Afrique : avec Son « Plan Mattei », Giorgia Meloni Est Sûre de Redorer le Blason de L’Italie sur le Continent Africain

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Afrique : avec Son « Plan Mattei », Giorgia Meloni Est Sûre de Redorer le Blason de L’Italie sur le Continent Africain
Afrique : avec Son « Plan Mattei », Giorgia Meloni Est Sûre de Redorer le Blason de L’Italie sur le Continent Africain

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Burundi. On doit avouer que l’Italie n’a jamais affiché autant d’intérêt envers le Continent africain, et ce malgré la proximité géographique, sachant que l’Afrique n’a jamais vraiment été une priorité pour la diplomatie italienne qui a toujours préféré se concentrer sur les États-Unis et l’Europe.

C’est pourquoi l’Italie a très peu investi dans les relations avec ce continent, qui semble devenir, depuis un certain temps, une sorte de « proie » pour les grandes puissances.

Néanmoins, les choses ont effectivement changé au cours de la dernière décennie et l’intérêt grandissant des puissances mondiales, comme la Chine et la Russie, à part l’occident, a transformé le continent africain en un nouvel échiquier de la géopolitique et de l’économie mondiale.

Dans ce contexte, l’Italie a donc décidé d’entrer dans ce jeu et le gouvernement de Giorgia Meloni a annoncé que la politique étrangère italienne devrait, sans plus tarder, se tourner vers l’Afrique, malgré que l’histoire coloniale italienne s’est majoritairement traduite par l’occupation de certains territoires d’Afrique entre 1913 et 1943: la Libye, l’Érythrée, l’Éthiopie et la Somalie.

• Giorgia Meloni et sa stratégie africaine

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, leader de l’extrême droite, a révélé à plusieurs reprises qu’elle avait un objectif bien précis: « créer un partenariat d’égal à égal avec le continent brun pour réduire à long terme les flux migratoires vers les côtes de son pays, et pour cela, elle s’est trouvée un plan à mettre à l’œuvre: le plan Mattei ».

Ainsi, si le leader d’extrême droite voulait auparavant tout régler par un blocus naval devant les côtes africaines, aujourd’hui Meloni a changé désormais de stratégie, en privilégiant plutôt d’investir massivement dans l’économie du continent.

Selon elle, son nouveau plan permettra à long terme de lutter contre les causes de migrations, et pour cela, elle a besoin de rallier l’Union européenne à son combat. C’est dans cette voie politique que les leaders des institutions européennes, Ursula Von der Leyen, Charles Michel et Roberta Metsola, avaient pris part au sommet Italie-Afrique, organisé à Rome les 28 et 29 janvier 2024, lors duquel le gouvernement italien a dévoilé un plan d’une valeur de près de 6 milliards de dollars pour soutenir le développement de l’Afrique.

A noter que le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), le Dr Akinwumi Adesina, s’est joint à 25 dirigeants africains et responsables de l’Union européenne lors dudit sommet, à un moment où l’Italie assurait la présidence du G7 et quelques semaines avant la 37ème Assemblée ordinaire de l’Union africaine à Addis-Abeba, qui s’était tenue les 17 et 18 février 2024.

L’une des priorités de Meloni, en échange d’aider les économies africaines à prospérer, est d’endiguer le flux de migrants en provenance d’Afrique, un engagement électoral qu’elle n’a jusqu’à présent pas tenu, mais sur qui il continue de travailler.

• Antonio Tajani, un Chef de la diplomatie italienne optimiste quant à l’avenir avec l’Afrique

Des représentants de 47 associations professionnelles africaines de 21 pays, dont le Sénégal, le Nigeria, le Kenya, le Niger et la Côte d’Ivoire, ainsi que des représentants de leurs homologues italiens, ont participé au Forum du Dialogue Commercial Italie-Afrique, présidé par le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Antonio Tajani, le mercredi 8 mai dernier.

Au cours du Forum, le renforcement du réseau du système italien en Afrique, rendu possible par les récentes ouvertures des bureaux de l’Agence italienne pour le commerce à Dakar, Lagos et Nairobi, de l’Observatoire ITA à Niamey et de l’ouverture prochaine de l’Observatoire ICE à Abidjan, a été également évoqué.

