EXPO. La puissance et la grâce des félins fascinent au Muséum National d’Histoire Naturelle

EXPO. La puissance et la grâce des félins fascinent au Muséum National d’Histoire Naturelle
EXPO. La puissance et la grâce des félins fascinent au Muséum National d’Histoire Naturelle

Africa-Press – Burkina Faso. D’abord, on croise le regard d’un léopard à l’affût, dans la pénombre. Cette accroche visuelle illustre bien l’ambiguïté des félins, “tour à tour indolents ou sanguinaires, câlins ou cruels, et qui ont cette particularité zoologique d’avoir les griffes rétractiles selon l’humeur”, comme l’écrit Bruno David, président du MNHN*. On est ensuite frappé par leur diversité méconnue : “38 espèces de félins vivent actuellement à l’état sauvage, sur tous les continents à l’exception de l’Australie, de Madagascar et des pôles, souligne Géraldine Véron, commissaire de l’exposition et professeure à l’Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité du MNHN. Qui peut en citer plus d’une dizaine ?”.

En un coup d’œil, on les retrouve naturalisés, sur un podium, présentés par zones géographiques et accompagnés d’un cartel numérique. Un rassemblement félin aussi complet est une première mondiale, qui doit beaucoup aux collections patrimoniales du Muséum. Aux côtés des stars – panthère des neiges, tigre, lion -, il révèle des espèces plus confidentielles comme le chat pêcheur, le margay ou le guigna. On écarquille les yeux devant le chat à tête plate, à la laideur époustouflante, empaillé il y a sans doute plus d’un siècle dans une posture agressive, crocs dehors et yeux globuleux

L’histoire évolutive des félins est reconstituée par une fresque. A Droite, le squelette d’un tigre aux dents de sabre. © MNHN_JC Domenech

Le plus ancien félin découvert en Auvergne !

L’arbre à chat, une fresque exquise croquée par l’illustratrice du MNHN Jeane Montano, raconte leur histoire évolutive. On découvre aussi le crâne authentique du plus ancien félin connu, Proailurus, apparu il y a environ 22 millions d’années en Europe et découvert pour la première fois en Auvergne, en 1879 ! Il semble ridiculement petit, aux côtés d’un moulage du squelette d’un tigre à dents de sabre… Mais le plus grand des deux, qui s’est éteint il y a 10.000 ans, n’a laissé aucune descendance.

Un amoncellement de peaux somptueuses saisies par les douanes symbolise ensuite les dangers qui pèsent sur les félins et parmi eux, le lynx d’Eurasie de retour en France depuis les années 70. Un film remarquablement écrit d’Estelle Herbin, frappant grâce aux illustrations et datavisions d’Eduardo Cecchi (Productions La Médusa) jette une lumière crue sur la situation des différentes espèces sur la planète. Et les menaces que notre exploitation de terres, forêts et mines notamment fait peser sur eux. Les tigres ont perdu plus de 93% de leur territoire, les jaguars 51%. Dans notre cerveau, ces félins en sursis continuent longtemps de se promener.

Des squelettes décomposent le mouvement des ces athlètes puissants et souples. © MNHN_JC Domenech

Tête et dos élastique, corps électrique

On suit un joli minet de BD qui sert de guide tout au long de l’expo, pour gagner la deuxième partie, consacrée aux qualités comportementales et sensorielles qui font des félins des prédateurs hors pair… mais faillibles : un guépard a un taux de réussite de 37% face aux gazelles, un lion de 11% face aux zèbres.

Place aux frissons, avec des vidéos géantes et électrisantes qui retracent l’approche, la capture, la mise mort chez différentes espèces. Mais aussi la préservation du butin… comme ce tigre – à l’estomac peu délicat – qui planque et récupère une charogne dans l’eau.

Ces films, sélectionnés avec soin après le visionnage de milliers d’heures de documentaires, répondent à des scènes naturalisées réalisées par les taxidermistes du MNHN. Là, un jaguar, seul membre du genre Panthera à broyer la nuque ou le crâne des ses proies saisit un pécari. Ailleurs, un caracal bondit de plusieurs mètres pour attraper une pintade… Plus loin, des tigres, lions et panthères repus coulent une sieste bien méritée.

Des vidéos géantes et saisissantes montrent les fauves se désaltérant, chassant, ou planquant leurs proies. Crédit: © MNHN_JC Domenech

Les squelettes préparés par l’ostéologue Eric Pellé, du MNHN, décomposent les mouvements du guépard – taillé pour la vitesse -, ou du chat élastique qui retombe sur ses pattes. Des vidéos célèbrent la souplesse des félins : on y voit l’ocelot se coulant comme un python le long des branches.

Différents dispositifs (mur tactile avec différents pelages, jeux “A qui sont ces oreilles ?” ou “Dans les yeux d’un chat” ) permettent de se familiariser avec les sens les plus développés chez les félins : l’ouïe (qui leur permet d’entendre des fréquences de 50 kHz à 80 kHz quand l’humain est limité à 20 kHz) ; la vue, qui leur permet de chasser de nuit, et le toucher, grâce à des pattes ultra-feutrées, sans parler de leurs vibrisses qui permettent de détecter des objets ou de se déplacer dans le noir. La fascination que ces animaux exercent sur nous depuis des millénaires s’éclaire grâce à ces données scientifiques.

Près de 3000 ans avant les momies félines égyptiennes, une “sépulture au chat” à Chypre

La troisième partie de l’exposition, justement, est consacrée aux liens très anciens entre les humains et les félins. Place donc à un voyage dans le temps et dans l’espace, Egypte et Grèce antique, Afrique, Asie, Amérique du sud. Une sélection impressionnante d’objets aux inspirations félines s’offre à nos regards : statues, sculptures, masques, photographies, tenues de combat, vêtements d’enfant… Ils font la part belle à la culture, la mythologie, la religion, la politique.

Un quizz permet de mesurer à quel point ces animaux imprègnent notre univers symbolique, festif, littéraire ou commercial. Si leur bravoure, leur puissance est célébrée par de nombreuses cultures, beaucoup cherchent encore malheureusement à s’approprier, exploiter les grands fauves, malgré une législation et une protection renforcées.

La seule domestication à succès est finalement celle du chat Felis sylvestris catus, qui compterait 600 millions d’individus dans le monde, dont 15 millions en France. Une émouvante reconstitution montre la plus ancienne tombe connue avec un chat, à Chypre. Elle a 9500 ans et est bien antérieure aux domestications égyptiennes, il y a 5700 ans. “Inhumé avec un jeune homme, l’animal a peut-être été sacrifié au moment du rite funéraire, mais il a été mieux nourri que ces congénères et on peut dès lors parler de chat domestique, voire de chat de compagnie”, explique l’archéologue Jean-Denis Vigne, qui a découvert la sépulture en 2002.

La toute dernière partie de l’exposition est consacrée à ces compagnons, qui font la joie de nombreux foyers et le malheur des oiseaux et des ornithologues qui les observent. On y découvre que le miaulement est situé dans une gamme de fréquence similaire à celle d’un bébé, ce qui renforcerait l’attention portée à son chat. Elle se clôt sur une série de photos de célébrités, qui des siècles après Richelieu, ont posé avec leurs félins favoris.

Exposition Félins, à découvrir au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, jusqu’au 7 janvier 2024.

*Un petit dictionnaire illustré a été publié pour l’occasion, 19 euros.

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