Africa-Press – Burkina Faso. Depuis le reportage de nos confrères de la télévision BF1 sur le don d’un sac de ciment du vieux Linkuilga Nana à Faso Mêbo, fin mai 2025, les Burkinabè affluent chaque jour pour contribuer à cette initiative présidentielle. Adoptée en Conseil des ministres en octobre 2024 et pilotée par le Bureau national des grands projets du Burkina, elle vise à accélérer le désenclavement des villes et des campagnes par la construction de routes et le développement de l’urbanisme durable. Entre camions de sable, tonnes de ciment et bras volontaires, le site de Faso Mêbo connaît une forte adhésion populaire. s’y est rendu. Reportage !
Lundi 21 juillet 2025, 7h30. L’astre du jour se lève et la capitale burkinabè, Ouagadougou, reprend son souffle quotidien. Les klaxons, les motos, les voitures et les tricycles emplissent de nouveau les rues: la ville s’éveille.
Derrière les interminables embouteillages matinaux, nous tentons de rejoindre le lycée Philippe-Zinda-Kaboré, le plus grand établissement secondaire du pays, fermé en 2021. Il est désormais transformé en quartier général de l’initiative présidentielle Faso Mêbo. À une centaine de mètres du rond-point des Nations-unies se trouve ce site, qui ne désemplit pas. On y croise aussi bien des visiteurs que des travailleurs volontaires à l’image des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), mobilisés sur le terrain de la reconquête du territoire. Eux sont sur un autre front: celui du développement des infrastructures du pays des hommes intègres.
Peu avant 8h30, nous franchissons le portail du lycée. Les militaires chargés de la sécurité notent scrupuleusement l’identité de chaque entrant. Passé ce contrôle, le décor s’impose: les machines vrombissent, les bruits de pelles et de truelles s’entremêlent. Des volontaires déchargent du ciment offert par des donateurs qui arrivent sur le site en voiture ou à moto. Pour les dons les plus consistants, des camions-bennes sont sollicités. Ceux qui n’apportent pas de matériaux contribuent autrement, en participant directement aux travaux de confection des pavés.
C’est le cas d’Alassane Nayoaga, un sexagénaire venu de Manga, dans la région du Nazinon, à plus de 100 kilomètres de Ouagadougou. Présent sur le site depuis 7h du matin, cet habitant de la « cité de l’Épervier » œuvre depuis une semaine aux côtés des bénévoles. Sous un soleil de plomb, pantalon retroussé, il mélange sable et ciment, sous le regard admiratif et parfois surpris des jeunes. La sueur coule le long de sa tête rasée et se perd dans sa chemise à manches courtes.
Enthousiaste, il affirme vouloir continuer tant que ses bras lui permettront de tenir. « Cette décision du chef de l’État est très louable. Je suis très content de contribuer à la construction du pays. Je m’inscris dans la vision du chef de l’État qui ne veut que le développement de ce pays. Tant que je peux, je ne vais pas hésiter à l’accompagner », indique Alassane Nayoaga, reculant pour laisser le passage à Adissa Wandaogo qui transporte dans les bras des moules de pavés.
Cette mère de six enfants, 54 ans, foulard noué sur la tête, un autre servant de ceinture pour empêcher son pagne de se défaire en plein travail, participe au classement et à la confection des pavés. Sous le soleil, elle nettoie à nouveau les moules de pavés en vue de les préparer pour la fabrication d’autres. Depuis plus d’une semaine, elle quitte son domicile à Pissy (quartier situé à la sortie ouest de Ouagadougou) pour rallier le site de Faso Mêbo. Elle arrive à 7h30 et ne repart chez elle qu’à 17h. Ce matin encore, Dame Ouédraogo est à Faso Mêbo après avoir parcouru une dizaine de kilomètres à vélo.
Ce déplacement volontaire au service de Faso Mêbo traduit son amour pour son pays. « Le président a demandé à tout le monde de contribuer au développement du pays. Je n’ai pas l’argent pour donner du ciment comme les autres, mais j’ai la santé qui permet de contribuer aux travaux. C’est ma façon de contribuer aussi », confie-t-elle, appelant les autres femmes à suivre son exemple. « Depuis la fermeture de la carrière de Pissy où je travaillais, explique-t-elle, je n’ai plus rien à faire. » Pour elle, participer à Faso Mêbo, c’est avant tout un acte de patriotisme. Et aucun sacrifice ne doit être de trop pour la construction de ce pays, conclut-elle.
Des volontaires de tous âges
Femmes, enfants, personnes âgées, tout le monde participe aux travaux de Faso Mêbo. Parmi eux, Neila Dao, étudiante d’une vingtaine d’années, s’occupe du nettoyage des moules de pavés. Vêtue du tee-shirt jaune de son école, tacheté de boue, les mains noircies par le ciment, cette étudiante en première année de logistique transpire sous le soleil, mais affiche une grande fierté: contribuer à « bâtir la pyramide de sa génération ».
À ses côtés, Michaël Noba, son camarade d’école, transporte sans relâche des brouettes remplies de sable. Étudiant en première année de communication d’entreprise, il martèle sa conviction: « Tout Burkinabè a le devoir de participer au développement de son pays. Faso Mêbo est un acte patriotique que nous devons tous accomplir. »
Ces deux jeunes ne sont pas seuls. Ce jour-là, une centaine d’étudiants de leur école ont été mobilisés sur le site. Reconnaissables à leurs tee-shirts jaunes, ils ramassent du gravier, déchargent du ciment, nettoient les moules, mélangent le sable et le ciment dans une ambiance débordante d’enthousiasme. Sous la supervision d’Ibrahim Sanogo, directeur adjoint du campus, ils vivent une véritable leçon pratique de citoyenneté. « C’est la deuxième fois que nous venons avec nos étudiants, après ceux du génie civil la semaine dernière. Cette activité s’inscrit dans le cadre du cours de civisme et citoyenneté », explique-t-il, fier de ses étudiants.
