Diabète et Covid-19 : Quand des patients hésitent à passer le cap de la vaccination

Diabète et Covid-19 : Quand des patients hésitent à passer le cap de la vaccination
Diabète et Covid-19 : Quand des patients hésitent à passer le cap de la vaccination

Africa-PressBurkina Faso. Les patients atteints de diabète font partie de ceux ayant un risque plus élevé de faire la forme grave du Covid-19. Si certains diabétiques n’ont pas hésité à se faire vacciner pour se prémunir, d’autres par contre n’y ont jamais pensé. Insouciance, ignorance ou peur du vaccin ?

Georges Zanga, professeur de langues, vit avec le diabète depuis 25 ans. A l’annonce de la maladie, il a pu compter sur le soutien de son épouse à qui les médecins ont expliqué les implications de sa maladie, notamment sur le plan alimentaire. « A l’annonce des résultats, on m’a demandé de venir avec mon épouse parce que le régime alimentaire allait beaucoup changer. Et on m’a recommandé de ne plus avoir une vie sédentaire, il faut que je bouge beaucoup. Et en plus de cela, il faut que je prenne mes médicaments chaque matin, chaque midi et chaque soir. Je ne peux pas prendre plus de huit cuillerées de riz ou huit bouchées de tô par jour et au petit-déjeuner, je ne dois manger qu’un quart de pain », confie M. Zanga.

Pendant toutes ces années, l’enseignant a pu tenir tant bien que mal, en prenant ses médicaments et en suivant un régime alimentaire strict. Ce qui lui a permis d’éviter les complications du diabète. « Il faut de la discipline pour vivre avec le diabète », comme il le laisse entendre. En plus de prendre ses médicaments, chaque trimestre, il passe une série d’examens médicaux pour s’assurer que tout va bien. Avec le soutien de sa famille, Georges Zanga assure vivre quasi normalement, même si cela coute cher de vivre avec le diabète. Il estime en moyenne à 40 000 FCFA par mois, les dépenses liées à sa maladie.

Tout allait bien jusqu’à ce que Georges Zanga soit atteint du covid-19, contaminé par son épouse, technicienne biomédicale, qui a elle-même été contaminée par une collègue. « En décembre 2020, j’ai fait la maladie. J’ai beaucoup souffert, parce qu’étant diabétique, mon système immunitaire était déjà faible. Dieu faisant bien les choses, je m’en suis sorti », laisse-t-il entendre.

Il fait en effet partie des personnes ayant une comorbidité et encourt de ce fait, un risque plus accru de faire une forme grave du covid-19 comme l’explique Dr Marie-Madeleine Rouamba, médecin interniste au CHU de Bogodogo et présidente de l’association Ambassadeur des couches défavorisées du Burkina (ACDB/Tiimbo). « Les diabétiques sont plus prompts à développer la Covid-19. Ces malades sont un terrain immunodéprimé à l’instar des personnes souffrant d’autres maladies comme le cancer, la malnutrition et l’hypertension artérielle. Le diabète est une maladie immuno-déprimante, c’est-à-dire qu’il affaiblit votre système immunitaire et il vous prédispose à faire des formes graves de petites maladies qui auraient pu passer inaperçues chez les personnes immunocompétentes. »

Une fois guéri, M. Zanga ne se fait pas prier et se fait vacciner contre le covid-19. « J’ai suivi le traitement du covid-19 et j’ai été guéri. Après guérison, quand j’ai entendu parler du vaccin, je n’ai pas demandé l’avis de qui que ce soit, j’ai jugé bon de faire le vaccin le 3 août dernier et il me reste à prendre la deuxième dose le 3 septembre prochain. Je suis conscient que le covid-19 a un impact lorsque vous êtes en situation de comorbidité », confie-t-il.

Si Georges Zanga n’a pas hésité à se faire vacciner, il n’en est pas de même pour la plupart des diabétiques rencontrés à l’association Ambassadeur des couches défavorisées du Burkina, sis au quartier Sinyiri, dans l’arrondissement 11 de Ouagadougou. Salif Séré, Djouma Minoungou, Irène Zida sont tous les trois diabétiques depuis plusieurs années. Ils sont conscients de leur état de vulnérabilité face au covid-19. Pourtant, ils ne se sont pas encore résolus à passer le cap de la vaccination. « Je sais que le covid-19 est dangereux pour nous les diabétiques, mais je ne me suis pas encore vacciné. J’essaie de me protéger contre cette maladie grave en portant un cache-nez et je prie que Dieu nous éloigne de cette maladie », laisse entendre Salif Séré. Djouma Minoungou, elle avoue n’avoir même pas pensé à se faire vacciner et cela ne lui a pas non plus été proposé.

Ces malades ne sont pas vaccinés contre le covid-19, ce n’est pourtant pas faute d’avoir des informations sur les risques qu’ils encourent. A l’association, Dr Rouamba avoue conseiller la vaccination à ses patients. « Quand on sait que les diabétiques sont plus prompts à développer le covid-19, on les invite au respect des mesures barrières (…) En plus du respect des gestes barrières, le vaccin est conseillé pour ces personnes vulnérables pour se protéger. Les patients appellent pour s’informer. Même ce matin, il y a un malade qui m’a appelé pour savoir s’il pouvait se faire vacciner en raison de sa vulnérabilité ».

Les malades rencontrés à l’association se disent prêts à se faire vacciner, si cela leur était proposé. Faut-il donc que les médecins s’occupant de patients diabétiques aient à leur disposition des doses de vaccins contre le covid-19 ? La question de la logistique ne milite certainement pas en faveur de cette solution. Il faudrait peut-être alors accentuer la sensibilisation à l’endroit de ces personnes particulièrement vulnérables pour qu’elles se fassent vacciner.

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