Antonio Tajani a souligné que l’Afrique représente une priorité stratégique pour le gouvernement italien, soulignant que la présence de nombreux entrepreneurs africains à Rome ces dernières semaines révèle le succès du dialogue commercial italo-africain.

Il a exprimé sa conviction que les peuples africains veulent communiquer avec l’Italie, car cette dernière est l’interlocuteur naturel de l’Afrique, soulignant à cet effet: « Nous sommes convaincus que nous devons regarder le continent africain avec des yeux africains et non italiens, et nous sommes prêts à secouer chaleureusement les mains du peuple africain, en attendant la participation italienne aux initiatives économiques à travers des projets communs dans de nombreux autres secteurs tels que la santé, l’agriculture, la science et la recherche ».

Tajani a révélé également que le gouvernement italien prépare une enveloppe de 200 millions d’euros, dont 20% non remboursables, dans le cadre de mesures spéciales visant à renforcer le partenariat commercial avec l’Afrique, tout en indiquant que le volume des échanges commerciaux avec l’Afrique a atteint 60 milliards d’euros, mettant l’accent sur le fait qu’il existe un grand potentiel d’opportunités de coopération dans des secteurs stratégiques tels que l’agroalimentaire et l’industrie manufacturière, avec la nécessité de renforcer l’industrie spatiale pour développer des secteurs tels que la lutte contre le changement climatique et l’agriculture..

L’Italie compte bien soutenir la création d’entreprises mixtes, notamment en ce qui concerne les matières premières, du fait qu’elle est la deuxième puissance manufacturière européenne, et en tant que pays industriel, l’Italie a réellement besoin de matières premières et l’Afrique en est riche.

Toujours selon le ministre des Affaires étrangères italien, la nécessité de conclure des accords « gagnant-gagnant » est devenue primordiale, ajoutant que les matières premières peuvent être extraites avec la main d’œuvre africaine, tout en utilisant l’expertise et la compétence italiennes, qui créent des opportunités d’emploi, favorise la croissance sur le continent africain et permet à Rome d’obtenir les matières premières nécessaires dans le cadre de la compétitivité industrielle.

Outre cela, Tajani a souligné les relations distinguées avec le continent africain qui ont culminé lors du sommet italo-africain de janvier dernier, coïncidant avec l’ouverture d’une nouvelle saison de relations approuvées par le Plan Mattei, qui fait partie du plus vaste Plan Marshall européen, pour contribuer à la croissance du continent africain.

Il a entre-autres assuré que l’Afrique possède un potentiel exceptionnel mais dispose déjà d’un secteur industriel et entrepreneurial fort, cohérent et de haute qualité, ajoutant: « Je suis convaincu que la coopération peut être réalisée pour promouvoir le développement dans les deux pays ».

• Objectif du Plan Mattei

Peu après l’arrivée au pouvoir de son gouvernement de droite en octobre 2022, avec pour objectif principal de faire de l’Italie un centre énergétique, Meloni a annoncé un plan de développement que l’Italie envisage de lancer en Afrique et qui aura une valeur initiale de prés de 6 milliards de dollars (comme annoncé plus haut), y compris des garanties générales pour les projets d’investissement.

Il s’agit d’un plan qui sera présenté à un groupe de dirigeants d’Afrique et d’Europe, surtout que l’Italie s’est engagée à faire du développement de l’Afrique un thème majeur de sa présidence, en partie pour étendre son influence sur le continent, où des puissances telles que la Chine, la Russie, la Turquie, l’Inde et le Japon ont accru leur poids politique.

Le projet d’accord indiquait que l’Italie s’engagerait à aider les pays africains dans des domaines tels que l’éducation, la santé, les exportations et les infrastructures.

Bien que l’Afrique du Nord soit plus ouverte et coopérative avec la partie européenne en général et l’Italie en particulier, la preuve en est la déclaration du ministre italien des Affaires étrangères selon lequel le « Plan Mattei » a été initié en activant il y a plusieurs mois la coopération avec l’Égypte et la Tunisie dans le domaine de la sécurité alimentaire et la création de la première usine Fiat en Algérie, mais il existe une aspiration italienne à mettre le pied en avant dans les pays du sud de l’Afrique et ceux d’Afrique de l’ouest.

