Entretien avec Dr Gilbert Niyongabo : « La situation risque de se corser »

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Entretien avec Dr Gilbert Niyongabo : « La situation risque de se corser »
Entretien avec Dr Gilbert Niyongabo : « La situation risque de se corser »

Africa-Press – Burundi. Après la publication du rapport annuel de la BRB sur l’inflation, nombre de Burundais se demandent ce que leur réserve 2023. L’inflation risque de perdurer tant que la question liée au manque de devises n’est pas maîtrisée, prévient Gilbert Niyongabo, expert en macro-économie.

Selon le dernier rapport de la BRB, sur la période de novembre 2021-novembre 2022, l’inflation a atteint 26,8%. Avec 2023, peut-on craindre le pire ?

C’est effectivement un scenario à redouter. L’inflation est de deux types (une inflation alimentaire et celle non-alimentaire). Par exemple, pour l’inflation de type alimentaire, en tenant compte de ce que j’appelle « la saisonnalité », il est à remarquer que même les produits cultivés localement comme le haricot, la banane… à cheval entre la saison A et C, leurs prix risquent de continuer à flamber, suite aux conditions climatiques peu favorables.

Pour le cas de l’inflation de type non-alimentaire, elle concerne les produits importés, comme les céréales. Pour cette catégorie, l’inflation est due aux chocs externes, dont les causes peuvent être cette guerre russo-ukrainienne, la pénurie du carburant, la pénurie des devises, etc. Un tas de facteurs, une fois combinés, sont la plupart des fois à l’origine de l’augmentation du prix dudit produit.

Cependant, subventionner les prix à l’achat reste une des solutions pour réduire l’inflation…

La population peut penser que le gouvernement semble insensible à la question. Mais il suffirait de voir la structure actuelle des prix, l’Office Burundais des Recettes (OBR) a laissé une certaine marge dans la taxation de certains produits.

Cependant, comme le coût du carburant est élevé dans les pays de la sous-région où la plupart des commerçants s’approvisionnent, cela se répercute impérativement sur le coût de vente, car les coûts de transports sont élevés. Toutefois, le problème est que contrairement aux autres pays de la sous-région qui font face à l’inflation, le Burundi manque cruellement de devises. Si ce problème n’est pas vite résorbé, il continuera à faire tache d’huile parce qu’il affecte tous les secteurs d’activité de l’économie nationale : la pénurie du carburant, les importations de tous les produits, etc

Depuis août 2021, le gouvernement via la Regideso a repris en main l’importation des produits pétroliers. Une bonne chose ?

Le problème n’est pas qu’elle ait repris en main le secteur, mais la disponibilité des devises. Sachant que nous avons besoin d’1 milliard de BIF pour l’importation du carburant, et qu’en principe l’on doit avoir l’équivalent d’un tiers de ce budget (300 millions de BIF) en dollars pour éviter les ruptures de stock. C’est-à-dire le montant nécessaire des réserves de devises pour importer pendant 3 mois sans qu’il y ait rupture d’approvisionnement. Un défi de taille, car, selon certaines indiscrétions, il arriverait que les réserves en devises pour l’importation de produits pétroliers ne couvrent même pas deux semaines.

Or, en principe, elles doivent couvrir 3 mois. Sachant que le Burundi a besoin de 25 millions de litres par mois, les 10 millions de litres que l’on importe représentent une infime quantité par rapport à la demande. D’où des pénuries répétitives.

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