Africa-Press – Burkina Faso. La communauté internationale s’est mobilisée autour de la Convention de Vienne et de son Protocole de Montréal pour réduire et éliminer les substances appauvrissant la couche d’ozone. Ainsi, le 16 septembre de chaque année est célébrée la Journée mondiale de l’ozone (World Ozone Day), proclamée par l’Assemblée générale des Nations-unies dans sa résolution 49/114 du 19 décembre 1994. À l’occasion de la célébration de cette journée, le directeur du Bureau national ozone, point focal de la Convention de Vienne, Roland Bêma Sanou, nous parle de la couche d’ozone et de son importance pour la vie sur terre.
: Qu’est-ce que la couche d’ozone ?
Roland B. Sanou: La couche d’ozone, c’est une masse de gaz constituée d’oxygène qui se trouve dans la partie supérieure de l’atmosphère qu’on appelle stratosphère. Elle est située à environ 16 km au-dessus de la Terre. Et concentrée autour des 20 km. Elle est essentiellement composée de trois atomes d’oxygène. C’est une couche vitale pour notre humanité parce que cette couche fonctionne comme un tamis. Elle permet de filtrer le rayonnement solaire qui nous parvient sur la terre et qui permet de maintenir l’équilibre de la température. Donc ce tamis consiste à arrêter les rayons ultraviolets qui sont nocifs pour la vie sur terre.
Quelle est l’importance de protéger la couche d’ozone ?
On doit protéger la couche d’ozone parce que si la couche d’ozone est dégradée, elle va laisser passer les rayonnements ultraviolets. Ce qui va causer d’énormes problèmes de santé. On peut rencontrer d’énormes problèmes de peau comme les cancers de la peau, les brûlures de la peau. Il peut y avoir également des conséquences sur la vue comme des problèmes de cataracte. Les rayons ultraviolets peuvent agir et affaiblir notre système immunitaire. Au niveau de l’environnement, il va agir sur le rendement agricole et les cycles des végétaux. Au niveau des animaux également, cela peut jouer sur leur fertilité.
Depuis quelques années, on parle de la protection de la couche d’ozone. Où en est-on avec cette lutte en 2024 ?
Nous nous réjouissons bien. Le trou de la couche d’ozone a été découverte depuis les années 1970. Rapidement, le monde entier s’est réuni autour de la convention de Vienne avec son protocole de Montréal. Le protocole de Montréal est comme une feuille de route où l’ensemble des parties prenantes décident de mettre en place des politiques, des stratégies et des plans d’actions pour éliminer les substances qui appauvrissent la couche d’ozone tout en améliorant les conditions de vie des populations. Depuis lors, avec les différentes décisions qui ont été prises jusqu’à nos jours, la couche d’ozone est en train de se régénérer. Selon les estimations des scientifiques, nous espérons que d’ici 2060, si la tendance est gardée, nous pourrons résoudre ce problème.
Spécifiquement au Burkina Faso, qu’est-ce qui est fait pour la sauvegarde de la couche d’ozone ?
Nous avons plusieurs activités que nous réalisons pour protéger la couche d’ozone. Nous réalisons des sensibilisations au profit des populations en les interpellant sur les substances appauvrissant la couche d’ozone qui se sont avérées être de puissants gaz à effet de serre. Nos sensibilisations s’adressent à plusieurs cibles. Premièrement, ce sont les agents de contrôle que sont les services des douanes. Nous collaborons étroitement avec les services des douanes pour contrôler les produits qui entrent sur notre territoire. Nous travaillons également avec le ministère en charge du Commerce. Nous réalisations des formations à leur profit pour qu’ils puissent détecter les produits qui sont régulés ou autorisés à entrer sur notre territoire. Nous sensibilisons également les importateurs qui sont dans le domaine du froid et de la climatisation. Nous leur rappelons qu’il y a des lois et textes règlementaires qui existent en la matière. Tous ces agents et ces importateurs sont sensibilisés sur les conséquences de ces produits chimiques sur la couche d’ozone et le climat. Le maillon le plus important de la chaîne dans cette lutte, ce sont les techniciens qui sont dans le domaine du froid et de la climatisation. Même si nous importons les gaz qui sont autorisés, il faut former ces techniciens sur les bonnes pratiques de maintenance. Nous formons beaucoup les techniciens à pouvoir mettre en pratique les bonnes attitudes de maintenance. Nous collaborons avec d’autres départements ministériels, notamment le ministère en charge de l’Énergie, le ministère en charge de l’Économie, pour voir comment l’État peut acquérir plus d’équipements respectueux de l’ozone et du climat et ayant aussi de bons rendements énergétiques, afin de réduire son empreinte écologique mais aussi sa facture énergétique.
