Un dinosaure d’Amérique du Sud a voyagé jusqu’en Normandie

Un dinosaure d'Amérique du Sud a voyagé jusqu'en Normandie
Un dinosaure d'Amérique du Sud a voyagé jusqu'en Normandie

Africa-Press – Burkina Faso. Ce dinosaure carnivore découvert au pied d’une falaise normande appartient à un groupe dont la trace était inconnue en Europe. Ses représentants vivaient dans l’hémisphère sud, ce qui soulève de nombreuses questions sur leur histoire passée.

Les restes de Caletodraco cottardi ont été découverts au pied des falaises de Saint-Jouin-Bruneval, en Normandie, par un paléontologue amateur spécialiste des roches de la région, Nicolas Cottard. La deuxième partie du nom de baptême de ce nouveau dinosaure lui rend hommage tandis que la première évoque les Calètes, l’ancien peuple celtique qui vivait là autrefois. « Il a été découvert en deux fois à plus d’un an d’intervalle, lors de sorties paléontologiques. Ses restes sont enfouis dans deux gros blocs de craies distincts mais qui se complètent », précise Eric Buffetaut, paléontologue CNRS qui a étudié son squelette.

Croqué par un requin

Plusieurs tentatives ont été menées pour extraire les ossements de leur gangue, au marteau pneumatique, mais les manœuvres risquaient d’abimer le fossile, si bien que les spécialistes les ont stoppées pour analyser le spécimen en l’état. Ils ont pu retrouver des os du bassin, la première vertèbre caudale et quelques os moins bien conservés et difficilement identifiables.

A côté d’eux, une dent… de requin. « Au début du Crétacé, il y a 100 millions d’années, la zone où a été découvert ce fossile était sous les eaux et les premières terres, formées par le massif Armoricain, étaient à près de 100 kilomètres de là. La carcasse de cet animal a donc passé un long moment à flotter sur l’eau avant de couler. C’est sans doute à cette occasion qu’il a été croqué par un requin », raconte le paléontologue.

Et avant d’arriver dans l’eau, il a peut-être subi un autre affront: une dent de dinosaure de la même espèce a également été découverte près des os. Il se peut qu’elle appartienne au même individu mais la possibilité qu’il ait été blessé ou victime de charognage par un de ses congénères n’est pas exclue. Le cannibalisme est, en effet, un comportement retrouvé chez certains dinosaures du même groupe tels que le Majungasaurus crenatissimus de Madagascar.

Ce dinosaure a « trouvé un moyen de se déplacer depuis l’Amérique du Sud jusqu’en Europe »

C’est la principale surprise de cette découverte, publiée dans la revue Fossil Studies: le dinosaure retrouvé en Normandie est un Abélisauridé, une famille de dinosaures théropodes dont les représentants sont trouvés dans tout l’hémisphère sud mais qui sont bien plus rares en Europe.

Pour la plupart, ce sont de gros dinosaures bipèdes et carnivores mais Caletodraco cottardi n’est pas le plus imposant d’entre eux. Il devait mesurer un peu plus de six mètres de long contre près de neuf mètres de longueur pour les plus gros. Des études complémentaires ont révélé qu’il appartient au groupe des Furileusauria, qui n’étaient jusqu’à présent connus qu’en Amérique du Sud.

« Leur présence en Europe interroge d’autant que le dinosaure normand est l’un des plus anciens connus. Cela signifie qu’ils ont trouvé un moyen de se déplacer depuis l’Amérique du Sud jusqu’en Europe. Un voyage qui s’est sans doute réalisé via l’Afrique », souligne le paléontologue qui précise que cette nouvelle découverte va nécessairement conduire à revoir l’histoire géographique de ce groupe.

Une puissante source de rayons X pour mieux connaître ce dinosaure

Logés dans leurs deux gangues de craie, les ossements de C. cottardi n’ont sans doute pas encore été pleinement exploités. Pour en apprendre plus, il faudra que les scientifiques plongent plus profondément à l’intérieur des blocs de pierre. Pour cela, il leur faudra une puissante source de rayons X comme celle du synchrotron de Grenoble. Une demande en ce sens a été formulée et la pièce pourrait y être radiographiée d’ici quelques mois.

Un procédé qui permettra sans doute de révéler la présence d’autres os qui pourront être numérisés pour compléter la description de ce nouveau dinosaure. A terme, Eric Buffetaut espère qu’il pourra être montré au public au Musée d’histoire naturelle du Havre qui en est le récipiendaire.

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