Africa-Press – Burkina Faso. Manger sucré ne ferait pas aimer plus le goût sucré, selon une récente étude randomisée et contrôlée, présentée au congrès Nutrition 2025, le congrès de l’American Society for Nutrition, mais pas encore évaluée par des pairs dans une revue scientifique. Six mois après avoir consommé plus ou moins d’aliments sucrés, les goûts des participants n’ont pas changé. En tout, 180 personnes ont participé à cette étude. Trois groupes de 60 volontaires, chacun assigné à la consommation soit d’un régime très sucré, normal ou peu sucré. Plus de 500 aliments couramment consommés ont été classés suivant leur teneur en sucre. Parmi les plus sucrés: la confiture, le chocolat au lait, les produits laitiers sucrés et les boissons sucrées. A l’inverse, le jambon, le fromage, le houmous, le popcorn salé ou encore l’eau pétillante faisaient partie des aliments les moins sucrés.
Pour éviter tout biais, la composition en glucides, lipides et protéines de tous les aliments a été relevée dans chaque groupe. En revanche, cette étude ne prend pas en compte la nature des sucres consommés (fructose, saccharose, etc). Elle n’évalue pas non plus l’effet des produits sucrés ultra-transformés sur nos habitudes alimentaires. Elle se concentre sur l’impact que le goût sucré, tous aliments confondus, a sur nos préférences personnelles. « A notre connaissance, c’est la première étude aussi longue, avec autant de personnes et un design réaliste, en vie réelle », explique à Sciences et Avenir le Pr Kees de Graaf, spécialisé en nutrition à l’université de Wageningen aux Pays-Bas et auteur principal de l’étude.
Aucun changement notable
L’appétence de chaque participant pour les produits sucrés a été testée avant, pendant, juste après l’expérience, puis encore une fois quatre mois plus tard. Résultat: les participants exposés à moins d’aliments sucrés n’ont pas modifié leurs préférences. Ceux qui aimaient le goût sucré ne s’en sont pas déshabitués après six mois. A l’inverse, dans le groupe exposé aux aliments très sucrés, les personnes n’ont pas montré un intérêt encore plus prononcé pour ces aliments après l’expérience. A la fin du protocole, les participants ont naturellement repris leur alimentation habituelle.
La prise calorique globale, les macronutriments, le poids, la composition corporelle (muscle et graisses), ainsi que les biomarqueurs pour le diabète et les maladies cardiovasculaires ont aussi été mesurés. Aucune association n’a été trouvée entre la quantité d’aliments sucrés et des fluctuations de poids, ni dans les biomarqueurs (glucose, insuline et cholestérol.)
Le goût sucré, un signal énergétique
“Il faut voir le goût sucré comme un signal pour l’apport d’énergie. Les bébés par exemple préfèrent les aliments avec une importante concentration en sucre. Ils ont aussi des besoins très élevés, qui diminuent avec le temps”, explique le Pr de Graaf. “On voit d’ailleurs que lorsque nous sommes exposés au goût sucré, nous finissons par en avoir assez. Certaines personnes du groupe censé recevoir une alimentation très sucrée avaient du mal à atteindre l’objectif fixé de l’étude, qui se trouvait à 45% d’aliments sucrés. On finit vraiment par s’en lasser.”
L’équipe voudrait maintenant réaliser le même type de test sur une population plus jeune, chez qui les préférences et les habitudes sont peut-être encore en train de se former. « Là encore, on constate beaucoup de variations selon les enfants. Nous aimerions voir si ces préférences sont stables ou non », explique Eva Cad, première autrice de l’article. Une façon de savoir si les « becs sucrés » sont innés ou non.
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