Réconciliation nationale : « Au Burkina, personne ne semble prêt à confesser quoi que ce soit », regrette Moriba Traoré (SG du SBM)

Réconciliation nationale : « Au Burkina, personne ne semble prêt à confesser quoi que ce soit », regrette Moriba Traoré (SG du SBM)
Réconciliation nationale : « Au Burkina, personne ne semble prêt à confesser quoi que ce soit », regrette Moriba Traoré (SG du SBM)

Africa-PressBurkina Faso. La nouvelle équipe gouvernementale du second mandat du Président du Faso continue d’être l’objet d’analyses et commentaires des Burkinabè. Dans un style réservé, le Secrétaire général du Syndicat burkinabè des Magistrats (SBM), Moriba Traoré, donne son point de vue sur les nouveaux ministres et particulièrement, son ministre de tutelle.

: Quel commentaire par rapport aux nouveaux ministres de ce gouvernement ?

Moriba Traoré : Etant donné que nous n’aimons pas les voir se prononcer sur les questions judiciaires ou les nominations faites par le Conseil supérieur de la magistrature, on se fait, dans le principe et à notre tour, plus ou moins réservé pour exprimer publiquement des appréciations sur de telles nominations, surtout lorsque pour certains, elles peuvent ne pas être très agréables au regard d’agissements récents de leur part. Je voudrais donc me contenter d’en prendre simplement acte.
Pensez-vous qu’ils seront à la hauteur ?

Si c’est pour être à la hauteur d’un effort quotidien de diabolisation de l’agent public sans lequel aucune politique gouvernementale ne peut pourtant réussir, il n’y a pas de mérite à cela. Mais si c’est pour conquérir ou reconquérir le concept d’intérêt général en toutes ses implications, y compris pour eux-mêmes, je leur souhaite d’être à la hauteur et de réussir.

Quelle est votre réaction par rapport au poste de Zéphirin DIABRE et la mission qui l’attend ? Pourra-t-il relever le défi ?

Je n’ai pas d’appréciation particulière à porter ni sur la personne de monsieur Zéphirin Diabré ni sur sa nomination. Relativement à sa mission, aucune nation ne me semble pouvoir réussir dans une déchirure permanente des cœurs mais le problème au Burkina pour la réussite d’une telle mission, c’est que personne ne semble prêt à confesser quoi que ce soit. Or, quand la réconciliation est décrétée en restant dans un divorce avec les exigences préalables de vérité et de justice, on ne fait que couvrir de sparadrap une plaie qu’on n’a pas désinfectée.

Au moment où on la croit en train de se cicatriser, le pus et son odeur viennent violemment annoncer le contraire. Les confessions ne doivent pas être attendues seulement du côté des vaincus, électoralement s’entend. Elles doivent l’être également du côté des vainqueurs et dans tous les compartiments de la société. Pour ce que j’observe, c’est une mission gigantesque qui l’attend et je crois qu’il doit en avoir conscience.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de votre ministre de tutelle ?

La nouvelle ministre de la Justice, à savoir Mme Victoria Ouédraogo/Kibora, semble bénéficier de l’admiration et du respect prononcé d’une écrasante majorité de ses pairs pour ses qualités techniques, managériales, son sens de l’écoute et de l’humilité.

Je lui souhaite de maintenir ces qualités pour travailler à un retour progressif de la sérénité dans la maison justice dont le passé récent a vu des ressentis personnels s’élever avec une facilité déconcertante au rang de problèmes institutionnels. Il appartient dans le même temps au gouvernement d’avoir une politique globale qui permet à de telles qualités de profiter suffisamment à la maison justice, et au-delà de la maison justice, à tout le pays.

Propos recueillis par Cryspin M. Laoundiki

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