Pour rappel, lors du sommet Italie-Afrique, parmi les plus éminents responsables africains dont la présence a été annoncée figuraient le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, le président tunisien Kais Saied et le sénégalais Macky Sall (encore président du Sénégal à ce moment-là), outre les présidents des Comores, de la République du Congo, de l’Érythrée, Ghana, Kenya, Mauritanie, Mozambique et Zambie. D’autres pays, comme l’Algérie, le Tchad, l’Égypte et la République démocratique du Congo, ont dépêché des ministres.

• A travers son plan Mattei, l’Italie vise:
A- à être présente pour renforcer son influence dans ces régions afin d’affronter d’autres puissances concurrentes sur la scène, en particulier la France.

Cette dernière n’est pas bien accueillie par la majorité des dirigeants des coups d’État militaires survenus récemment dans les pays d’Afrique de l’Ouest, et qui se sont tournés vers d’autres puissances internationales telles que la Russie et la Chine qui doivent entrer en tant que nouveaux acteurs en Afrique.

Rome cherche donc à faire partie de ce nouveau jeu politique en Afrique pour freiner l’influence russe et chinoise d’une part, et pour confirmer sa présence en Afrique d’autre part, en vue de diriger le leadership économique et commercial de l’Europe.

B- à profiter des ressources naturelles (minéraux – pétrole – gaz) pour réaliser ce qu’elle espère contrôler « le marché de l’énergie en Europe ».

Et ici il devient clair que le principal pilier du « Plan Mattei » tourne autour du renforcement du rôle de l’Italie en tant que pôle énergétique en Europe, à la lumière de la diminution de la dépendance européenne à l’égard du gaz russe et la recherche d’alternatives, notamment dans la région de la Méditerranée orientale, notamment en Afrique du Nord (Égypte – Algérie – Libye), comme fournisseur majeur de gaz naturel de l’Italie dans un avenir proche, qui s’efforce d’étendre les investissements d’Eni dans des projets d’exploration dans d’autres régions africaines, pour surpasser son concurrent traditionnel. La question française du « Total » est donc un point central de la politique étrangère italienne actuelle, qui a pris de l’importance après la crise russe. La crise ukrainienne, en particulier après la montée au pouvoir de l’extrême droite, et la réflexion de certaines puissances européennes de droite, notamment l’Italie, sur le recours à l’énergie nucléaire. En conséquence, l’Italie cherche à accroître ses investissements dans le domaine de l’énergie nucléaire, et diriger sa boussole vers les sources d’uranium en Afrique de l’Ouest et du Sud.

C- à contenir le phénomène de l’immigration clandestine et les défis qu’il pose à la sécurité nationale italienne et persuader les pays africains de signer des accords de réadmission des immigrants déboutés, après que le nombre d’immigrés ait atteint environ 158.000 en 2023.

Rome espère impliquer tous ces responsables dans la mise en œuvre de son plan, qui couvre différents axes du cadre de développement, tels que l’éducation, les systèmes de santé et l’eau.

Cependant, les experts soulignent que l’Italie pourrait avoir des difficultés à obtenir le soutien de l’Union européenne, qui avait présenté un plan d’aide à l’Afrique d’une valeur de 150 milliards d’euros en 2022.

Au niveau de l’immigration, le « Plan Mattei » prévoit de s’attaquer aux facteurs dits « incitatifs » et de persuader les pays d’origine de signer des accords pour réadmettre les migrants déboutés.

En outre, malgré l’engagement du Premier ministre italien de mettre fin aux bateaux de migrants en provenance d’Afrique du Nord, les débarquements en Italie ont fortement augmenté depuis son entrée en fonction, leur nombre passant d’environ 105.000 migrants en 2022 à environ 158.000 en 2023.

• Aspects de rivalité entre la France et l’Italie en Afrique

Le comportement des unités actives dans le système international est caractérisé par la concurrence, surtout dans les aspects politiques et économiques, qui s’appliquent aux pays de l’Union européenne, en particulier à la France et à l’Italie, et malgré le développement du processus de coordination entre ses membres et l’accord sur les déterminants politiques et économiques extérieurs, le conflit d’intérêts entre la France et l’Italie a atteint une telle intensité qu’elle a récemment déclenché une guerre verbale entre les responsables des deux pays, qui constitue désormais une menace évidente pour l’unité de l’Union européenne elle-même.

