Crieur public : « Un métier qui nourrit son homme », foi de Nooga Naaré

Crieur public : « Un métier qui nourrit son homme », foi de Nooga Naaré
Crieur public : « Un métier qui nourrit son homme », foi de Nooga Naaré

Africa-PressBurkina Faso. Nooga Naaré, c’est un homme doté d’une voix qui porte loin. Son métier, crieur public. Il connait les coins et recoins de la ville de Ouagadougou. Il maîtrise aussi plusieurs localités du Burkina. Chaque jour, haut-parleurs perchés sur son véhicule, il sillonne les artères des villes et campagnes pour passer des messages publicitaires. Son métier le nourrit bien. Pourtant, il y a bien eu des moments où dans certains lieux, il a dû son salut grâce à ses talents cachés d’athlète.

Nooga Naaré, c’est Sanfo Boureima à l’état civil. Il n’a pas eu la chance de fouler une salle de classe. Mais cela n’a pas constitué un handicap pour lui. Au contraire, il savait qu’il devait travailler dur pour réussir. Ainsi, en 1987, il quitte son village pour la capitale Ouagadougou avec comme objectif, trouver du travail. Il s’en rappelle : « Quand je suis arrivé en ville, il était difficile d’avoir du travail. Finalement, j’ai été recruté comme manœuvre à la construction de la cité an 3 ».

Plus tard, il se retrouve sur le chantier de la maternité Yennenga. Le travail manuel y est dur. Les ouvriers manquent souvent d’inspiration et de forces. Pour galvaniser ses collègues, le jeune homme ambiance le chantier. Il se joue le journaliste, le parolier… Les travaux avancent donc dans une bonne ambiance. Juste à côté, il y a le domicile du chauffeur du directeur de la publicité. Il aimait bien ce qu’il faisait. « C’est lui qui est allé parler de moi à son patron. Il lui a dit qu’il connait quelqu’un qui peut bien faire vendre un produit. C’est ainsi qu’un rendez-vous fut pris », se remémore-t-il. Une fois au bureau, le villageois qu’il était fit un test. C’était concluant !

Passage à Zama Publicité

Il raconte : « Le lendemain, je devais poser la voix en Mooré sur un spot publicitaire. C’était pour faire vendre un savon. On m’a conduit au studio de la radio nationale. J’ai posé la voix. Le patron était satisfait. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler à la direction de la publicité qui est devenue juste après Zama publicité ». C’est là qu’il se fait coller un surnom « Nooga Narré ». Il se souvient de l’origine du sobriquet : « Les locaux étaient confortables. C’était climatisé. C’était loin des brouettes, des pelles et du béton des chantiers de construction. Le chauffeur du patron m’a demandé si ce n’était pas mieux ici. J’ai répondu que c’était que du bonheur.

C’est ainsi qu’on me colla « Nooga Naaré » qui signifie en mooré « Que du Bonheur ».
En 1988, il ajoute une corde à son arc : le métier de crieur public. « Jean Miché Kankan (acteur et humoriste camerounais, NDLR), était venu pour un spectacle. On m’a demandé de sortir annoncer l’événement. J’avais un compère qui parlait le Français. Moi je faisais le mooré. Mais à un moment donné, les riverains exigeaient que moi seul parle », narre-t-il. Le cœur du public est conquis. Il est demandé un peu partout. Il signe des contrats pour parcourir les villes et campagnes. C’est toujours avec la même mission : faire la propagande d’un événement ou d’un produit. Il embrasse désormais le métier de crieur public.

De ce métier, l’homme à la voix imposante est fier. Nooga Naaré relate : « Je m’occupe de ma famille. J’ai une grande notoriété. Quand j’ai un petit souci, on vient à mon secours. » Les organisateurs et promoteurs d’événements se l’arrachent. Pour cala, il dit avoir fixé des cachets. « Les prix de ma prestation diffèrent en fonction de la nature de l’activité. Quand il s’agit de politique, d’une activité associative où d’un spectacle, j’aménage les frais à payer », nous confie-t-il. Le métier nécessite une utilisation abusive des cordes vocales. Mais chez lui, il n’y a pas de conséquences majeures. « Je n’ai pas encore de maladie exclusivement liée au fait que je crie », se réjouit-il.

Le crieur public, un métier à problèmes

Le métier de crieur n’a pourtant été un long fleuve tranquille pour lui. Il y a eu des moments où ce sont ses talents d’athlète qui lui ont sauvé la vie. « Une fois, un spectacle s’est mal passé à la Maison du peuple. Et le public voulait me voir. C’était chaud. On m’a pourchassé jusqu’au poste de police de la gare de train. Ils ont encerclé le poste. C’est la police secours qui est venue me chercher pour que je passe la nuit au commissariat central », se souvient-il avec le sourire aux lèvres.

Ce n’est pas tout. Il ajoute : « une fois, je suis allé pour une activité politique dans un village. Mais, je ne savais pas que les membres du parti étaient divisés. L’autre camp m’a dicté ce que je devais dire. J’ai parcouru le village. Pendant que je continuais à annoncer l’événement, j’ai aperçu plus 30 personnes au bord de la voie. Ils m’ont arrêté. Ils m’ont demandé de m’expliquer. Des responsables du parti ont dit qu’ils n’étaient pas au courant de l’activité. Ils m’ont demandé de retourner sur mes pas pour me dédire ».

Il reconnait que tout travail demande des sacrifices. C’est pourquoi il demande aux jeunes de se mettre au sérieux. Pour lui, ils doivent prendre conscience que rien n’est facile. L’homme n’est pas prêt de raccrocher les crampons. Chaque jour avec son véhicule sur lequel est surmonté deux haut-parleurs, il distille les informations dans les quartiers. Il fait toujours son travail dans la joie. Pour lui la vie, ce n’est que du bonheur !

 

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