Aires protégées en Afrique de l’Ouest : Après cinq années de mise en œuvre, les acteurs font le bilan

Aires protégées en Afrique de l’Ouest : Après cinq années de mise en œuvre, les acteurs font le bilan
Aires protégées en Afrique de l’Ouest : Après cinq années de mise en œuvre, les acteurs font le bilan

Africa-Press – Burkina Faso. La cinquième et dernière session du comité de suivi régional du programme d’Appui à la préservation de la biodiversité et des écosystèmes fragiles, à la gouvernance environnementale et au changement climatique (PAPBio) a débuté, ce jeudi 12 septembre 2024 à Ouagadougou. Les participants vont entre autres examiner et valider les acquis engrangés dans le cadre de la mise en œuvre technique et financière dudit programme depuis cinq années.

Démarré en 2019, le programme PAPBio tire à sa fin. L’heure est au bilan pour les acteurs des seize pays (15 pays membres de la CEDEAO et la Mauritanie). Réunis à Ouagadougou pour 48 heures, à l’occasion de la cinquième et dernière session, les membres du comité de suivi régional du programme semblent satisfaits de ce qui a été accompli durant ces cinq années de mise en œuvre.

Formation et équipement des acteurs

Selon Dr Arsène Alain Sanon, coordonnateur régional du programme PAPBio à l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’initiative a permis de mettre en œuvre des actions de préservation et de sécurisation de la biodiversité dans et autour des aires protégées. « Les administrations de tutelle ont reçu des équipements et les acteurs ont été formés. Il y a une grande composante de renforcement opérationnel, technique et de renforcement de capacités des acteurs sur le terrain », a-t-il mentionné.

A en croire toujours le coordonnateur, PAPBio, c’est aussi une composante de développement socio-économique. « Le programme a travaillé à offrir des alternatives de survie économiquement rentables et écologiquement soutenables aux communautés afin de détourner leur attention des ressources qui se trouvent dans les aires protégées. Les communautés ont été organisées, formées et équipées pour mettre en œuvre des chaînes de valeurs qui ont permis à terme de générer des revenus substantiels. C’est de là que va venir le salut des aires protégées », est-il convaincu.

La résilience des acteurs face au Covid-19 et l’insécurité

La rencontre de Ouagadougou va également permettre de partager les résultats de la capitalisation des leçons apprises et des bonnes pratiques du programme.

« Durant ces cinq dernières années, plusieurs événements sont intervenus, notamment la Covid-19. Il a fallu trouver des stratégies pour continuer à mener les activités. La crise sécuritaire qui est en train de s’étendre à la région fait que certaines aires protégées sont occupées par des personnes qu’il ne faut pas. Les opérateurs ont fait preuve d’ingéniosité pour continuer à mettre en œuvre leurs projets », a salué Arsène Alain Sanon.

Un défi pour le Burkina Faso

Selon le directeur général des Eaux et forêts du Burkina, colonel Barnabé Kaboré, les espaces protégés contribuent au maintien de la biodiversité et des processus écologiques essentiels à la vie. Il a rappelé la volonté du Burkina Faso de pérenniser l’intégrité de l’ensemble de ses aires protégées.

Il a souligné qu’en plus des menaces traditionnelles qui sapent les efforts et les investissements au profit de la conservation, il faut ajouter la crise sécuritaire qui met en péril l’efficacité d’intervention des unités de gestion au niveau de plusieurs espaces protégées.

Selon lui, il faut renforcer la coopération transfrontalière et mutualiser les moyens afin de permettre à ces espaces protégés de jouer leur rôle de moteur de « croissance verte et bleue dans les économies nationales ».

NaturAfrica, la relève

Cheikh Tidiane Kane, chargé de la protection des aires protégées à la Commission de l’UEMOA, a rappelé que le PAPBio est une initiative des Commissions de la CEDEAO et de l’UEMOA financée par le 11e Fonds européen de développement à hauteur de 47 millions d’euros.

Il a annoncé la tenue prochaine d’une réunion des ministres de l’environnement de l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest, au mois d’octobre 2024.

« Ce sera l’occasion de porter à la connaissance de ce segment politique ce qui a été fait jusqu’à présent et peut être que sur la base de leurs orientations, cela va permettre de mieux circonscrire les programmes à venir, particulièrement NaturAfrica ».

NaturAfrica va donc prendre le relais du programme PAPBio pour permettre de faire passer à l’échelle toutes les bonnes pratiques qui ont émergé, selon M. Kane.

Financée par l’Union européenne, pour un montant de 41 millions d’euros, au titre du l’Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (NDICI), cette initiative concerne six grands types de paysages d’Afrique subsaharienne qui inclut les savanes soudano-sahéliennes et les forêts ouest africaines.

« Même si la gestion des mangroves en Afrique de l’Ouest n’est pas prise en compte par ce nouveau programme, cela ne veut pas dire que ça ne sera pas prise en compte dans nos logiques d’accompagnement au niveau régional », a rassuré le chargé de la protection des aires protégées à la Commission de l’UEMOA.

« NaturAfrica souligne l’engagement de l’Union européenne, à côté de l’UEMOA, à soutenir les politiques sectorielles de la préservation de la biodiversité et de la gestion durable des aires protégées en Afrique de l’Ouest. Nous espérons que les leçons apprises, les bonnes pratiques et les recommandations de cette rencontre pourront être prises en compte dans ce nouveau programme », a indiqué Marc Duponcel, chef de coopération à la Délégation de l’Union européenne au Burkina Faso.

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