Molière et ses pièces : les jeunes générations pourraient s’en inspirer

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Molière et ses pièces : les jeunes générations pourraient s’en inspirer
Molière et ses pièces : les jeunes générations pourraient s’en inspirer

Africa-Press – Burundi. Quel héritage la pièce les précieuses ridicules de Jean Baptiste Poquelin, dit Molière, pourrait laisser à la génération actuelle des lettrés, des comédiens et des acteurs francophones ? Qu’est-ce qui peut faire que nos comédies gardent la sève pour plusieurs années ?

Pour cette semaine de la langue française, revenons sur cette authentique comédie des mœurs avec son incontestable griffe du génie moliéresque. Molière, fort préoccupé par l’installation de sa troupe, de l’organisation de sa nouvelle scène, n’avait pas eu l’occasion de suivre de près les salons parisiens du 17ème siècle pour battre en brèche la préciosité parisienne qui avait dénaturé la galanterie du langage au point de la changer en caricature. Pour ce, il s’en moqua à travers sa pièce les Précieuses ridicules.

Une comédie alerte et piquanteL’originalité des « Précieuses » échappa peut-être au grand public qu’aux lettrés qui eurent la fortune d’assister. En cette période du 17ème siècle, la société française se contenta d’orienter forcément l’esprit vers la spéculation littéraire, philosophique, morale et esthétique que le temps nuancera à l’infini selon la puissance des initiés et la vertu des adeptes.

Cela se remarqua à travers les personnages de Magdelon et Cathos, fille et nièce de Gorgibus. Ces dernières étaient considérées comme des précieuses ridicules. Arrivées à Paris, elles se donnèrent à la fragile illusion de « jouer les Précieuses ridicules » malgré leurs bagages littéraires fortement douteux, elles tombèrent dans des commodités de la conversation parisienne, désirant donner dans le doux de la flatterie. Gorgibus qui voulait marier ses filles fut surpris : « Mon père, disait Magdelon, voilà ma cousine qui vous dira, aussi bien que moi, que le mariage ne doit jamais arriver qu’après les autres aventures. Il faut qu’un amant, pour être agréable, sache débiter les beaux sentiments, pousser le doux » (MOLIERE, Les précieuses ridicules, Labor, Bruxelles 1935 p.16). Sa fille Magdelon et sa cousine Cathos lui répondirent que le mariage est une chose choquante et qu’elles voulaient d’abord connaitre le beau monde de Paris.

Pourtant, Mascarille et Jodelet, les valets de la Grange et du Croisy, amants rebutés rejoignirent les deux jeunes femmes et Mascarille entama les discours emplis de flatteries et de cajoleries. Jodelet racontait qu’elles étaient le résultat des combats qu’il avait menés avec bravoure. Croisy et la Grange (amants rejetés) en les voyant, firent ôter aux valets leurs vêtements. Ils exposèrent aux jeunes femmes qu’elles pouvaient désormais profiter d’eux à leur aise. À trop désirer se distinguer, le projet de ces jeunes femmes, se solda par un échec.

La dictature du provisoireAujourd’hui, il y un déplacement d’intérêt parmi les générations actuelles, on y voit en tout cas une certaine starification de la société qui pourrait trouver écho dans les textes de Molière et qui se moquait en son temps des Précieuses ridicules. Il y a le désir exagéré des générations actuelles d’être connues et reconnues qui passe souvent par la musique ou les plateformes exacerbés par les réseaux sociaux qui se matérialisent par les likes et les subscribes.

Une chose qui fait aussi peur aujourd’hui, c’est qu’il y a un regard dévoyé sur ce qui est de relation ou de mariage. La position de Magdelon et Cathos dans Les précieuses ridicules reste d’actualité. Les précieuses ridicules pourrait enseigner les jeunes d’aujourd’hui de ne pas faire référence aux choses provisoires et passagères telles que la beauté, le physique, l’expression mielleuse, le swag, la popularité pour le mariage mais comme dira Antoine de Saint-Exupéry dans le Petit Prince « on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux »

Le théâtre, un art périmé dans les écoles secondairesOn continuera sans doute longtemps à affirmer que la langue française, ses subtilités, ses périphrases et ses métaphores sous un ton maniéré et trop souvent romanesque, font du français une langue géniale, intéressante voire mégalomane. Les pièces théâtrales, les slams, les génies en herbe, les lectures… sont des recettes pour la croissance en langue dans les écoles secondaires. Quelle joie, quel souvenir, quelle fierté avions-nous de nager dans une littérature épicée sur la scène dont les parades burlesques secouaient le public par des rires ininterrompus ? Qui n’a pas été heureux de voir en juillet 2022 sur les scènes du Festival d’Avignon la pièce théâtrale intitulé « Procès aux mémoires » ? C’était l’honneur pour le Burundi ! Pourtant, sur les scènes des établissements scolaires, on assiste actuellement à un art théâtral qui se réduit comme peau de chagrin, disait Balzac. Pas de talents de composition chez nos jeunes élèves pourtant nous pensons que le théâtre pourrait redresser les défis sur pas mal de points. Il faut que les troupes existantes contribuent à former les futurs moliéristes burundais

Bref, Molière d’un coup d’aile facile et élégant, il éleva son art théâtral vers les sommets de l’éternelle humanité. Vieillissant, il garde sa sève et sa verdeur. Oui, par ses riches héritages et par son talent original et profond, il est encore possible d’édifier et de redresser par le théâtre et de former des nouvelles générations qui continueront cette œuvre splendide de Molière.

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