Accès au premier logement pour les enseignants : un programme qui peine à se réaliser

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Accès au premier logement pour les enseignants : un programme qui peine à se réaliser
Accès au premier logement pour les enseignants : un programme qui peine à se réaliser

Africa-Press – Burundi. En 2002, l’Etat burundais et les syndicats des enseignants ont signé un accord dont le but était de doter aux éducateurs des parcelles à bâtir. Malheureusement, cette initiative n’a duré que quelques années. En parallèle, la mise en place de la Fondation pour le Logement des Personnels de l’Enseignement (FLE) a été perçue comme une alternative. Par contre, ses membres ne font pas l’unanimité par rapport à sa gestion plus ou moins ambiguë.

Certains enseignants travaillent loin de leur zone d’habitation, c’est une réalité. Ce problème a été aggravé par les vagues de redéploiement des éducateurs qui ont eu lieu en 2017 et 2018. En conséquence, aujourd’hui, ce n’est pas rare de voir un enseignant qui travaille au-delà de sa commune ou de sa province de résidence. Cela étant, en 2002, le gouvernement du Burundi et les syndicats des enseignants avaient signé un accord dont le but était de doter aux éducateurs des parcelles à bâtir près des écoles où ils travaillent.

Les deux parties s’étaient convenues que si jamais les terrains appartenant à l’Etat ou à des communes étaient disponibles, les enseignants devaient être prioritaires dans l’octroi des parcelles. « Ce programme s’inscrivait dans le cadre de faciliter les enseignants pour avoir accès au premier logement », précise Antoine Manuma, président de la Fédération Nationale des Syndicats du Secteur de l’Enseignement et de l’Education du Burundi (FNASEEB).

Rémy Nsengiyumva, président du Syndicat libre des Travailleurs de l’Enseignement du Burundi (STEB), abonde dans le même sens. Il indique que les parcelles ont été données à certains enseignants dans plusieurs coins du pays. Malheureusement, le projet est tombé à l’eau quelques années plus tard. Les autorités ont avancé l’idée selon laquelle les propriétés de l’Etat s’amenuisaient de plus en plus et d’autres se sont servis pour d’autres projets importants du pays ; d’où le début de la fin du processus d’octroi des parcelles aux enseignants. « Nous demandons à l’Etat au cas où il y aurait encore lieu l’octroi des parcelles à la population dans les centres, que les enseignants soient prioritaires », demande M. Nsengiyumva.

La FLE, une alternative prometteuse ?Toujours dans le cadre de l’« accord » ci-haut évoqué, l’Etat a accepté la mise en place de la Fondation pour Logement des Personnels de l’Enseignement (FLE). Ce qui a été concrétisé officiellement en 2008. Le gouvernement a appuyé ce projet en décaissant chaque année un montant de 200 millions de Fbu. A la base, chaque enseignant a le droit d’être membre de FLE et est éligible au « crédit logement » sur le taux d’intérêt de moins de 10 % s’il remplit les conditions exigées.

Selon M. Manuma, depuis 2016, l’organisation de FLE est devenue problématique, car il était géré généralement par les membres des syndicats réunis dans le Coalition des Syndicats pour la solidarité nationale et la défense des droits socioprofessionnels (COSESONA). Les autres syndicats s’indignaient du fait que les membres de COSESONA sont les plus privilégiés dans l’octroi des crédits. En plus, depuis 2020, la contribution mensuelle des membres est passée de 6000 Fbu à 12 000 Fbu, dont 10 000 Fbu constituant son épargne et 2000 Fbu comme frais de fonctionnement.

Aujourd’hui, FLE est en train de se transformer en une institution de microfinance. Mais tous les membres ne sont pas d’accord, car ils ne comprennent pas la plus-value et ce qui se cache derrière cette innovation. Surtout, ils craignent la hausse probable du taux d’intérêt. Par ailleurs, la FNASEEB a déjà adressé une lettre au Premier ministre le 4 août 2023 pour lui demander la suspension de « FLE Microfinance » pour que toutes les parties prenantes soient impliquées et s’approprient le projet.

« FLE n’est pas en liquidation comme certains le présagent. Il s’agit simplement d’un transfert de certaines de ses missions telles que la négociation et l’octroi des crédits qui seront opérés par la microfinance en création », a tranquillisé Victor Ndabaniwe, président du Conseil de FLE. Il ajoute que l’adhésion à cette microfinance est libre, individuelle et volontaire. Et le désengagement est également libre.

Toutes ces réformes font que la mission de FLE est perçue différemment aux yeux des enseignants membres, à tel point que certains d’entre eux souhaitent la quitter et d’autres demandent la restitution de leurs contributions. Tous ces changements ont suscité des controverses chez les bénéficiaires. Ce qui met les bâtons dans les roues du programme d’accès au premier logement par les enseignants.

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