir la nuit avec un cœur envieux, jaloux » ; il faut aimer tout le monde, aimer Dieu, aimer les créatures de Dieu.
Notre monde a un problème: on ne partage pas assez »
Selon Tiégo Tiemtoré, l’islam encourage également le musulman à résoudre pacifiquement les conflits, en prônant la réconciliation et le pardon. « Faire preuve de hauteur d’esprit. L’islam nous recommande aussi de partager équitablement les ressources, pour endiguer les écarts entre les gens. Et les musulmans sont appelés à être justes avec tout le monde, surtout avec les plus faibles, et à partager. Notre monde a un problème: on ne partage pas assez. Beaucoup de crises sont liées à la concentration des richesses dans une communauté. Si on ne redistribue pas, ceux qui ont la richesse ne peuvent pas vivre en paix. L’islam insiste sur la répartition de la richesse, les dons volontaires pour préserver la dignité des gens. Avoir et ne pas partager, vous ne trouverez jamais le bonheur ; c’est dans le partage qu’on retrouve le bonheur », commente le conférencier, ajoutant que les ressources d’un pays, équitablement redistribuées, apaisent et réduisent les tensions sociales.
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De sa communication, on retient de plus que la justice sociale en islam repose sur les principes de l’équité, de la solidarité, de la compassion et de la miséricorde. « C’est un devoir de comprendre que tout le monde n’a pas les mêmes moyens, les mêmes ressources et que Dieu nous donne de manière graduelle et séparée, pour qu’on puisse avoir des sentiments comme la pitié, la miséricorde. Dieu aurait pu, s’il avait voulu, faire de nous tous des milliardaires, ce n’est pas compliqué pour Lui. Mais, imaginez ce qui allait se passer, si on était tous milliardaires. Qui va être le chauffeur de qui? Qui va être le taximan de qui? Qui va être le pilote, parce qu’on aurait chacun un avion ! Donc, c’est par sagesse divine, que Dieu répartit de cette manière les ressources, pour que chacun puisse avoir et avoir des sentiments comme la pitié, la miséricorde et le partage », éclaire le conférencier Tiégo Tiemtoré.
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