Pour ce responsable académique, la vision portée par le chef de l’État rappelle l’histoire de la Chine, qui a bâti son développement sur la mobilisation et la force de travail de son peuple.
Une chaîne de dons ininterrompue
Le 21 août, la scène se répète. Dès 8h du matin, les premiers donateurs affluent. Sur sa moto, un homme, préférant garder l’anonymat, transporte un sac de ciment. La main gauche solidement posée sur le sac et l’autre sur le guidon de la moto, il avance prudemment vers le lieu de la réception. À peine a-t-il fini de décharger son sac avec l’aide des réceptionnistes qu’un tricycle transportant des sacs de ciment débarque, après s’être péniblement frayé un chemin à travers la boue occasionnée par la pluie de la veille. À l’intérieur, dix sacs de ciment apportés par une « association islamique pour le message clair et détaillé », en vue de soutenir l’œuvre du président du Faso. Le bon du don en main, le secrétaire général de cette association se dit fier et soulagé d’avoir accompli un devoir citoyen. « Nous sommes venus répondre à l’appel du président du Faso qui a demandé aux populations de contribuer à la construction du pays. En tant que citoyens de ce pays, nous ne devons pas rester en marge de cette initiative », déclare Abdoul Aziz Sawadogo, secrétaire général de l’association.
Pendant que nous échangeons avec eux, un mini camion benne, avec une charge de trois tonnes de ciment, fait son apparition. C’est un convoi de tradipraticiens venus également « bénir » l’initiative. Des cannes en main, des bonnets de chefferie sur la tête, ils se réjouissent d’être parmi les bâtisseurs du pays à travers Faso Mêbo. « L’initiative est louable, c’est pourquoi nous avons décidé de l’accompagner. Nous contribuons à la construction du pays car c’est notre fierté à tous », indique Ladji Malgr-Naaba, président du Réseau national sans frontières des tradipraticiens du Burkina Faso.
Sur le site, les réceptionnistes peinent à suivre le rythme effréné des arrivées. « Comme vous le voyez, je suis débordé. Revenez demain », souffle l’un d’eux, gilet jaune sur le dos, entre deux décharges.
Sur le site, c’est un travail sans relâche. Grâce aux lampadaires solaires et aux groupes électrogènes, les activités se poursuivent jour et nuit. « Si je ne suis pas fatigué, je continue, même la nuit. C’est ma contribution », explique Albert Nikièma, épuisé mais fier, assis à l’ombre d’un arbre.
Les rues pavées changent le quotidien
Au-delà du chantier, les résultats se font déjà sentir. Assis sur une banquette flambant neuve estampillée Faso Mêbo, en attente du bus en face du Mémorial Thomas-Sankara, Albert Zango et son compagnon contemplent fièrement la métamorphose de la rue grâce à cette initiative présidentielle. Cette rue rejoignant le boulevard Thomas-Sankara scintille et miroite avec les pavés de Faso Mêbo. Visiblement émerveillés par cette transformation attrayante, ces étudiants de l’École nationale de santé publique (ENSP) se disent comblés. « Avant, c’était la poussière ou la boue. Aujourd’hui, l’endroit est propre, hygiénique et agréable », témoigne Albert Zango. « Nous nous sommes assis sur ces banquettes publiques pour attendre le bus, d’autres personnes aussi peuvent s’assoir là-bas pour se reposer après une longue marche ou admirer la nature. C’est très utile », souligne-t-il, saluant cette vision du chef de l’État.
Même constat chez Jean de Dieu Ouédraogo qui flâne sur la rue pavée entre le Conseil supérieur de la communication (CSC) et l’Agence d’information du Burkina (AIB). « Avec le curage des caniveaux et la pose des pavés, l’eau circule normalement. Le pays est devenu propre et beau. Malgré l’insécurité, nous avançons », affirme-t-il, admirant la transformation urbaine.
Faso Mêbo est tirée de deux langues nationales. Faso en langue dioula veut dire « la patrie » et Mêbo en mooré signifie « construire ». Donc Faso Mêbo veut dire « construire la patrie ». L’initiative a été lancée en octobre 2024 et s’impose aujourd’hui comme un levier majeur du développement national. D’abord centrée sur la pose de pavés pour améliorer les infrastructures routières et l’embellissement urbain, Faso Mêbo est rapidement devenue un véritable référentiel de développement au Burkina Faso.
Grâce à cette initiative, des routes, des écoles et de nombreuses autres infrastructures sortent de terre à travers le pays. Mais Faso Mêbo ne se limite pas aux constructions: elle investit également dans l’avenir de la jeunesse. À travers le camp vacances Faso Mêbo, des centaines d’enfants bénéficient de formations axées sur la citoyenneté, le civisme et le patriotisme.
L’objectif est clair: inculquer les valeurs du patriotisme aux plus jeunes pour en faire des leaders éclairés de demain, capables de bâtir une nation forte et unie.
https://www.youtube.com/watch?v=N6U49pbrpMk
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