Obligation du port du casque : Ce qu’en pensent des Ouagalais

Obligation du port du casque : Ce qu’en pensent des Ouagalais
Obligation du port du casque : Ce qu’en pensent des Ouagalais

Africa-Press – Burkina Faso. Le Burkina Faso est un pays où pratiquement la majorité de la population se déplace avec un engin à deux roues. La ville de Ouagadougou est même appelée « capitale africaine des deux roues » vu le nombre important de motos qui s’y trouve. Autant ces engins sont très avantageux pour les Burkinabè, autant ils peuvent constituer un danger pour leur vie. Ce danger n’est rien d’autre que les accidents de la route qui sont très fréquents. Ils causent parfois des traumatismes crâniens qui nécessitent d’énormes ressources matérielles et financières de la part de l’Etat et des parents des victimes. Des habitants de la ville de Ouagadougou se sont prononcés sur l’obligation du port du casque.

Au Burkina Faso, il ressort des dernières données statistiques que 85,43% des patients victimes des accidents de la circulation routière admis aux centres hospitaliers sont des traumatismes crâniens et 80% sont des utilisateurs des engins à deux roues.

Selon Lédian Julien Bamogo, motocycliste, la mesure d’appliquer les textes règlementaires sur le port du casque est une bonne intention de la part du gouvernement burkinabè. « Que le port du casque soit une obligation, c’est juste pour préserver la vie des citoyens.
Je me dis que c’est mieux d’appliquer cette loi parce que ça ne sert pas de les voter et ne pas les appliquer. En appliquant cette loi, vous verrez qu’il y aura de l’amélioration, il y aura moins d’accidents graves. C’est vrai que le casque ne garantit pas la vie mais tu aides Dieu à t’aider » indique-t-il.

Pour Mireille Zoungrana, la mesure instaurée par le gouvernement est une très belle initiative. « Le port du casque est très important, très capital parce qu’il en dépend de la survie de l’individu, des autres usagers de la circulation. Porter son casque c’est déjà se préserver et préserver les autres.
Donc il est très important, et on encourage surtout la jeunesse qui est un peu trop emballée par la vie surexcitée à porter vraiment leur casque pour se protéger des accidents. Donc j’encourage cette initiative. Moi j’en porte toutes les fois où je suis à moto », a-t-elle fait comprendre.

Egalement, Fleur Ouédraogo, une automobiliste, pense que c’est une très bonne mesure prise par l’Etat parce qu’il y a beaucoup d’accidents de circulation qui causent de nombreuses pertes en vies humaines.

« Pour ceux qui se déplacent en véhicule automobile, c’est plus rassurant de voir les personnes qui se déplacent en engin à deux roues porter des casques. C’est vrai que je ne connais pas le prix d’un casque mais en même temps, la vie n’a pas de prix.
Certes pour les personnes qui disent que c’est encombrant, c’est comme les femmes avec leurs sacs à main, c’est encombrant mais on n’a pas vraiment le choix. Ça sera difficile au début, mais au fur et à mesure, on s’adaptera, il y aura des solutions, avec le temps, il y a nos artisans qui vont fabriquer des casques adaptés à notre climat », a-t-elle commenté.

Elise Sanfo, motocycliste, trouve cette mesure salutaire. « On est à moto, on sort le matin on rentre le soir. Ce n’est pas du tout évident avec la circulation de rentrer saine et sauve pour retrouver sa famille. Je me dis que c’est responsable de porter le casque et c’est vraiment un acte louable », s’est-elle exprimé.

Pour elle, depuis plusieurs années, les gouvernements passés avaient déjà essayé d’instaurer le port du casque sans succès, elle espère que cette fois ça sera la bonne. Elle reconnait cependant, le coût un peu élevé des casques mais précise que c’est un outil de protection de la vie humaine.

« La vie n’a pas de prix, le casque c’est vrai ça dépend des différentes qualités mais il y a des couts qui sont quand même accessibles. On peut avoir des casques de 10.000, 15.000 F CFA, selon les bourses de tout un chacun.
Pour moi, la vie n’a pas de prix, celui qui décède, on ne peut pas le ramener à la vie même avec plusieurs milliards. Je me dis c’est toujours nécessaire de faire quand même l’effort de se trouver un casque. La vie n’a pas de prix donc faire un effort de s’acheter un casque je me dis que ça vaut la vie », a-t-elle soutenu. Elle conseille donc à tout un chacun de porter son casque pour le bien de ses proches.

Même son de cloche pour monsieur Paré Moussa, fonctionnaire de l’Etat. « L’initiative du gouvernement est vraiment salutaire à mon niveau puisque si on regarde la plupart des accidents de nos jours, si tu ne portes pas de casque, ce n’est même pas vraiment intéressant », a affirmé Paré Moussa. Egalement, Yaya Barro, usager de la route, a salué l’initiative car le casque permet d’éviter les désagréments lors des accidents et les intempéries.

« Je vois que c’est un peu trop tôt, il faut encore passer par la sensibilisation surtout que la priorité du pays n’est pas pour l’instant (au port du casque). Même si les accidents sont graves ce n’est pas la priorité pour l’instant et que les gens sont dans beaucoup de contraintes avec la cherté de la vie aussi. S’il faut obliger tout un chacun à payer un casque aujourd’hui au Burkina Faso ça peut créer des tollés ; donc il serait mieux de continuer dans la sensibilisation (…) avant de passer aux sanctions », a-t-il expliqué.

Il encourage les gens à payer et surtout encourager l’autorité à procéder aux distributions de casques gratuits parce que l’accident même si ça coute à la famille, ça coute aussi à l’Etat donc si l’Etat paye pour les gens ce n’est pas mal et puis la vie est chère.

Afin de réduire les risques et la gravité des accidents des utilisateurs d’engins motorisés, l’ONASER encourage le port du casque. Par contre, si cette nouvelle mesure est bien accueillie chez certains, elle n’est pas du tout la bienvenue chez d’autres qui trouvent que le port du casque ne doit pas être la priorité de l’Etat actuellement au regard de la situation sécuritaire alarmante.

Ismaël Sawadogo fait savoir que la priorité actuelle est la sécurisation du pays. « Le problème de l’insécurité est là, il y a le problème de la faim, ils n’ont pas encore résolu ce problème. Quelqu’un va prendre l’argent de sac de riz pour aller payer casque, c’est ça le problème. Pendant que tu as faim, on parle de casque », relate-il.

En plus, certains usagers de la route déplorent le prix et la qualité des casques. « Moi j’ai acheté une moto (dans une maison de la place), le casque qu’on m’a remis n’est pas un casque de qualité. Je m’étouffe là-dedans, moi je ne peux pas aller acheter une moto à des centaines de mille où je suis sensé recevoir un casque qui va me permettre d’être vraiment à l’aise. Pourtant il y a des casques de qualité. Les casques de qualité sont couteux donc ce n’est pas permis aux citoyens lambda de se procurer ces casques-là », a expliqué Moussa Lalsaga.

Comme justificatif, pour rejeter le casque, certains usagers de la route estiment que le casque peut être à l’origine d’un accident notamment que cet outil réduit la capacité auditive. Michel Kounilougoubou, un autre usager de la route, qui portait le casque a abandonné. « Quand les gens klaxonnent, je n’entends rien donc ça fait que je ne veux plus porter ça », a affirmé Michel Kounilougoubou.
Amira Farida SANOU, Micheline OUEDRAOGO et Welly TAMBOURA (Stagiaires)

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