Les soutiens africains de Gianni Infantino, le patron de la Fifa

Les soutiens africains de Gianni Infantino, le patron de la Fifa
Les soutiens africains de Gianni Infantino, le patron de la Fifa

Africa-Press – Burkina Faso. Il règne sur la Fifa depuis 2016. Ce 16 mars, à Kigali, Gianni Infantino a été reconduit dans ses fonctions de président jusqu’en 2027. Une élection sans suspense, puisque l’ancien secrétaire général de l’UEFA était l’unique candidat. L’Italo-Suisse a été réélu par acclamation, ce qui est toujours flatteur pour l’ego – or le patron du football mondial n’en manque pas.

Depuis qu’il a succédé au Suisse Sepp Blatter, que ses ennuis judiciaires avaient poussé à la démission en 2015, Gianni Infantino est parvenu à se faire apprécier en Afrique et, à l’occasion du vote, a pu mesurer le poids de ce continent qui, après l’Europe, compte le plus grand nombre de fédérations affiliées (54, contre 55).

Au fil du temps, l’ancien juriste a donc su se faire connaître des Africains et gagner la confiance des hautes sphères. Pourtant, certaines fédérations, en particulier celle du Maroc, n’ont pas oublié qu’en 2018 « Gianni », comme l’appellent les dirigeants du football africain, avait œuvré en coulisse pour que la Coupe du monde 2026 ait lieu aux États-Unis, au Mexique et au Canada plutôt que dans le royaume. Onze fédérations africaines (sur 54) n’avaient pas voté en faveur du Maroc, ce qui avait choqué sur le continent.

En 2021, Gianni Infantino a pesé sur l’élection de Patrice Motsepe à la tête de la CAF. En faisant jouer ses relations africaines, il a obtenu que les autres candidats –l’Ivoirien Jacques Anouma, le Sénégalais Augustin Senghor et le Mauritanien Ahmed Ould Yahya – se retirent au profit du Sud-Africain en échange d’un siège de vice-président ou de conseiller.

Infantino et Motsepe, qui se connaissent depuis quelques années, ont appris à s’apprécier. Le premier est impressionné par la réussite du second. Influent homme d’affaires, propriétaire du club de Mamelodi Sundowns, Motsepe est, par ailleurs, le beau-frère du président sud-africain, Cyril Ramaphosa. De son côté, le milliardaire sait ce qu’il doit au patron de la Fifa.

À peine élu, le businessman a nommé Véron Mosengo-Omba secrétaire général de la CAF. Né à Kinshasa, ce Congolais, qui possède également la nationalité suisse, a fréquenté Infantino à l’Université de Fribourg, devenant l’un de ses plus fidèles amis. Passé par la Fifa, il a noué de solides relations en Afrique. Homme de dossiers, il a quitté le calme de Zurich pour s’installer dans la tourbillonnante ville du Caire, où il passe pour « les yeux et les oreilles de Gianni ».

En Afrique comme sur les autres continents, certaines fédérations, comme celle du Maroc, ont davantage de poids que d’autres. Gianni Infantino, qui passe plus de temps à Doha qu’à Zurich, séjourne régulièrement dans le royaume chérifien. Le patron de la Fifa et Fouzi Lekjaâ, le patron du football marocain, ne sont certes pas les meilleurs amis du monde, mais ils ont besoin l’un de l’autre.

Lekjaâ, qui est par ailleurs ministre délégué au Budget, a signé 45 partenariats avec des fédérations subsahariennes et a fait de son pays l’un des plus influents, si ce n’est le plus influent, du football africain.

Bien sûr, il n’a guère apprécié l’attitude d’Infantino au moment du processus de désignation des pays hôtes du Mondial 2026. Mais le patron de la Fifa a su se ressaisir en lui confiant un rôle essentiel au moment de l’élection, au Maroc, de Motsepe : celui d’intermédiaire auprès des trois autres candidats. En outre, en février dernier, Infantino a demandé au Maroc d’organiser la Coupe du monde des clubs.

Le Suisso-Italien entretient de bonnes relations avec d’autres présidents de « fédés » : Mathurin de Chacus (Bénin), Mamoutou Touré (Mali) et Isha Johansen (Sierra Leone), ainsi qu’avec d’anciens patrons de fédérations comme Amaju Pinnick (Nigeria) et Hany Abo Rida (Égypte), lequel a conservé une certaine influence en Afrique. Comme Lekjaâ et Motsepe, tous sont membres du Conseil de la Fifa. Enfin, « Gianni » apprécie le dynamique Mauritanien Ahmed Ould Yahya et l’influent Sud-Africain Danny Jordaan.

Lors de ses déplacements en Afrique, il lui arrive très fréquemment de rencontrer des chefs d’État. Il entretient des relations cordiales avec l’Ivoirien Alassane Ouattara ou encore avec le roi du Maroc, Mohammed VI. Mais c’est avec Ali Bongo Ondimba, Macky Sall et Paul Kagame que les liens sont les plus étroits. Les présidents du Gabon et du Sénégal sont de grands amateurs de football. En 2021, Macky Sall a joué un rôle clé dans l’élection de Motsepe à la tête de la CAF en demandant à son compatriote, Augustin Senghor, de se retirer de la course.

Les relations d’Infantino avec Paul Kagame sont, elles, plus anciennes. Alors qu’il faisait campagne pour obtenir son premier mandat, en 2016, Infantino s’était rendu au Rwanda pour assister au Championnat d’Afrique des nations (Chan). Le jour de la finale, le Camerounais Issa Hayatou, alors président de la CAF et soutien du Bahreïni Salman Ben Khalifa, n’avait rien fait pour lui trouver une place en tribune au stade Amahoro de Kigali. Il avait pu finalement s’y installer grâce à l’intervention du protocole du président Kagame. « Paul Kagame avait dit qu’Infantino était l’homme qu’il fallait à la tête de la Fifa », se souvient un dirigeant de fédération africaine.

L’Italo-Suisse n’a pas oublié de renvoyer l’ascenseur au chef de l’État rwandais, qui se trouve par ailleurs être un grand supporter de l’Arsenal FC : en 2021, il a ouvert à Kigali le Bureau de développement régional de la Fifa, et y a organisé le dernier congrès, théâtre de sa réélection ce 16­ mars.

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