5e édition de danse rituelle au tambour royal

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5e édition de danse rituelle au tambour royal
5e édition de danse rituelle au tambour royal

Africa-Press – Burundi. Venus des quatre coins du pays, de nombreux participants ont dansé, chanté et crié lors des festivités liées à l’ingoma, le tambour du Burundi. Il s’agit de rituels qui associent le battement des tambours à la poésie héroïque, aux chants traditionnels et aux danses acrobatiques.

Si aujourd’hui la pratique de l’ingoma et les rituels qui l’accompagnent ne sont plus royaux, ce tambour reste sacré pour nombre de Burundais. A la fois respecté et très populaire, l’instrument est censé ne battre que pour la nation depuis un décret gouvernemental de 2017. Mais au fil des décennies, son usage s’est répandu au sein de la société, notamment chez les jeunes et les femmes qui voudraient que les règles de son application soient assouplies.

La danse rituelle au tambour royal obéit à des règles très codifiées. L’ingoma couvert d’une peau d’animal tendue doit mesurer 90 cm de haut et peser une cinquantaine de kilos. Sa peau est frappée avec deux baguettes (imirisho en kirundi). Dans chaque groupe de tambourinaires participe un enfant ou un adolescent pour perpétuer les traditions liées à l’ingoma.

La danse rituelle au tambour royal du Burundi exige au moins de 9 à 11 tambourinaires, toujours en nombre impair. Au début, les hommes sont disposés en demi-cercle autour d’un tambour central (inkiránya) et suivent sa cadence. Deux ou trois tambourinaires exécutent ensuite des mouvements au rythme du groupe. Quand le spectacle se termine, les percussionnistes quittent le lieu avec leurs tambours posés sur la tête.

La première édition officielle des célébrations de la danse rituelle au tambour royal a eu lieu en 2012, quand il a été demandé aux responsables des communautés Gishora, Higiro, Bukirasazi, Makebuko, Banga… d’élaborer un dossier en vue de l’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco de cette pratique.

Après un combat diplomatique mené par le ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, cette discipline qui associe le son puissant et synchronisé de l’ingoma à des danses, de la poésie, des chants traditionnels et des cris a fait son entrée en 2014 sur la liste de l’Unesco.

Mais si le gouvernement a souhaité promouvoir les rituels associés à l’ingoma à l’intérieur du pays et hors de ses frontières, il a voulu également protéger son identité et faire perdurer son caractère sacré. Pour cela, il a décidé de s’atteler à faire mieux respecter les règlements qui encadrent son utilisation aussi bien au Burundi qu’à l’étranger. Ainsi, comme le précisait “Jeune Afrique” en 2015, pour le gouvernement, “la sortie des tambours hors du pays reste soumise à une autorisation officielle. Il n’est plus question de laisser jouer n’importe quel groupe, à tout bout de champ, n’importe où. Seuls les orchestres reconnus ont droit de battre tambour lors des cérémonies nationales ou pour de grands événements.”

Car l’ingoma, qui signifie à la fois “tambour” et “royaume” en kirundi, est à l’origine un symbole du pouvoir et d’unité de la nation. Durant la période monarchique, il était uniquement pratiqué par les Batimbo, les tambourinaires ritualistes à la cour royale ou à celles des princes, lors des grands évènements comme les intronisations ou les funérailles des souverains.

Le premier tambour serait arrivé au Burundi au XVe siècle, sous le règne de Ntare Rushatsi, premier roi du Burundi. Le roi serait venu de l’est du Burundi. “Arrivés dans la Kibira, lui et sa suite se reposèrent dans cette grande forêt où un taureau fut abattu. La suite royale tanna la peau du taureau sur un tronc d’arbre et se mit à taper sur la peau. Les gens des environs accoururent pour voir ce qui se passait. La suite royale informa que c’était le roi qui arrivait pour régner”, explique l’Agence Bujumbura News.

Mais après la chute de la monarchie en 1966, le tambour s’est largement démocratisé et des groupes de tambourinaires se sont créés à travers tout le pays. Au fil des décennies, la pratique de cet instrument s’est ouverte à d’autres groupes, notamment les jeunes et les femmes, au grand dam des conservateurs. Pourtant, “de nombreuses communes, quartiers ou écoles ont leur groupe qui agrémente aussi bien les fêtes officielles que les mariages, remises de diplômes et fêtes de baptêmes” précise “Le Point”.

L’ancien président burundais Pierre Nkurunziza (mort en 2020) a voulu alors instaurer un usage rigoureusement encadré de l’ingoma. Et pour valoriser un retour aux sources de la tradition, il a fait signer en 2017 un décret pour que les représentations officielles des tambourinaires soient strictement définies et justifiées uniquement par des événements d’importance pour la nation ou les communautés locales.

RFI explique que ce décret interdit notamment “aux personnes de sexe féminin de battre le tambour”, mais il leur concède le droit “néanmoins d’exécuter les danses folkloriques féminines en accompagnement au jeu du tambour”. De même, tous les groupes qui ont pour objectif de faire de l'”animation culturelle” doivent désormais se faire enregistrer au ministère de la Culture et ne pourront se produire en dehors des “cérémonies officielles qu’avec une autorisation du ministre”.

Aujourd’hui, de nombreux festivals de tambour sont organisés à travers le monde. L’Etat organise régulièrement des concours de danse, pendant lesquels sont sélectionnés les meilleurs groupes de tambourinaires, ceux qui pourront participer aux célébrations et manifestations culturelles organisées dans le pays et ceux qui seront envoyés à l’étranger pour le représenter.

L’exécution de cette danse traditionnelle et la pratique du tambour apportent de la joie aux musiciens et aux nombreux spectateurs. Ce rituel “est l’occasion de transmettre des messages culturels, politiques et sociaux, ainsi qu’un moyen privilégié de réunir des personnes de générations et d’origines diverses, encourageant ainsi l’unité et la cohésion sociale”, déclare l’Unesco.

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