L’Amnésie Un Trouble Aux Multiples Causes

L'Amnésie Un Trouble Aux Multiples Causes
L'Amnésie Un Trouble Aux Multiples Causes

Africa-Press – Burkina Faso. S’il y a bien un symptôme qui inquiète, c’est celui de la perte de mémoire. Manifestation précoce d’une défaillance à venir? Spontanément, on pense à la maladie d’Alzheimer. Mais d’autres pathologies peuvent être en cause. Parmi elles, certaines entraînent elles aussi des lésions neuronales des zones du cerveau en charge du stockage et de la restitution des informations, engendrant une diminution des capacités cognitives, dont la mémoire.

Ainsi, la maladie de Parkinson, qui concerne 270.000 personnes en France, provoque des troubles de la mémoire à un stade modéré ou avancé. Typiquement, la mémoire de travail est altérée: Raymond connaît parfaitement les ingrédients du pot-au-feu mais oublie que les pommes de terre mettent plus de temps à cuire que les navets. Si le téléphone sonne, il perd le fil de sa recette.

En cause, la protéine a -synucléine, une molécule impliquée dans la bonne circulation des neurotransmetteurs au niveau des synapses. Cette protéine va changer de configuration tridimensionnelle, s’agréger avec ses consœurs – formant des « corps de Lewy » – et finir par détruire les neurones. Les symptômes moteurs sont premiers, mais « au fur et à mesure de l’évolution de la maladie, les neurones liés à la mémoire finissent par être atteints », explique Cécile Voisset, chercheuse Inserm à la faculté de médecine de Brest, spécialiste de l’étude moléculaire des pathologies dégénératives du cerveau.

Cependant, derrière l’étiquette générique « Parkinson » se cachent en réalité plusieurs pathologies, dont la maladie ou démence à corps de Lewy (où les troubles cognitifs apparaissent souvent en premier) ou même l’atrophie multi-systématisée (AMS). Toutes sont liées à l’α-synucléine. Leurs différences s’expriment dans la vitesse d’évolution, les symptômes cognitifs ou moteurs et la localisation des atteintes cérébrales. Seuls l’examen clinique et le suivi régulier permettent de préciser le diagnostic, sans que le praticien puisse proposer de remède.

Toujours à cause d’altérations de protéines, certaines personnes peuvent, dès 50 ans, être atteintes de démence sémantique: elles oublient le nom d’un objet ou ne reconnaissent pas une image malgré une mémoire épisodique intacte. Le diagnostic sera basé sur des tests de vocabulaire et une imagerie cérébrale ciblée. Cette perte de mémoire des connaissances factuelles est provoquée par l’accumulation d’une protéine, la TDP-43, mal conformée, qui provoque une atrophie du lobe temporal antérieur dominant.

La démence sémantique est une variante de la démence fronto-temporale (DFT), une pathologie vraisemblablement d’origine génétique qui entraîne des troubles de mémoire plus subtils: la mémoire à court terme se dégrade peu à peu, souvent en parallèle de troubles du langage ou du comportement.

Le dénominateur commun: une protéine qui change de structure

Dans la famille des « maladies du repliement des protéines », Creutzfeldt-Jakob est la plus brutale. Elle évolue en silence et lorsque les premiers symptômes surviennent – étourdissements et pertes de mémoire -, elle se transforme très vite en démence généralisée. Cette pathologie – médiatisée dans les années 1990 avec la crise de la vache folle – est heureusement très rare (100 à 150 cas identifiés en France). C’est, là encore, la modification de la conformation d’une protéine (PrP) qui est à l’origine de la maladie: « Elle pousse ses voisines à changer de structure, s’agrège à elles et tue les neurones de cellule en cellule, puis dans tout le cerveau », précise la chercheuse. Résultat: une évolution foudroyante. « Le patient meurt en général dans les six à neuf mois suivant l’apparition des premiers signes. » Le cerveau finit littéralement « en éponge », d’où le terme « encéphalopathie spongiforme ». Les troubles cognitifs sont massifs, souvent confondus avec un Alzheimer fulgurant.

Toutes ces maladies ont un dénominateur commun: une protéine qui ne remplit plus son rôle et altère les cellules du cerveau. Cécile Voisset souligne que, si certaines formes sont génétiques, d’autres sont spontanées ou environnementales, et notamment liées à l’exposition à certaines molécules chimiques. À la liste de ces pathologies aujourd’hui irréversibles s’ajoutent des troubles cognitifs « réparables », liés à d’autres affections.

Une jeune femme de 20 ans qui, soudainement, ne reconnaît pas un visage ou oublie un épisode récent – avec parfois des crises d’angoisse, des hallucinations – sera spontanément orientée vers un service de psychiatrie. Pourtant, de tels symptômes peuvent être causés par une atteinte tout autre, l’encéphalite auto-immune: une attaque de la surface membranaire des neurones par des anticorps spécifiques. Le bon diagnostic conduira à un traitement immuno-modulateur qui permettra la récupération cognitive.

Des troubles de mémoire transitoires ou durables peuvent aussi survenir chez les victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC), avec par exemple la difficulté à mémoriser une nouvelle information et surtout une amnésie rétrograde, c’est-à-dire l’oubli de tout souvenir antérieur à l’événement traumatisant. Prise en charge au plus tôt, la situation pourra se stabiliser, avec pour seule séquelle une difficulté de concentration.

Enfin, certaines des pathologies de la mémoire peuvent être évitées. Un exemple? Votre tante vous dit pour la cinquième fois: « On part à la mer? Quelle bonne idée ! » alors que vous venez à peine de monter en voiture, destination la Normandie… Ces oublis de ce qui vient de se passer à l’instant précédent pourraient révéler une neuro-dégénéresence ou bien être dus au syndrome de Korsakoff, principalement causé par une carence en vitamine B1 (ou thiamine), présente en quantité dans la levure naturelle, les noisettes ou le germe de blé, et essentielle au bon fonctionnement du cerveau. « Les patients ne sont pas capables de créer de nouveaux souvenirs », explique Anne-Lise Pitel, professeure de neuropsychologie à l’université de Caen Normandie. Cette amnésie antérograde, comme l’appellent les spécialistes, s’accompagne, pour la personne malade, par l’absence de conscience de ses troubles, un symptôme appelé anosognosie.

Un trouble souvent lié à la consommation excessive d’alcool

Le syndrome de Korsakoff, qui n’est pas lié à l’âge, touche particulièrement des personnes qui consomment régulièrement de l’alcool à fortes doses. Avec, comme conséquence, une alimentation souvent déséquilibrée et pauvre en nutriments essentiels. « L’alcool contient des calories, mais d’un point de vue nutritionnel, il est extrêmement mauvais », précise la neuropsychologue.

Pour parvenir à un diagnostic – difficile à établir -, les médecins s’appuient sur un faisceau d’arguments cliniques: l’historique du patient, des tests cognitifs et une imagerie cérébrale, afin d’écarter d’autres pistes. « Il n’y a pas de biomarqueur spécifique », indique Anne-Lise Pitel. En France, le syndrome de Korsakoff est malheureusement sous-diagnostiqué et mal pris en charge. Et la vitamine B1, qui pourrait prévenir cette maladie, n’est pas remboursée: un non-sens total, selon la spécialiste. En Australie, des expérimentations ont montré que l’enrichissement d’aliments en vitamine B1 pouvait réduire l’incidence du syndrome.

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