Peut-on parler de progrès dans la lutte pour la protection de la couche d’ozone ?
La couche d’ozone s’est régénérée énormément, selon les recherches. Nous sommes sur la bonne lancée. C’est la raison pour laquelle le thème de la célébration de la Journée internationale de la protection de la couche d’ozone porte sur le protocole et comment faire progresser l’action climatique. C’est pour dire qu’aujourd’hui, nous avons quasi-éliminé les substances qui dégradent la couche d’ozone. Et nous nous tournons vers le réchauffement climatique où certains réfrigérants se sont avérés être de puissants gaz à effet de serre.
Quelles sont les attitudes individuelles et collectives qui contribuent à la dégradation de la couche d’ozone ?
De façon collective, nous devons travailler à réduire les émissions. Lorsque nous faisons appel à un technicien pour dépanner ou assurer la maintenance de notre équipement électroménager, nous devons d’abord nous rassurer que ce technicien est reconnu par le bureau national. Nous devons nous assurer également que ce qu’il va utiliser comme gaz a été certifié/contrôlé par le bureau national. Autrement dit, qu’il a été autorisé par le Bureau national ozone. Il faut également voir au niveau de l’État comment travailler à avoir des équipements efficaces et soucieux de la protection de la couche d’ozone. Si nous sensibilisons les populations sur l’importance de la couche d’ozone et les différentes substances qui peuvent la dégrader et ces populations reconnaissent ces substances, elles vont changer aussi leur mode de consommation. Et ces modes de consommation vont beaucoup jouer sur l’offre qui se trouve sur le marché. Ainsi, le marché sera régulé à ce que nous puissions avoir des équipements qui, à la fois, fonctionnent avec des réfrigérants qui n’ont pas d’impact sur la couche d’ozone, mais aussi qui ont un faible potentiel de réchauffement global. Cela veut dire que tout consommateur doit demander des équipements qui n’ont pas d’impact sur la couche d’ozone.
Est-ce que les ménages ont souvent des comportements qui contribuent à la dégradation de la couche d’ozone ?
Les comportements des ménages peuvent avoir des impacts sur la couche d’ozone. Le gaz/réfrigérant est contenu dans une bombonne et lorsqu’il est libéré dans l’air, il peut constituer un danger pour la couche d’ozone. Là où le danger se trouve, c’est lorsque par exemple vous utilisez les objets pointus dans les réfrigérateurs/congélateurs. Lorsque vous mettez un objet pointu dans le réfrigérateur/congélateur, vous êtes en mesure d’endommager le circuit. Ainsi, le gaz va s’échapper et pourrait constituer un danger pour la couche d’ozone et/ou le climat. Donc nous rappelons toujours aux populations les bonnes pratiques d’utilisation de certains équipements tels que les congélateurs et réfrigérateurs. Nous conseillons aux ménages d’acquérir aussi des équipements qui fonctionnent avec les réfrigérants naturels et ayant un haut rendement énergétique qui leur permettront de faire des économies par la réduction de leurs factures, mais aussi la réduction de leur consommation énergétique ; donc la réduction de leur émission indirecte.
Donc l’utilisation de couteau n’est pas conseillée pour enlever un aliment ou autre chose congelé ?
L’utilisation du couteau est strictement interdite. Parce que vous risquez d’endommager le circuit et le gaz va s’échapper.
Au niveau des techniciens, est-ce que vous avez l’impression que les gens comprennent vraiment l’importance de la protection de la couche d’ozone au Burkina Faso ?
