Décès de Macaire Ouédraogo : Retour sur le parcours d’un homme qui a défié Sangoulé Lamizana

Décès de Macaire Ouédraogo : Retour sur le parcours d’un homme qui a défié Sangoulé Lamizana
Décès de Macaire Ouédraogo : Retour sur le parcours d’un homme qui a défié Sangoulé Lamizana

Africa-PressBurkina Faso. Macaire Ouédraogo, troisième fils de l’ancien président de Conseil général (embryon de l’Assemblée nationale), Guillaume Ouédraogo, candidat à l’élection présidentielle de 1978 et banquier de profession, est décédé, hier mardi 12 janvier 2021, à Ouagadougou, à l’âge de 86 ans (né en 1935).

Macaire Ouédraogo est un banquier et homme politique. Candidat de l’Union nationale pour la défense de la démocratie (UNDD) à l’élection présidentielle de 1978, cet ancien séminariste a mis en ballotage le président sortant, Sangoulé Lamizana. Pour la première fois de l’histoire de la démocratie africaine, le Burkina Faso, ex-Haute-Volta, s’est vu aller au second tour à une élection présidentielle. Il a contribué à écrire les plus belles pages de l’histoire des élections en Haute-Volta et sur le continent à un moment où le taux de participation dans tous les pays africains était de 100% et le suffrage exprimé en faveur du président réélu de 99,99%.

Reçu en « Invité de la rédaction » de Sidwaya, le 12 décembre 2006, Macaire Ouédraogo a fait un cours d’histoire sur ce qu’a été l’élection présidentielle de 1978. Selon ses propres témoignages, son parcours scolaire a commencé à la mission catholique dans les années 1942 et en 1949, il eût une bourse (par voie de concours) pour faire ses études en France. « J’étais retenu mais j’ai refusé la bourse pour aller au petit séminaire pour être prêtre. J’ai fréquenté le séminaire de Pabré jusqu’en 1954, le séminaire de Nasso à Bobo-Dioulasso de 1954 à 1957, et en 1957 le grand séminaire de Koumi jusqu’en 1963 », a-t-il soutenu.

Macaire Ouédraogo dit avoir vécu toutes les grandes périodes de la Haute-Volta (aujourd’hui Burkina Faso). D’abord en 1947, avec la reconstitution de la Haute-Volta, il avait 12 ans. « Ce fut un événement pour lequel mon père s’était investi profondément. Malheureusement, il n’a pas vu l’arrivée du chemin de fer à Ouagadougou en 1954 », a-t-il déploré.

Du droit de la citoyenneté en 1956 jusqu’à l’indépendance en 1960 en passant par la Loi-Cadre, qui marquait sur le plan administratif une avancée significative en 1957 et la proclamation de l’indépendance en 1958, le séminariste dit avoir vécu ces événements dans la joie. « Au-delà de la joie que confère l’accession à l’indépendance, il y a eu cette fierté, celle de pouvoir s’assumer, sans compter que sur le plan international, nous étions reconnus officiellement … Mais je serais un menteur si je n’ajoute pas qu’il existe toujours une petite amertume dans le cœur », racontait-il.

Celui qui a « raté » la prêtrise, en 1963, pour raison de maladie, a été employé à la BIAO (ex-BIB), avant d’être appelé, en 1970, à la tête de la Banque nationale de développement de la Haute-Volta (BND-HV). Il a confié avoir été approché en 1977 par beaucoup de partis et hommes politiques, dont le président Maurice Yaméogo. « Il était difficile pour moi de me décider. Je suis allé sur la tombe de mon papa ; c’est là que j’ai pu avoir une réponse.

Le changement était nécessaire pour l’intérêt général avec la crise socioéconomique. Ce sont ces raisons qui m’ont amené dans la politique. A l’époque, une fois dans la politique, je devais démissionner de mon poste de directeur général. Beaucoup de gens m’ont traité d’idiot, pour avoir démissionné de mon poste en faveur de la politique, un domaine plein d’incertitudes », a-t-il laissé entendre.

Ayant adhéré à l’Union nationale pour la défense de la démocratie (UNDD) créée en novembre 1977, il s’est trouvé confronté à un dilemme, étant donné que feu Bila Charles Kaboré et Edouard Yaméogo ont décliné l’offre d’être candidat du parti alors que le président Maurice Yaméogo ne jouissait plus de ses droits civiques et Hermann Yaméogo (SG), 36 ans, ne remplissait pas les conditions d’âge (40 ans). «L’UNDD devait affronter les élections législatives et présidentielle sous peine de disparaître.

En effet, la Constitution votée le 11 novembre 1977 limitait les partis à trois sur la base de leur score aux élections législatives … Le président Maurice Yaméogo est revenu à la charge sur ma personne en me demandant de sauver le parti », expliquait-il. Il devait donc affronter le Pr Ki-Zerbo, candidat de l’Union progressiste voltaïque (UPV), le président Joseph Ouédraogo (JO Ouéder), candidat du Front de refus RDA et le président candidat, El hadj Sangoulé Lamizana, au pouvoir depuis 12 ans et soutenu par le RDA et des partis alliés (PRA, UNI, MPRA, GAP, PRN). Malgré tout, l’UNDD et son candidat ont mis en ballotage le président-candidat qui l’a remporté au second tour, le 28 mai 1978, avec 56% contre 44% pour Macaire Ouédraogo.

Les résultats du 1er tour donnaient à Lamizana, 42%, Joseph Ouédraogo, 17%, Joseph Ki-Zerbo, 16% et Macaire Ouédraogo, 25%. Au finsih, Macaire Ouédraogo dit être sorti perdant.
« J’ai perdu le gâteau en quittant la direction de la Banque nationale de développement. J’ai perdu ma tranquillité. Mais, surtout avec mon parti, je n’ai pas pu opérer les changements souhaités », a-t-il regretté.
Exilé par la suite en Côte d’Ivoire pendant la Révolution, il s’est relancé d’abord dans l’économie pour enfin faire de l’humanitaire, à son retour au bercail en 1991.

Synthèse de Jean-Marie TOE

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