Il ressort clairement de ce qui précède que la rivalité franco-italienne se développe hors des frontières de l’Europe. Cela s’est étendu surtout à la dimension africaine, qui est un différend sur des domaines de concurrence historique entre les deux pays. Néanmoins, l’Italie cherche à restaurer son influence coloniale en Afrique, mais elle y promeut à travers un plan clair de coopération constructive et stratégique avec les pays africains, basée sur un partenariat mutuel et non sur la base du contrôle et de l’extension de l’influence, dans les régions de la Corne de l’Afrique, de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique du Nord.

• Petit aperçu des initiatives italiennes en Afrique
« Italie – Côte d’Ivoire »

Dans le cadre de sa stratégie d’investissement en Afrique, l’Italie a inscrit l’éducation et la formation professionnelle dans la liste des domaines d’action prioritaires. Cette stratégie sera bientôt déployée en Côte d’Ivoire.

Les deux pays ont élaboré en mars 2024 la signature d’un accord de partenariat dans les domaines de la formation en agriculture, en mode et en artisanat, selon le ministère ivoirien de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage (METFPA).

« Italie – Tunisie »

Un communiqué de la présidence tunisienne a indiqué que le Kais Saïed et Giorgina Meloni avaient présidé une cérémonie de signature d’un accord entre les gouvernements des deux pays pour soutenir le budget général de l’État tunisien.

Selon la même source, un accord a également été signé entre la Banque centrale de Tunisie et la Société italienne des dépôts et prêts, aux termes duquel cette dernière devrait appuyer et financer les petites et moyennes entreprises en Tunisie.

Le communiqué ne mentionne cependant aucune précision quant à la valeur du soutien ou du financement stipulé au terme des deux accords, mais le bureau de Meloni a annoncé qu’il comptait proposer d’accorder « un financement à la Tunisie d’une valeur de 112 millions de dollars ».

Un protocole d’accord entre le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique tunisien et le ministère italien de l’Université et de la Recherche a été signé pour une coopération dans les domaines de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.

Les médias italiens ont indiqué à leur tour que la visite de Meloni s’est principalement concentrée sur la question de la migration irrégulière depuis les côtes tunisiennes vers l’Italie.

« Italie – Libye »

L’accord signé entre l’Italie et la Libye pour l’exploitation du gaz libyen est d’un montant global de 8 milliards de dollars américains, ce qui en fait un des plus grands investissements en Libye depuis plusieurs années, voire même, des décennies.

Les sociétés NOC, de la Libye, et ENI, d’Italie, ont signé cet accord en présence de Giorgia Meloni, qui avait fait un déplacement vers Tripoli à cette occasion, et le représentant du gouvernement libyen Abdulhamid Dbeibeh.

Il importe de rappeler que la Libye possède des gisements de gaz éparpillés à travers son territoire de 1 759 540 km occupés par une population estimée à 6, 6 millions habitants.

L’accord signé dans la capitale Tripoli entre le PDG de la société italienne ENI Claudio Descalzi et directeur de la compagnie de pétrole Farhat Bengdara porte sur l’exploitation de deux gisements de gaz. Ces deux sites sont en offshore et se trouvent au nord de ce pays déchiré par des guerres. L’investissement de 8 milliards dollars US se fera sur une période de 25 ans, et le contrat entrera en vigueur à partir de 2026, selon une annonce du gouvernement libyen.

Ce gaz sera exporté vers l’Italie, selon un communiqué d’Eni.

Ainsi, le gouvernement italien trouve que « la Libye est un partenaire économique stratégique » dans un contexte où le prix du gaz a connu une flambée exponentielle depuis le début du conflit russo-ukrainien.

« Italie – Algérie »

La référence au Plan Mattei, qui inclut l’Algérie comme l’un des pays cibles, vise à approfondir la dynamique de formation dans des secteurs clés qui vont au-delà de l’énergie, comme l’agritech, les technologies de l’information, le numérique et l’innovation. Bien qu’elles puissent compter sur de solides liens d’amitié historiques, l’Italie et l’Algérie entendent en effet regarder vers l’avenir et affronter ensemble les défis communs. Pour ce faire, il est essentiel de préparer les jeunes aux métiers de demain, c’est-à-dire aux rôles professionnels qui pourraient émerger (il suffit de penser à la révolution de l’intelligence artificielle) et qui nécessitent aujourd’hui plus que jamais une capacité d’adaptation.

