Au Burkina Faso, le MPP de Kaboré dans le viseur de Traoré

Au Burkina Faso, le MPP de Kaboré dans le viseur de Traoré
Au Burkina Faso, le MPP de Kaboré dans le viseur de Traoré

Africa-Press – Burkina Faso. Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), ex-parti au pouvoir, n’a toujours pas de nouvelles de ses militants interpellés le 4 décembre à Ouagadougou.

Il était environ 20 heures, ce lundi 4 décembre, quand des éléments de la Brigade anticriminalité (BAC), une unité spéciale de la police nationale, ont débarqué au siège du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré, à Ouagadougou.

Venus armés, ils investissent le bâtiment où sont présents des cadres du parti, dont l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Stanislas Ouaro. Réputé proche de Simon Compaoré, l’un des membres fondateurs du parti, ce professeur titulaire en mathématiques est le quatrième vice-président du MPP et était l’une des figures du gouvernement jusqu’au coup d’État du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, en janvier 2022.

Les activités des partis suspendues

Selon un communiqué du parti publié le 5 décembre, Stanislas Ouaro et 19 autres personnes ont été « conduits dans des véhicules des forces de sécurité vers une destination inconnue ». « Les démarches entreprises par les premiers responsables du parti auprès des autorités compétentes […] n’ont jusque-là pas permis d’avoir des informations sur leur destination et les raisons de leur enlèvement », ajoute le MPP qui fait également part de ses « plus vives inquiétudes » sur le sort réservé à ses membres.

Certains craignent notamment que les militants interpellés soient envoyés au front, comme la junte dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré l’a déjà fait à plusieurs reprises avec ceux qui émettent des critiques. « S’ils le font, ce serait gravissime », prévient un membre de la direction du MPP.

Les raisons de ce débarquement de la police au siège du MPP et de l’interpellation de ses militants restent floues. Selon des membres du parti, les personnes interpellées étaient là pour assurer « la permanence administrative du siège » et non pour « participer à une quelconque réunion ».

Depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir, en octobre 2022, les activités des partis politiques sont en effet suspendues. Il leur est donc interdit d’organiser des meetings et toute manifestation à caractère politique, mais aussi de tenir leurs instances statutaires lors de congrès, d’assemblées générales, ou même de « simples » réunions. Malgré des demandes régulières pour lever cette suspension, les différents partis n’ont jamais obtenu gain de cause auprès de la junte au pouvoir.

Un avertissement ?

« Ils veulent neutraliser les partis politiques capables de gagner en cas d’élections », estime un juriste. Pour d’autres, les arrestations du 4 décembre constituent surtout un avertissement à tous les partis politiques : « l’assujettissement total, l’exil ou l’anéantissement », résume un ancien député.

Pour le moment, l’attention du régime semble se focaliser sur le parti de Roch Marc Christian Kaboré. L’ancien chef de l’État, qui réside toujours chez lui, à Ouagadougou, est perçu par certains proches de Traoré comme une menace qui a gardé des capacités de mobilisation.

Au sein du MPP, certains n’hésitent pas à faire le lien entre cette affaire d’arrestation de militants et le dossier Alassane Bala Sakandé, ex-président de l’Assemblée nationale un temps pressenti comme potentiel dauphin de Kaboré. À l’étranger pour des raisons médicales, il est soupçonné par l’Autorité supérieure de contrôle d’État et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) de « faits de corruption et d’infractions assimilées ». Ces derniers jours, plusieurs de ses collaborateurs ont été écroués à Ouagadougou.

Source: JeuneAfrique

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