Africa-Press – Burundi. L’événement « Abashazashatsi », un ‘’natural hair movement’’ à la burundaise, tenu le 12 septembre à l’Institut Français du Burundi, nous a offerts un voyage étonnant de la chevelure africaine. Au-delà de la beauté, l’élégance et la diversité des femmes qui arboraient fièrement leurs cheveux naturels, la relation entre les femmes noires et leurs cheveux mérite réflexion.
Cet événement nous a plongés dans l’histoire capillaire burundaise, depuis l’époque précoloniale à nos jours. Un voyage surprenant et riche en enseignements. Par exemple, j’ai été particulièrement fasciné par le récit d’une jeune fille qui avait des locks, ou ‘’ubusage’’ en kirundi. À la puberté, sa mère lui rasait la tête, un rituel symbolique de son passage à l’âge adulte. Et lorsqu’elle est devenue mère à son tour, elle portait fièrement une couronne (urugori), symbole de son statut et de sa maturité. Ces traditions ancestrales ont laissé une empreinte profonde sur la perception de la chevelure au Burundi.
Au-delà de l’histoire burundaise, la complexité de la relation entre les femmes noires et leurs cheveux est influencée par des facteurs mondiaux. Depuis leur plus tendre enfance, les femmes noires sont exposées à une multitude d’images, notamment au cinéma et dans l’art, qui dépeignent souvent des héroïnes aux cheveux lisses ou parfaitement coiffés. Ces standards de beauté occidentaux peuvent insidieusement influencer la perception de la chevelure naturelle, poussant de nombreuses femmes à la quête constante de lissage et de produits chimiques pour atteindre cet idéal.
Pourtant, l’Afrique est un continent aux cultures diverses. Chaque région a ses propres traditions capillaires, qui reflètent son histoire et sa culture. Dans certaines sociétés africaines, la chevelure naturelle a toujours été célébrée comme un symbole de beauté. Les coiffures tissées à la main, les nattes et les dreadlocks sont des œuvres d’art qui témoignent de l’identité et de la créativité.
Diversité culturelle et capillairePrenons l’exemple fascinant des femmes Masai en Afrique de l’Est. Elles portent des coiffures complexes et ornées de perles, en fonction de la communauté, de l’âge et du statut social. Dans cette culture, la chevelure est une extension de l’identité et de la fierté tribale.
En revanche, dans l’Egypte ancien, le crâne rasé était synonyme de beauté et de propreté. Les Egyptiennes étaient connues pour leurs têtes chauves ou partiellement rasées, démontrant une vision différente de la beauté capillaire.
De nos jours, de nombreuses femmes noires cherchent à revendiquer leurs racines en embrassant leurs cheveux naturels. Ce mouvement encourage l’acceptation de soi et la célébration de la diversité capillaire. Les femmes noires apprennent à redécouvrir la beauté de leurs boucles, de leurs nattes et de leurs dreadlocks.
Cependant, encore aujourd’hui, les standards de beauté sont dictés par la culture populaire et les normes de beauté occidentales. Des mouvements et associations comme « Abashazashatsi » ont tout l’intérêt d’exister pour enseigner, sensibiliser, et rappeler que la véritable beauté réside dans la diversité. Chaque femme devrait avoir la liberté de choisir la coiffure qui reflète le mieux sa personnalité, qu’il s’agisse de cheveux naturels, tressés ou lissés. C’est ainsi que la chevelure africaine peut être pleinement célébrée, dans toute sa diversité et sa splendeur.
Rappelons que le 15 septembre, c’est la journée internationale de l’afro, appelée également » jour du cheveu crépu ».
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