Dans ce contexte, l’Italie et l’Algérie regardent au-delà du secteur du gaz naturel, quoique florissant, et pensent à l’avenir en renforçant la coopération dans le domaine de la formation professionnelle universitaire, en préparant ensemble le modèle universitaire du futur: l’Université 4.0.

« Italie – Corne de l’Afrique »

La conférence des Nations Unies sur la Corne de l’Afrique, organisée à des fins humanitaires, a été tenue l’année dernière à Rome, où le gouvernement italien a discuté de la manière dont il pourrait aider la région à faire face à des défis tels que la sécheresse, qui devient de plus en plus préoccupante.

« Des dizaines de millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire urgente. Il est essentiel que des ressources puissent soutenir la réponse humanitaire dans la Corne de l’Afrique. À cet égard, je pense que nous devons considérer l’Afrique dans une perspective africaine », a précisé le ministre des Affaires étrangères italien.

L’Italie fera don de 40 millions d’euros au plan d’aide humanitaire des Nations unies et allouera 30 millions d’euros supplémentaires à des interventions humanitaires et à des initiatives de développement.

• Meloni: la coopération avec l’Afrique deviendra non-prédatrice et non-impérialiste

Selon la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, les « lignes de financement prioritaires doivent avant tout concerner les investissements stratégiques et les infrastructures, car c’est la manière la plus pérenne de faire de la coopération ». Une coopération qu’elle veut « paritaire et non prédatrice ».

Il s’agit là de la promesse du « plan Mattei », dont les détails ont été dévoilés lors du sommet intergouvernemental Italie-Afrique qui s’est tenu à Rome, auquel l’Allemagne et la France « étaient les grandes absentes ». Ce sont pourtant les principaux pays de destination des flux migratoires secondaires.

Si Giorgia Meloni ne les a pas invités, c’est qu’elle souhaite faire de l’Italie l’interlocutrice privilégiée en Europe des pays africains et arabes.

Après les accords de partenariats énergétiques signés avec l’Algérie cet hiver et les fréquents déplacements à Tunis, en Libye et en Ethiopie, la présidente du conseil a lancé il y a quelques mois, au sommet de l’Alliance Atlantique à Vilnius, un appel à « renforcer maintenant l’Otan en Afrique et au Moyen-Orient ».

Meloni n’a pas eu froid aux yeux pour l’affirmer en conclusion de la conférence de Rome: « L’Italie a toutes les cartes en main pour jouer le premier rôle en Méditerranée », que ce soit sur le dossier migratoire, la coopération économique, ou encore pour devenir le « carrefour » de distribution énergétique entre l’Afrique du nord et l’Europe.

Meloni a déclaré: « Nous pensons qu’il est possible d’imaginer et d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire de notre relation, qui est celui de la coopération entre égaux, loin du pillage des richesses ou d’une attitude charitable envers l’Afrique. Nous visons un pont entre l’Afrique et l’Europe, et le monde entier ne pourra pas penser l’avenir sans l’Afrique ».

Elle a entre-autres annoncé diverses initiatives visant à renforcer les liens économiques et à créer un pôle énergétique pour l’Europe tout en réduisant la migration africaine vers le vieux continent.

• Réactions de l’UA et de la BAD

Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, a salué le soutien promis par la Première ministre italienne, tout en notant qu’une consultation préalable avec le continent africain était souhaitable, notamment au moment de la formulation du plan Mattei. Il a toutefois ajouté que le plan était conforme aux priorités de l’Afrique.

De son côté, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, s’exprimant lors d’une session sur la coopération économique et infrastructurelle, a souligné le rôle clé du Groupe de la BAD dans le soutien aux pays africains. Il a déclaré que la trajectoire économique de l’Afrique est convaincante, car avec:

-/-une population de 1,4 milliard d’habitants, la plus grande population de jeunes au monde,

-/-les plus grandes sources d’énergie renouvelable au monde,

-/-les plus grands réservoirs mondiaux de minéraux et de minéraux essentiels,

-/-et la plus grande part des terres arables restantes dans le monde,

« L’Afrique déterminera l’avenir du monde ».

Akinwumi Adesina a mis également l’accent sur la résilience économique de l’Afrique, notant que malgré les vents contraires économiques mondiaux tels que le changement climatique, les conflits et la pandémie sanitaire, le continent est resté fort, avec une croissance du PIB réel de 4,1 % en 2022.

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