Oui, cette année, nous avons déjà formé au niveau national plus de 75 techniciens. Pendant ces formations, nous avons une session de sensibilisation sur la nécessité de la protection de la couche d’ozone. Ces sensibilisations ont suscité beaucoup de questions de la part des participants qui nous montrent qu’en réalité, ils ne comprenaient pas le lien entre leur métier et la protection de la couche d’ozone. Avec ces formations, nous nous sommes rendu compte que c’était beaucoup plus utile. Beaucoup nous ont rassurés que maintenant, ils feront de leur mieux pour la protection de la couche d’ozone à travers leur métier, en réduisant les émissions ou rejets de gaz dans l’air.
Pour le 16 septembre, qu’est-ce que vous prévoyez comme activités pour la célébration de la Journée internationale de la protection de la couche d’ozone ?
À l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la protection de la couche d’ozone, nous avons plusieurs d’activités prévues. Nous avons une activité de contrôle de gaz/réfrigérants des véhicules qui se tiendra du mardi 17 au samedi 21 septembre au niveau de l’hôtel administratif. C’est une cible que nous avons prise en compte. Parce qu’on néglige la contribution des véhicules au niveau des émissions de gaz à effet de serre. Il s’agira de voir quelle est la qualité du réfrigérant que les usagers ont dans leurs véhicules. S’il se trouve que le gaz n’est pas bon, nous changerons automatiquement le gaz gratuitement, à condition que le système de climatisation soit fonctionnel. La seconde activité est un jeu concours au niveau des ateliers qui évoluent dans le domaine de la réfrigération verticale. Ce jeu permettra de primer les meilleurs ateliers qui mettent en œuvre les bonnes pratiques de maintenance. Nous aurons également les jeux radiophoniques pour sensibiliser les populations sur la nécessité de la protection de la couche d’ozone. Il y aura également une journée portes ouvertes pour tous ceux qui voudraient mieux connaître le Bureau national ozone. Tout le monde peut passer, poser des questions de compréhension, visiter nos locaux et faire de suggestions. Le 20 septembre, nous aurons une cérémonie de capitalisation des acquis. À l’occasion, nous remettrons des équipements de froid à la société de gestion de l’abattoir frigorifique de Ouagadougou, parce que dans le cadre du projet ROCA, nous avons acquis des équipements afin de réhabiliter deux chambres froides. Hormis la semaine de la célébration de la protection de la couche d’ozone, les populations peuvent passer à tout moment au Bureau national ozone pour des conseils/appuis pour l’achat d’équipements électroménagers.
Est-ce qu’il y a un lien entre le réchauffement climatique et la dégradation de la couche d’ozone ?
Non, pas vraiment ; parce que le réchauffement climatique est géré par une convention, notamment la Convention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques. Et la protection de la couche d’ozone est gérée par la Convention de Vienne relative à la protection de la couche d’ozone. Ce sont deux conventions différentes. Cependant, dans l’historique des réfrigérants, on a constaté à un moment donné que des alternatives de réfrigérants sont en réalité de puissants gaz à effet de serre. Cela veut dire que ces réfrigérants n’ont pas d’impact sur la couche d’ozone mais participent au réchauffement climatique. C’est la raison pour laquelle la Convention a pris une décision majeure, en occurrence l’Amendement de Kigali, qui est de contribuer à réduire les gaz à effet de serre avec le concept d’efficacité énergétique dans le domaine du froid et de la climatisation.
Quel message avez-vous pour les populations ?
J’aimerais dire aux populations que toute action, petite soit-elle, est importante pour la protection de la couche d’ozone, du climat et surtout de la vie sur terre. Faisons en sorte que les actions que nous posons au quotidien contribuent à protéger la couche d’ozone, réduire/éviter les émissions de gaz/réfrigérants et améliorer notre cadre de vie. Le Bureau national ozone est ouvert à tout le monde pour des appuis/conseils. Le bureau est disponible pour tous ceux qui désirent avoir de bonnes informations sur la couche d’ozone et les politiques, les stratégies et plans d’actions relatifs à la protection de ladite couche. Le Bureau national ozone est joignable au 71929239 les jours ouvrables et 24 heures sur 24 sur sa page Facebook (Bureau National Ozone-Burkina Faso).
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