Procès de l’affaire d’extorsion de fonds : A la barre, le commissaire Sayibou Galbané en larmes

Procès de l’affaire d’extorsion de fonds : A la barre, le commissaire Sayibou Galbané en larmes
Procès de l’affaire d’extorsion de fonds : A la barre, le commissaire Sayibou Galbané en larmes

Africa-PressBurkina Faso. Deux Officiers de police judiciaire (OPJ) ont comparu le mercredi 2 juin 2021 devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Koupèla pour tentative d’extorsion de fonds. Après de longues heures de débat, le délibéré a été renvoyé au 15 juin prochain.

L’ambiance était particulière le mercredi 2 juin 2021 au Tribunal de grande instance (TGI) de Koupèla. Pour cause, un dossier peu ordinaire était à l’ordre du jour. Il s’agit de celui du commissaire principal de police, Sayibou Galbané, par ailleurs chef

du Service régional de police judiciaire du Centre (SRPJ) de Wemtenga (Ouagadougou) et du commissaire Boubacar Ouédraogo, poursuivis pour tentative d’extorsion de fonds.

Des faits relatés devant le tribunal, il ressort que tout est parti d’une dénonciation d’arnaque contre Dieudonné Tito, directeur général d’une société d’assistance à l’immigration au Canada dénommée « Travailler au Canada ». Interpellé par la police judiciaire le 17 avril 2020, M. Tito passera la nuit au violon du SRPJ. Il est libéré le lendemain avec pour instruction de revenir le 20 avril à 10h pour son audition. A la date fixée, le sieur Tito se présente avec son avocat. Il est alors auditionné par le commissaire chargé du dossier, Boubacar Ouédraogo. Le 27 avril, le DG est invité dans les locaux du SRPJ pour signer son procès-verbal. Après cela, soit le 20 mai 2020, il est à nouveau convoqué par le commissaire chargé de l’affaire.

A sa grande surprise lorsqu’il répond à la convocation, il est déféré devant le parquet. Au regard de la « gravité » des faits reprochés au sieur Tito, le substitut du procureur du Faso à qui le dossier est confié, décide d’ouvrir une information judiciaire. Dieudonné Tito est laissé libre avec pour instruction de rester à la disposition de la justice. Par ailleurs, le juge d’instruction du cabinet n°3 du TGI de Ouagadougou est saisi. Le vendredi 4 juin 2020, M. Tito est auditionné. A la grande surprise de tous, il fait des révélations « troublantes » devant le juge d’instruction.

En effet, il confie avoir été libéré de sa garde à vue au SRPJ contre une offre : celui de verser la somme de 23 millions FCFA aux enquêteurs pour qu’ils classent l’affaire. Selon les aveux du DG de « Travailler au Canada », c’est le commissaire de police Boubacar Ouédraogo qui a fait l’offre. L’argent devrait être réparti entre ses chefs dont le commissaire principal Galbané et le substitut du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, Lafama Prosper Thiombiano.

Nommément cité dans l’affaire, le magistrat, qui dit n’avoir été informé de la dénonciation et du déferrement de la personne mise en cause, décide de porter plainte pour diffamation et tentative d’escroquerie contre les commissaires Galbané et Ouédraogo. Devant le TGI de Koupèla ce mercredi 3 juin, tous les deux prévenus ont plaidé non coupables pour les faits à eux reprochés. « En 15 ans de service, je suis toujours en location. Je ne cherche pas l’argent. Etre policier était mon rêve. Je fais ce métier par vocation », a soutenu le commissaire Ouédraogo à la barre. Son supérieur hiérarchique, quant à lui, a soutenu n’avoir en aucun moment instruit son subordonné, le commissaire Ouédraogo de faire une telle proposition à Tito pour laisser tomber l’affaire.

En larmes devant le tribunal, il a confié avoir subi de grands préjudices à la suite de ces « accusations ». « Ma femme a failli faire une fausse couche à cause de cela. Ma maman également s’est évanouie dès qu’elle a appris l’histoire dans les médias. Et cela parce qu’elle sait que j’ai toujours été honnête dans ma vie. La preuve, depuis 17 ans que je suis officier de police judicaire, je n’ai jamais été mêlé de près ou de loin à une affaire d’escroquerie », a-t-il dit pour sa défense. Une thèse que ses quatre avocats ont tenté pendant leurs plaidoiries de faire admettre aux juges.

Tout en clamant son innocence, le commissaire Galbané s’est également dit convaincu de celle de son subordonné. « Le commissaire Ouédraogo n’est pas capable de faire une telle chose. C’est le seul qui a quitté l’école avec une crypton bleu et qui roule toujours avec après toutes ces années de service. J’ai une confiance aveugle en lui », a-t-il déclaré. Ces déclarations ont laissé de marbre la partie civile qui a demandé que la loi soit dite dans toute sa rigueur contre les deux prévenus et que justice soit rendue à leur client, « un honnête magistrat » dont le nom a été traîné dans la boue à cause de cette histoire. Pour cela, ils ont demandé qu’il lui soit payé des dommages et intérêts d’une valeur de cinq millions F CFA.

Le procureur du Faso près le TGI de Koupèla, a pour sa part requis une peine d’emprisonnement de sept ans moitié ferme, moitié avec sursis contre les deux commissaires. La défense a exigé la relaxe « pure et simple » de leur client et de son subordonné car ils sont innocents des faits qui leur sont reprochés. Les membres du Tribunal vont-ils céder à la requête de la défense ou vont-ils plutôt condamner les prévenus comme l’ont demandé la partie civile? Rendez vous a été donné le 15 juin prochain pour le verdict.

 

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