Viande, thé, salade… : des produits pollués par le plastique et victimes de l’emballage

Viande, thé, salade... : des produits pollués par le plastique et victimes de l'emballage
Viande, thé, salade... : des produits pollués par le plastique et victimes de l'emballage

Africa-Press – Burkina Faso. Salade, sel, moules, riz, filet de poulet, thé… Hélas, ce qui ne devrait être qu’une liste de courses bien ordinaire n’est autre qu’un panel non exhaustif d’aliments recensés comme contenant des microplastiques. Car aujourd’hui, force est de constater que l’ensemble de la chaîne alimentaire est touché. Un processus qui a mis des dizaines d’années à se développer et qui, en raison de ses différentes formes de contamination, commence à révéler ses effets délétères sur la santé.

L’agriculture consommerait 12,5 millions de tonnes de plastique par an

“Sous l’effet des rayonnements ultraviolets, les plastiques sont dégradés en fragments de plus en plus petits – 1 micromètre (μm) à 5 millimètres pour les microplastiques et de 1 à 1000 nanomètres (nm) pour les nanoplastiques, explique Xavier Coumoul, professeur de toxicologie (Université Paris Cité) et directeur de l’équipe Metatox (Inserm/ Université Paris Cité). Ils polluent les océans, les cours d’eau et les lacs et sont ingérés par les animaux marins et les poissons d’eau douce “. Une partie des terres agricoles est, elle, polluée par les particules de plastique présentes dans l’air ambiant qui se déposent sur les sols, et par les boues des stations d’épuration utilisées comme fertilisants.

Et c’est sans compter les plastiques agricoles: d’après un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de 2021, l’agriculture consommerait à l’échelle de la planète 12,5 millions de tonnes de plastique par an, majoritairement pour le maraîchage et l’élevage (80 %). Dans le premier cas, il s’agit de films, bâches et gaines en plastique utilisés pour les tunnels et les serres, le paillage des sols ; dans le second, il s’agit des bâches d’ensilage pour conserver les fourrages. Or, les plantes cultivées absorbent par leurs racines les plus microscopiques fragments de plastique dégradé qu’elles transfèrent jusque vers leurs parties aériennes.

Des traces de microplastiques retrouvées dans les selles

Nos aliments sont ensuite recontaminés par les emballages (37,3 millions de tonnes utilisées par an). En raison de ses propriétés hydrophobes, le plastique a la capacité de migrer vers les aliments, notamment les plus gras ou les plus chauds. Exemple: les contenants en papier à usage unique, couramment utilisés pour le café et le thé, qui sont imperméabilisés avec une fine couche de film plastique, susceptibles de se détériorer au contact d’un liquide chaud et de reléguer des micro-plastiques dans la boisson. Dès lors, pas très étonnant que nous en ingérions à notre insu.

En 2019, Philipp Schwabl et ses collègues de l’Université de médecine de Vienne (Autriche) ont ainsi décelé la présence de divers types de microplastiques (principalement le polyéthylène téréphtalate et le polypropylène) dans les selles de huit volontaires sains de différents pays (Japon, Russie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Italie, Pologne, Finlande et Autriche), avec en moyenne 20 particules de taille variable (entre 50 et 500 micromètres) pour 10 g de selle. Une découverte qui n’épargne pas les plus jeunes, des microplastiques ayant également été retrouvés dans les selles de nourrissons, selon des travaux parus en 2021.

LES ALIMENTS CONTAMINÉS

Des microplastiques ont été décelés dans une multitude d’aliments:

Poissons, crustacés (crabes, crevettes)

Fruits de mer (huîtres, palourdes, moules)

Viande (bœuf, porc, poulet, etc.)

Boissons (thé, bière, vin blanc, lait, sodas, boissons énergisantes)

Fruits (pommes, poires)

Légumes (salade, brocoli, carottes)

Céréales (riz, blé)

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