Vie extraterrestre : une nouvelle méthode pour évaluer les preuves de son existence

Vie extraterrestre : une nouvelle méthode pour évaluer les preuves de son existence
Vie extraterrestre : une nouvelle méthode pour évaluer les preuves de son existence

Africa-Press – Burkina Faso. Sommes-nous seuls dans l’Univers ? Au cours des dernières décennies, des scientifiques ont répondu par la négative à de nombreuses reprises, pensant avoir déniché les preuves de l’existence d’une vie extraterrestre et peut-être même d’une civilisation avancée. Comme en 1996, par exemple, lorsqu’une équipe menée par l’astrobiologiste américain David McKay prétendait avoir découvert des structures tubulaires et fossilisées d’origine biologique dans une météorite martienne (ALH84001).

Plus récemment, depuis 2018, l’astrophysicien Avi Loeb de l’université Harvard défend la théorie selon laquelle l’objet interstellaire Oumuamua serait en réalité un vaisseau extraterrestre venu d’une lointaine étoile. En 2021, l’astronome Jane Greaves de l’université de Cardiff (Royaume-Uni) annonçait, pour sa part, avoir détecté de la phosphine dans l’atmosphère de Vénus, une molécule produite sur Terre par des microorganismes.

Les yeux surpuissants du James Webb

Ces conclusions – parmi quantité d’autres exemples – ont connu un fort retentissement avant d’être largement démenties. Des explications non biologiques se sont révélées en effet beaucoup plus convaincantes, même si les controverses ne sont pas encore totalement éteintes, pour la phosphine en particulier. Mais il ne fait aucun doute que de nouvelles découvertes potentiellement révolutionnaires seront communiquées dans les années et décennies à venir, grâce notamment au nouveau télescope James Webb et ses instruments superpuissants capables d’ausculter l’atmosphère des exoplanètes avec une précision inédite – à l’instar de “K2-18b” où de l’eau, du méthane, du dioxyde de carbone et du sulfure de diméthyle (une possible biosignature) ont été tout récemment repérés.

Eviter un emballement médiatique

Quel crédit pourrons-nous alors leur accorder ? Comment faire état de résultats prometteurs et exaltants – mais aussi de leur caractère hypothétique, provisoire, et des interrogations de la communauté des chercheurs – sans susciter un emballement médiatique ? Il y a deux ans, une équipe de la Nasa proposait d’adopter une approche qui ne serait pas “binaire” (la preuve qu’une vie extraterrestre a été, ou non, identifiée) mais graduelle.

Elle préconisait d’utiliser une échelle numérotée de 1 à 7, le premier niveau correspondant à la détection d’une biosignature, le second à l’exclusion de possibles contaminations terrestres, le troisième à la compréhension du processus biologique ayant engendré ce signal, etc. Jusqu’au septième niveau de cette gradation baptisée “CoLD” (Confidence of Life Detection), où des observations à la fois ultérieures et indépendantes de la première biosignature apporteraient la plus solide des confirmations.

Le champ du possible

Le quatrième échelon, qui consiste à écarter “toutes les possibles sources non biologiques du signal”, est néanmoins problématique – le plus difficile à certifier de manière formelle, souligne une équipe de philosophes des sciences et d’astrobiologistes de l’université de Durham (Royaume-Uni) dans une étude récente. Car il faudrait savoir, pour cela, dans quelle mesure l’ensemble des explications alternatives ont pu être envisagées puis écartées de façon définitive. Or pour la plupart des biosignatures potentielles (en raison du caractère limité de nos connaissances sur l’atmosphère des exoplanètes, par exemple), “nous n’avons pas exploré de manière approfondie l’espace des possibilités pertinentes”, relèvent les chercheurs.

Les leçons du Giec

Ces derniers proposent ainsi une autre méthode. Fondée non seulement sur la robustesse et l’accumulation d’arguments en faveur d’une vie extraterrestre (selon trois paliers – faible, moyen et fort), mais qui seraient jugées en fonction du degré de consensus qu’ils suscitent au sein des experts (là aussi selon trois niveaux, soit neuf situations en tout).

Ainsi, la plus convaincante des annonces serait celle qui combinerait des preuves nombreuses, solides et éliminant un maximum d’explications alternatives avec un fort niveau de consensus dans la communauté scientifique. C’est de cette manière que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) procède depuis plus de vingt ans pour évaluer une somme de propositions sur le changement climatique et produire ses rapports successifs. “Un cadre similaire devrait être utilisé dans le contexte de la recherche d’une vie extraterrestre”, avancent les auteurs dans un communiqué. Car même si cet outil a été fortement contesté, “il a passé l’épreuve du temps face à des examens extraordinairement minutieux et des enjeux aussi élevés que possible.”

Tableau utilisé par le GIEC pour évaluer le niveau de confiance de ses assertions

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