Africa-Press – Burundi. De par son style et ses textes, 19th a grandement influencé le rap burundais jusqu’à aujourd’hui. Et bonne nouvelle : il vient d’annoncer sa tournée.
Début des années 2010. Dans un internat, tenu par des Pères Salésiens, niché sur les hauteurs de Ngozi, mes camarades de classe (tous des garçons) et moi, traversons une adolescence plus ou moins mouvementée. Un de nos condisciples, R., un externe, a l’habitude d’amener son téléphone à l’école et nous fait écouter les nouveaux morceaux du moment. À cette époque, Lil Wayne roule sur le rap US et Chris Brown fait chavirer les cœurs des filles du monde entier. Sexion d’assaut est toujours là et au moins, un son de La Fouine devrait se trouver dans nos téléphones.
R., nous le remercierons toujours. Un jour, il débarque avec un rappeur de Buja dans sa playlist : c’est 19th. Il doit avoir trois ou quatre de ses chansons. Le coup de foudre, une claque, un choc ! « Mais c’est qui ce bougre qui parle exactement de notre vie? » Sexe, bière, filles, l’envie de se libérer du joug parental… tels sont les thèmes de notre idole.
Le rap de 19th était différent de celui de ses prédécesseurs, qui eux, restaient dans la moralisation ou parlaient des problèmes des « cités » que la plupart d’entre nous ne connaissaient pas.19th, c’était nous, notre vie, nos préoccupations, nos rêves.
La fièvre El Capitain Une de ses chansons va particulièrement marquer toute la génération Z burundaise et susciter la vocation de rappeur chez bon nombre d’entre nous : El Capitain.
Rares sont les chansons de ce millénaire qui traversent le temps encore jusqu’à aujourd’hui. Nous avons quelques chefs d’œuvres de Kidum et certaines chansons de Fizzo et Lolilo et puis… c’est tout. El Capitain est dans ce registre-là.
El Capitain n’a pas seulement été un phénomène à sa sortie, elle a aussi été à l’origine des vocations. Plusieurs rappeurs vous diront aujourd’hui qu’ils ont été influencés par ce morceau et plus particulièrement par 19th.
L’héritage 19THNdakeneye pen 19th yakoresjeje mukwandika el capitain
Das shit is a masterpiece
Ce tweet que vous voyez plus haut, c’est un des membres du groupe de rap burundais, Block 257.
257 block ? Ça vous dit quelque chose ? Ces pépites du rap viennent de sortir leur EP, « Cahier d’essai.»
Le quatuor du sud de la capitale n’a que faire des clichés. « Enfants de la haute ou pas nous sommes d’abord des musiciens. Basta.»
Plus de dix ans après la sortie d’El Capitain, cette chanson reçoit encore des éloges. Elle a fait naître l’envie de rapper aux jeunes burundais. Avec 19th, le rap n’était plus vu comme un style engagé. Les ados de 2014 ont appris qu’ils pouvaient parler de drogues, bières, sexe, amour, etc. Plusieurs chansons sorties après cette période témoignent de l’influence de 19th : le fameux Vyahaye de Preeze 36 et Tip Milly sont un parfait exemple.
L’héritage de 19th, ce sont tous ces rappeurs qui sont venus après lui : Team Overdo, Preeze 36, Stikk, KushOwner, Dace Umurundi, Young Devotion, Olegue, Saz Da Great, Trey Zo et Rappy Boy, etc., et qui continuent à nous offrir ce rap nonchalant, doux et dansant. 19th, c’est aussi celui qui, depuis son éclosion, casse les codes, dénonce l’hypocrisie de la société burundaise et pousse les jolies filles à twerker (si vous voyez ce que je veux dire). Sans 19th, le rap burundais serait un continent vide.
Et la grande nouvelle est que 19th, l’enfant de Mutanga, sera en tournée et le Burundi is on the map.
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