Pr Charlemagne Ouédraogo, le « chef d’orchestre » qui veut faire jouer chaque membre de son équipe

Pr Charlemagne Ouédraogo, le « chef d’orchestre » qui veut faire jouer chaque membre de son équipe
Pr Charlemagne Ouédraogo, le « chef d’orchestre » qui veut faire jouer chaque membre de son équipe

Africa-PressBurkina Faso. Nommé en Conseil des ministres le 10 janvier 2021, Pr Charlemagne Ouédraogo a officiellement pris fonction le 14 janvier. Il remplace au poste de ministre de la Santé, Pr Claudine Lougué. Il devra bien évidemment poursuivre la lutte contre la pandémie du Covid-19 mais aussi relever les autres défis de son département.

C’est l’un des gynécologues-obstétriciens les plus cotés de la capitale burkinabè. Pr Charlemagne Ouédraogo arrive à la tête du ministère de la Santé, alors que la pandémie du Covid-19 atteint de nouveaux sommets au Burkina Faso. Un défi qu’il devra relever.

Devant les voix qui s’élèvent de plus en plus pour dénoncer le manque d’intrants pour les examens, mais aussi la lenteur dans la prise en charge des personnes déclarées positives au Covid-19, le ministre Ouédraogo devra travailler à améliorer les choses.

Pr Charlemagne Ouédraogo était avant sa nomination, le président du Conseil national de l’Ordre des médecins du Burkina Faso depuis novembre 2018. Sous sa houlette, le 28 octobre 2020, l’Ordre a porté plainte contre toutes les personnes physiques et morales impliquées dans « l’essai clinique illégal utilisant la substance Apivirine portant sur des personnes humaines au Burkina Faso » dans le cadre de la lutte contre le Covid-19.

Maintenant qu’il est ministre de la Santé, devrait-on s’attendre à un changement dans le protocole de prise en charge des patients du Covid-19 ? Que se passera-t-il ? En tous les cas, ce qui est prioritaire, c’est d’œuvrer à une prise en charge adéquate des malades, alors même que la pandémie gagne du terrain. C’est d’ailleurs en homme averti, qu’il prend les commandes du ministère. « (…) Les défis sont énormes. Notre système de santé qu’on pensait bien maitriser, s’est révélé assez fragile avec l’avènement du Covid-19 » a-t-il indiqué lors de sa prise de fonction.

Outre la présidence de l’Ordre national des médecins, Pr Charlemagne Ouédraogo cumulait également jusqu’à sa nomination, les fonctions de chef de service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction au CHU de Bogodogo depuis 2017 ; chef de service de planification familiale du département de gynécologie obstétrique du centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo depuis août 2013, et directeur des services médicaux et techniques du CHU de Bogodogo.

Bien avant, Pr Charlemagne Ouédraogo a débuté sa carrière en tant qu’externe des hôpitaux de 1990 à 1994, puis interne des hôpitaux au CHU Yalgado Ouédraogo de 1995-2000 ; chef de service de gynécologie obstétrique au Centre médical avec antenne chirurgicale du district sanitaire du secteur 30 (Bogodogo) de Ouagadougou depuis 2002 ; assistant chef de clinique, de janvier 2007 à octobre 2012, et chef de clinique au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, depuis le 1er mars 2012.

En plus de ses fonctions hospitalières, Pr Charlemagne Ouédraogo est enseignant-chercheur à l’UFR/SDS de l’université Joseph Ki-Zerbo, mais également à l’université Saint Thomas d’Aquin, à l’Ecole nationale de santé publique et à l’Institut africain de santé publique. Il a publié seul ou avec d’autres auteurs plus de 80 articles dans des revues de renom.

Il est aussi consultant et a apporté son appui à plusieurs pays pour la mise en œuvre de diverses activités en santé maternelle et néonatale. Il est membre de plusieurs sociétés savantes dont la SOGOB (Société de gynécologie-obstétrique du Burkina). C’est donc un professionnel du secteur qui prend les rênes du ministère de la Santé.

La cohésion du groupe

Il devra surtout composer avec les syndicats de son département qui donnent régulièrement de la voix pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. A ce niveau, il préfère agir selon « la solidarité agissante et de la cohésion sociale » au sein de son département. Le ton, en tout cas, est donné. « Je ne suis pas venu faire une chasse aux sorcières, parce que je n’en connais même pas. Je ne suis pas venu entretenir un clan ou lutter contre un clan. S’il existait des clans, je voudrais que dès ce soir, ça s’arrête. S’il y en avait dans la tête de quelques-uns, il faudrait faire table rase. Depuis le brancardier jusqu’au plus gradé, chacun a un rôle à jouer dans cet orchestre » a-t-il déclaré lors de son installation officielle, le 14 janvier 2021. La cohésion du groupe passe aussi par la satisfaction des besoins exprimés. C’est en cela qu’il compte bien accélérer les réformes pour la mise en œuvre de la fonction publique hospitalière, dont la satisfaction est l’une des principales préoccupations des agents de la Santé.

Du cas des faux diplômes

Le gouvernement burkinabè, à travers le ministère en charge de la Fonction publique, a lancé une opération de vérification des diplômes des agents publics courant mai 2019. C’est un phénomène qui n’est étranger au ministre Charlemagne Ouédraogo. Lui qui déclarait dans une interview accordée à en 2016 que « derrière la blouse blanche se cachent des faussaires ».

Des gens qui intègrent le domaine de la médecine sur la base de faux diplômes. Des exemples, il en a donné pour étayer son affirmation. Mais les moyens pour lutter contre le fléau faisait défaut. Comment comptez-vous assainir le milieu ? Voilà une question simple qui a été posée au Pr Charlemagne Ouédraogo.

Sa réponse, « (…) Nous avons développé un plan de communication envers la population, mais ça coûte cher. Nous n’avons pas de moyens. » Là, c’était le président du Conseil régional de l’ordre des médecins de Ouagadougou qui s’exprimait. Ministre, le langage pourrait bien évoluer. Sachant que ces faux médecins causent aux populations les mêmes effets que les maladies dont elles souffrent.

Justine Bonkoungou

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here